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L'économie informelle correspondrait à 11% du PIB

L’OCDE affiche, pour la France, une économie informelle ou non déclarée, à 6,7 % du PIB en 2013 avec moitié production souterraine et moitié entreprises non déclarées. L’Insee, lui, donnait en 2005 un chiffre de 3,4 % re-intégré au PIB, soit 68 milliards d’euros d’activités dissimulées. Une estimation reprise en 2010 ce qui voudrait dire que la part de l’économie grise serait restée totalement identique. Une étude de l’ifo Institute estimait pourtant que la part de l’économie grise, en France, avait baissé de 14,7% du PIB en 2003 à 12,6% du PIB en 2016, une tendance à la baisse partagée en Europe. Une estimation 2016 reprise en 2019 par France Stratégie et le Conseil d’orientation pour l’emploi. En 2021, une source ministérielle consultée affirmait, également, que le confinement dans les DOM aurait agi comme un révélateur et que l’économie grise y représenterait près de 30 % du PIB, soit environ 13,2 milliards d’euros.

Bref, on ne sait plus où donner de la tête, d’autant que le chiffre de 12,6 % du PIB paraît surévalué et que l’estimation de l’Insee parait faible et anormalement constante.

Pourtant concernant le trafic de stupéfiants, l’Insee, lui-même, estime que le montant identifié en 2020 est de 4 milliards contre 500 millions en 2005. Si l’on extrapole ces chiffres du trafic de stupéfiants sur l’ensemble de l’économie non déclarée, on arrive non plus à 68 milliards mais à 269 milliards d’euros d’économie grise, soit environ 11 % du PIB.

Comparaison France/Allemagne

En 2018, le FMI publiait une étude en 2018 qui évalue l’économie grise de la France entre 8,3 % et 12,8 % du PIB quand les Allemands seraient entre 6,8 % et 10,4 % de leur PIB et les Suisses entre 3,9 % et 6 %. Le rapport de l’ifo Institute estimait, également que si la part de l’économie grise en France était à 14,7% en 2003 et à 16,7% en Allemagne contre 12,6% en France en 2016 et 10,8% en Allemagne.

Une comparaison qui nous interroge sur le lien entre poids des prélèvements obligatoires et rapport à la fraude. Pour rappel, en 2020, les prélèvements obligatoires pesaient pour 47,5% du PIB en France et pour 41,5% en Allemagne selon Eurostat.

Point sur le travail au noir

Près de 2,5 millions de personnes seraient concernées par le travail non déclaré pour un manque à gagner en matière de cotisations sociales estimé entre 4,4 et 5,7 milliards d’euros en 2016 selon l’Acoss, la caisse nationale des Urssaf. Un chiffre qui est aujourd’hui réévalué à la hausse par l’Observatoire du travail dissimulé, de 6,4 à 8,1 milliards d’euros en 2020. Une partie d’entre eux, selon la CGT, serait sans-papiers. Des grèves de demande de régularisation des sans-papiers qui travaillent illégalement ont eu lieu en octobre 2021. En décembre 2020, dans Paris, plus d’un millier de personnes avaient manifesté expliquant à l’Agence France Presse : « On est là pour tous les sans papiers de France. Pendant le Covid, c’est nous qui faisions tout le travail, qui avons nettoyé les hôpitaux, pendant que ceux qui ont le chômage partiel sont bien au chaud à la maison. Le gouvernement nous a oubliés ».

Il faut dire que tout n’est pas fait pour encourager à déclarer. Depuis 2019, les indemnités de licenciement ou de rupture conventionnelle pour un emploi à domicile ne donnent plus droit à déduction fiscale. Autre exemple : on ne peut pas embaucher en CDD un emploi à domicile si ce n’est pour remplacer une personne en maternité ou en maladie, et ainsi de suite.

En 2008, 13 % des Français reconnaissaient avoir déjà travaillé à domicile sans être déclarés. En 2018, ils sont 35 %. En 2008, 3 % reconnaissaient ne pas avoir déclaré un emploi à la maison de garde d’enfants. Ils sont 31 % en 2018[1].

Une enquête européenne sur le travail non déclaré de 2013 montre que 9 % des Français reconnaissent avoir consommé un bien ou un service ayant impliqué le recours à du travail non déclaré au cours des douze mois précédents. La dépense médiane est d’environ 200 euros sur les douze derniers mois.

Pour essayer d’objectiver l’ampleur de l’économie grise dans notre pays, la Fondation iFRAP a jugé utile de reprendre la méthode de la Commission européenne avec son sondage de 2013. Le sondage, Fondation iFRAP – OpinionWay 2 : fraudez-vous, braves gens ?, tenu en novembre 2021 aboutissait à ces résultats :

  • 24 % des sondés admettent connaître dans leur entourage quelqu’un qui travaille de manière dissimulée ;
  • 13 % des Français déclarent avoir rémunéré un travailleur dissimulé pour au moins une activité en 2021 ;
  • à 54 % ils expliquent que c’est pour avoir un prix plus bas et à 31 % pour éviter des impôts ;
  • 9 % déclarent avoir utilisé des moyens détournés pour ne pas payer la TVA en 2021 avec un montant moyen de 368 euros, soit beaucoup plus donc que les 200 euros de 2013.

[1] Baromètre Oui Care sur le travail dissimulé.