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Stations de skis, restaurants, modulons les contraintes selon les départements!

Alors que le deuxième confinement se prolonge pour eux, 65% des restaurants ne se relèveront pas de cette deuxième fermeture administrative selon leur syndicat. La restauration est un secteur important de notre économie avec un chiffre d’affaires annuel de 30 milliards uniquement pour la restauration traditionnelle auxquels on peut ajouter 17 milliards pour l’hôtellerie. Il représente 960.000 emplois, dont 740.000 salariés. Aujourd’hui, une très grosse part de ces effectifs est encore en chômage partiel. Derrière la restauration, les filières agricoles et agroalimentaires et des milliers d’entreprises de gros et de logistique ont, elles aussi, perdu leurs débouchés et leurs clients.

Cette tribune a été publiée, dans les pages du Figaro, le 1er décembre 2020. A voir, en cliquant ici.

C’est dire combien nous ne pouvons pas attendre le 20 janvier prochain pour autoriser leur réouverture. C’est trop long. Faudra-t-il vraiment que nos valeureux restaurateurs, grands chefs, serveurs et cuisiniers soient si nombreux à mettre la clé sous la porte? Si nous faisons un tour d’Europe, nous voyons bien que beaucoup de pays sont plus souples.

Considérons d’abord ceux qui, parmi nos voisins, ont eux aussi fermé leurs restaurants. Les dates de réouverture prévues à ce jour sont beaucoup plus proches: le 6 décembre en Autriche, le 7 décembre en Grèce, le 11 décembre en Hongrie, le 13 décembre en Belgique, le 15 décembre aux Pays-Bas, le 17 décembre au Luxembourg, le 27 décembre en Pologne. Et début janvier en Allemagne. Partout en Europe, les restaurants devraient rouvrir plusieurs semaines, voire plus d’un mois, avant le 20 janvier.

D’autres pays européens - le Portugal, la Bulgarie, le Danemark, la Finlande, la Suède, la Suisse - ont laissé leurs restaurants et leurs bars ouverts, en imposant seulement des horaires d’ouverture limités (jusqu’à 22 h 30 au Portugal, 23 heures en Suisse, 23 h 30 en Bulgarie) et des restrictions de capacité (par exemple, capacité d’accueil réduite à 75% de la capacité totale de l’établissement en Finlande). Certes, en Suisse, pays fédéral, six cantons ont fermé leurs restaurants et bars, mais ils les rouvriront dès le 10 décembre.

Une approche différente selon les territoires a également été mise en œuvre dans plusieurs pays européens: à partir du 2 décembre, au Royaume-Uni, les restaurants pourront rouvrir leurs portes dans les zones de faible contamination. Ce système est déjà en place en Italie depuis le 6 novembre. De l’autre côté des Alpes, les restaurants situés en «zone jaune» (Latium, Vénétie, Trentin, Molise, Sardaigne) peuvent ouvrir jusqu’à 18 heures. L’Espagne a également adopté cette solution. Les bars et restaurants de Catalogne rouvrent depuis plusieurs jours mais doivent fermer à 21 h 30, ceux de Madrid à minuit et ceux d’Aragon doivent respecter une capacité d’accueil limitée.

L’uniformité rigide du dispositif imposé par l’État en France pénalise tout autant nos stations de ski. La pilule d’une ouverture fin janvier seulement est dure à avaler. D’autant qu’une concertation pour un protocole sanitaire strict était en cours. Les stations de ski sont au nombre de 350 en France, produisent un chiffre d’affaires de 10 milliards par an et emploient 120.000 saisonniers. N’ouvrir que fin janvier risque de leur coûter un tiers de l’activité. Sans compter les dizaines de milliers d’employés qui ne seront pas embauchés. Même si la ministre du Travail a fait la recommandation peu banale de recruter quand même quitte à placer ensuite les intéressés en chômage partiel.

La situation devient aberrante quand on sait que les stations de ski suisses, espagnoles et andorranes seront, elles, ouvertes aux skieurs français, ainsi que leurs hôtels, leurs bars et leurs restaurants! En Suisse début décembre, en Espagne vers le 11 décembre, en Andorre vraisemblablement à partir du 19 décembre.

Certes, les stations de ski resteront a priori fermées en Allemagne et en Italie, mais certaines stations pourraient même ouvrir dans les régions italiennes où le virus circule moins (la négociation est en cours). Quant aux stations autrichiennes, elles pourraient ouvrir le 6 décembre, bien que la décision ne soit pas encore arrêtée.

On le voit: il faut absolument, pour ces secteurs de l’économie française, trouver tout de suite une issue à cette situation de blocage intenable. La solution existe. Permettons de rouvrir territoire par territoire avec de vraies concertations avec professionnels et élus locaux en prenant en compte un indicateur fiable: les chiffres Insee de la mortalité totale quotidienne par département

Ces statistiques nous montrent que, en France, la mortalité entre le 1er septembre et le 16 novembre 2020 est de 14% supérieure à celle de l’an dernier. Mais les chiffres font le grand écart d’un territoire à l’autre. Des départements ont une surmortalité de plus de 26% comme les Bouches-du-Rhône ou l’Ardèche, quand d’autres sont en ce moment en «sous mortalité»: Côtes-d’Armor, Haut-Rhin, Deux-Sèvres, Vienne, Vendée, Gers.

Si l’on concentre l’attention sur les derniers jours de mortalité connus en novembre, plus de 20 départements sont en dessous de la mortalité constatée en 2019 sur la même période, ou au même niveau. Quelle est la logique de conserver les mêmes contraintes de fermetures pour les restaurants, les bars ou les remontées mécaniques dans des départements qui ont en ce moment moins de morts qu’en 2019 à la même période alors que nombre d’entre eux sont des départements ruraux où les restaurants et les cafés sont vitaux?

Pourquoi ne pas décider, en outre, que tous les départements qui ont une surmortalité par rapport à 2019 et 2018 de moins de 10% peuvent rouvrir immédiatement leurs restaurants et leurs cafés? Si cette logique était appliquée, dans plus de 30 départements, les restaurants et cafés seraient déjà ouverts. On pourrait de même examiner si ce critère permet d’autoriser la réouverture d’une partie des stations de ski. Tout cela sans attendre le 20 janvier 2021.