Tribune

Votre épargne est dans le viseur !

Nous venons d'assister à une répétition de la séquence « haro sur l'épargne des Français ». Une répétition de ce qui nous attend si les dépenses publiques, et surtout sociales, ne baissent pas. Le patrimoine des Français est de 15 000 milliards dont 6 000 milliards d'épargne en placements mobiliers. Ce patrimoine des ménages représente tout de même 76,5 % du patrimoine national. Certains ont déjà dit clairement au fil des derniers mois qu'il suffirait d'aller chercher l'épargne des Français pour rembourser nos 3 400 milliards d'euros de dette publique.

Cet article a été publié dans le journal Les Echos le 8 décembre 2025 

Cela avait semblé violent comme proposition, voire impossible. Mais, d'une certaine manière, c'est ce qui est en train de se passer. Le débat sur l'augmentation de la CSG sur les placements des Français pendant la discussion du budget de la Sécu a eu le mérite d'éclairer un peu plus le sujet. Cette discussion a montré que la solution des opposants aux économies et au report de l'âge de la retraite était toujours d'augmenter la pression fiscale sur le patrimoine des ménages en faisant croire abusivement que seuls les soi-disant « riches » seraient touchés.

In extremis

Heureusement, face à cette augmentation de la CSG de 1,4 point qui avait été votée sur les revenus du patrimoine des ménages à l'Assemblée, la prise de conscience a été rapide : les assurances-vie des ménages, soit plus de 50 millions de comptes, les PEL - soit 9 millions de comptes - étaient notamment concernés par la hausse d'impôt… Bref, la quasi-totalité des ménages français auraient été touchés ! Pour essayer de gagner du temps et faire voter le volet recettes du budget de la Sécu, le gouvernement est passé dans le chas d'une aiguille, excluant de la hausse de CSG les revenus fonciers, les plus-values immobilières ainsi que les plans d'épargne populaire.

Soit, c'est déjà une avancée pour beaucoup de nos concitoyens. Mais il reste la hausse de la CSG sur les plus-values réalisées lors de la vente d'actions d'entreprises ou les dividendes d'actions. Cette hausse touche directement les entrepreneurs et l'actionnariat salarié. De surcroît, augmenter le prélèvement forfaitaire unique de 30 % à 31,4 % nous éloigne toujours plus de la moyenne de la zone euro en termes de taxation des plus-values et des dividendes. En y additionnant l'impôt sur les sociétés, nous sommes déjà en France le pays le plus taxé de la zone. Un très très mauvais signal pour nos créateurs de richesses. Tout cela pour récupérer 1,5 milliard de recettes en plus !

Etablir un plafond de dépenses sociales

Rappelons que la CSG a été créée au taux de 1,3 % le 1er février 1991 par Michel Rocard. Qu'il n'était pas prévu qu'elle soit un jour, avec la CRDS, à plus de 10 %. Pourtant on y est. Et le risque c'est que cela monte encore et encore dans les prochaines années. Surtout sur l'épargne. D'ailleurs, le Conseil des prélèvements obligatoires a publié un rapport qui va totalement dans ce sens. Tout en déplorant que nous ayons la fiscalité sur le patrimoine parmi les plus lourdes avec 3,7 % du PIB, deux fois plus que dans les autres pays de l'OCDE, le rapport ne propose rien de moins que de fiscaliser les assurances-vie en cas de transmission ou de baisser le plafond non taxable du Livret A en l'alignant avec celui du LDD.

Bref de taxer l'épargne des Français ! La séquence que nous vivons nous fait toucher du doigt à quel point notre Parlement décide peu des dépenses sociales (estimatives), alors qu'il n'a même pas à en consentir les recettes pour qu'on continue à prélever cotisations et CSG. Ce pilotage automatique de la Sécurité sociale est un pousse-au-crime sur la dépense qui aboutit invariablement à la hausse de la CSG. Pour éviter le siphonnage de l'épargne des Français, il faudrait que soit voté chaque année au Parlement un plafond infranchissable (sauf nouveau vote) des dépenses de la Sécu.