Au lieu de tirer sur l'année blanche, faites des propositions d'économies en plus !

ASPHYXIE. Alors qu’il faudrait baisser les impôts et les charges pour créer de la croissance, les propositions du Premier ministre prévoient trop peu de coupes dans les dépenses et trop de hausses de fiscalité.
Cette tribune a été publiée dans le Journal du Dimanche le 20 juillet 2025 |
Qui veut sauver la France de l’asphyxie budgétaire ? Pas grand monde ! Le grand théâtre politique est de sortie. Entre les « c’est trop » et les « c’est pas assez ». Tout le monde grinche à qui mieux mieux en oubliant l’essentiel. Comment allons-nous financer demain notre effort de défense ? Comment allons-nous pouvoir continuer à emprunter sur les marchés sans une explosion du coût de la dette si nous restons tanqués là, à regarder passer les invectives politiques non constructives ? Comment peut-on être, en même temps, pour des baisses d’impôts, pour moins de dette, pour gagner plus par le travail et produire plus en France et contre la baisse des dépenses publiques alors que le pays a le record de dépenses ? Les arguties politiques nous emmènent dans le mur.
Ce n’est pas « la » grande politique pour la France, mais « de la politique ». Et c’est bien cela le drame. Faire de la politique ? Cacher la vérité aux Français. Gagner du temps. Faire croire que l’on peut encore augmenter les pensions, continuer à embaucher massivement des fonctionnaires, rembourser des dépenses de santé sans limites et des dépenses de transport sanitaire à gogo, tout en ayant plus de places en prison, une dissuasion nucléaire au top et des équipements militaires de premier plan. Plaire électoralement plutôt que de se mettre au service du destin français. C’est le sport national. Mais l’heure des choix a sonné. Et ceux qui tournent sur les plateaux télé et radio en ce moment pour dire que l’année blanche mérite la censure porteront une grave responsabilité sur les épaules.
Attendons-nous la mise sous tutelle ?
L’année blanche n’est que le minimum minimorum. Il faudrait aller beaucoup plus loin. Par couardise et calculs politiciens, nous préférerions attendre d’être mis sous tutelle plutôt que de faire les réformes en souveraineté. Si on ne fait pas au moins l’année blanche, on risque demain de ne pas pouvoir payer les pensions ou les salaires des agents publics, tellement le coût annuel de la dette aura explosé. Que diront-ils, à ce moment-là, les pourfendeurs de l’année blanche ? Que c’est la faute à pas de chance ?
Paradoxalement, les mêmes qui conspuent l’année blanche sont aussi ceux qui critiquent l’envolée de la dette publique et l’importance du déficit public. Ils sont d’accord sur le principe de baisser les dépenses publiques, mais seulement sur le papier. Et, dans la vraie vie, jamais d’accord pour la moindre baisse de dépenses centrale, sociale ou locale. La suppression de 3 000 postes pour l’État ? Pour eux, c’est non ! La désindexation des pensions ? C’est non aussi ! La non-indexation des aides sociales ? Non aussi. Quant à la question des jours fériés, c’est une blague. Il nous manque 7 milliards d’heures par an de travail en France par rapport à nos voisins européens. C’est bien plus de deux jours qu’il faudrait travailler en moyenne en plus par an… Plutôt deux semaines de plus !
Entre 10 et 14 milliards d’impôts en plus, cela fait trop
Avec les propositions du Premier ministre qui sont sur la table, l’année n’est pas encore blanche. Elle est plutôt grise. Une vraie année blanche, ce serait rester à environ 1 700 milliards d’euros de dépenses publiques totales en 2026 comme en 2025. Le projet gouvernemental est de passer de 1 693 milliards d’euros de dépenses en 2025 à 1 722 milliards de dépenses publiques totales en 2026. Cela fait donc en réalité une hausse, et non pas une baisse, de 29 milliards d’euros. 29 milliards dont 22 sur l’État, avec les 7 milliards en plus de dépenses de défense, 6 milliards en plus aussi sur la participation au budget de l’Union européenne et 8 milliards de plus sur la charge de la dette. Parce que l’année 2026 ne sera pas à 0 valeur par rapport à 2025, le gouvernement va aussi chercher des recettes fiscales nouvelles alors qu’il faudrait faire l’inverse : baisser les impôts et les charges le plus vite possible pour créer de la croissance marchande.
12 milliards d’économies en plus sont possibles
Entre 10 et 14 milliards d’impôts en plus pour 2026. Cela fait trop. C’est là que les oppositions pourraient – et devraient ! – jouer un rôle constructif. Pourquoi ne proposent-elles pas plus d’économies possibles dès 2026 ? Bloquer l’évolution des carrières publiques, ce que l’on appelle l’ancienneté dans la fonction publique en gelant la masse salariale publique ? 3,6 milliards d’euros d’économies en plus. Commencer tout de suite sans attendre 2027 le non-remplacement des départs à la retraite des agents ? 2 milliards d’économies en plus. Un rabais supplémentaire sur la participation au budget de l’Union ? 1,4 milliard d’économies en plus. La suspension du tiers payant pour l’AME, la C2S, les ALD et le transport sanitaire ? 5 milliards de freinage des dépenses de santé. Ces 12 milliards d’économies supplémentaires permettraient d’éviter les hausses d’impôts.