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Quels impacts économiques pour les programmes Le Pen, Macron ?

Avec un plan d'économies de 60 milliards d'euros annoncé par Emmanuel Macron, son programme permettrait de réaliser 15,5 milliards d'euros d'économies en fin de quinquennat après ré-introduction des nouvelles dépenses qu'il propose (revalorisation des minimas sociaux et de la prime d'activité, indemnisation chômage pour les démissionnaires et les indépendants, etc.). Son plan fiscal, quant à lui, est presque nul puisqu'il ne baisserait la pression fiscale en France que de 2,5 milliards d'euros en 5 ans. 

Marine Le Pen affiche, elle, un plan de nouvelles dépenses qui culminent à 94,5 milliards d'euros, notamment à cause de sa volonté d'abaisser l'âge de départ à la retraite à 60 ans (pour un coût de 18 milliards d'euros), d'une prime pouvoir d'achat et de l'objectif d'atteindre les 3% du PIB pour le budget de la Défense. Elle présente tout de même des mesures d'économies pour plus de 50 milliards d'euros mais dont 20 milliards d'euros correspondent à une sortie de la France de l'Union européenne et donc à la fin de notre participation au budget commun.

Finances publiques 

Au niveau des finances publiques, ces deux projets présidentiels sont radicalement différents avec beaucoup d'inconnues et de zones d'ombres attendues par le programme de Marine Le Pen et d'une sortie de l'Union européenne et de la zone Euro, alors que le programme d'Emmanuel Macron se caractérise pour une neutralité relative :

  • l'impact du programme d'Emmanuel Macron correspond ainsi à la trajectoire de référence, c'est-à-dire une évolution de l’économie « au fil de l’eau », comme si les administrations continuaient à tourner toutes seules sans changement majeur de trajectoire. Cela correspond à une moindre amélioration des finances et des comptes publics.
  • l'impact du programme de Marine Le Pen est un chamboulement pour l'économie française et nous ferait atteindre un taux de dépenses publiques de 10% supérieur et un taux d'endettement de 115% du PIB en 2022. Seul son projet fiscal reste dans la norme de la trajectoire de référence.

Emploi

Il apparait que la stratégie d'Emmanuel Macron, de moindres économies de dépenses mais également de moindre baisse des prélèvements obligatoires, apparaît peu favorable à la création d’emplois marchands (537.000 emplois marchands créés sur la période soit 72.000 de moins que dans le compte de référence). Par rapport à la trajectoire de référence, Emmanuel Macron détruit donc 72.000 emplois potentiels. 

Bien plus inquiétant, les résultats en termes d'emploi du programme de Marine Le Pen ferait exploser le taux de chômage à 11,7% avec la destruction de presque 325.000 emplois réels (auxquels, il faudrait ajouter la non création de 835.000 emplois potentiels en suivant la trajectoire de référence).

PIB, balance commerciale et inflation

En 2022, le scénario « Emmanuel Macron » aboutit à un PIB inférieur de 0,25% à son niveau du compte de référence. Cette baisse de PIB par rapport au scénario de référence s’explique par la contribution négative de la consommation (-0,60 point de PIB), du fait des conséquences sur le revenu des ménages des économies de dépenses publiques mises en œuvre et de la hausse de la CSG. Le programme n’a aucun effet sur la compétitivité et la contribution du commerce extérieur à la croissance est quasi nulle sur l’ensemble de la période. Seul l’investissement contribue positivement à la croissance dans ce scénario « programme Emmanuel Macron ». Il est à la fois stimulé par les mesures fiscales favorables (baisse de l’IS, fiscalité du patrimoine) et aiguillé par les investissements du plan d’investissements publics (50 milliards d’euros répartis sur 5 ans dont 14 milliards d’euros en 2018).

En 2022, le scénario «Programme Marine Le Pen» aboutit à un PIB inférieur de 4,9% à son niveau du compte de référence. Cette baisse du PIB par rapport au scénario de référence s’explique par la contribution négative de la consommation et de l’investissement suite à la dévaluation du franc/sortie de l’euro. La contribution du commerce extérieur à la croissance est forte l’année de la sortie de l’euro mais l’effet diminue au fil des années et ne compense de toute façon pas les autres effets négatifs de la sortie de l’euro.