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L'énergie nucléaire devrait être classée dans les renouvelables !

La France émet moins de CO2 par habitant que la plupart des pays de l'Europe : 4,5 tonnes de CO2 par habitant (hors importations) quand la moyenne dans l'Union européenne est de 6 tonnes par habitant, l’Allemagne de 7,9 tonnes et les Pays-Bas de 8,4. Mieux encore, pour produire son électricité, la France émet sept à dix fois moins de CO2 (en grammes de CO2 par kilowattheure) que l'Allemagne, selon le bilan dressé par Entsoe, le Réseau européen des gestionnaires de réseau de transport d’électricité, pour 2022. 

Cette tribune a été publiée dans le 1er numéro du magazine Ecologie360

La France a pourtant été sanctionnée fin 2022 pour non-respect de ses engagements écologiques. Cela car la puissance installée en énergies renouvelables est de 19 % darrs son mix énergétique alors que son objectif est de 23%. Pour souligner le caractère ubuesque de la situation, rappelons que l’Europe avait fixé l'objecfif à 20%, ce que l'Allemagne a retenu. C'est le gouvernement français qui s'était engagé en 2O15 a faire plus en fixant l'objectif à 23%. Résultat : l’Allemagne, 19,3%, est félicitée et la France,19,l %, est punie alors qu'elle produit une électricité plus décarbonée grâce à ses centrales nucléaires. 

Pour sanction, la France avait le choix entre payer une amende de 500 millions d'euros environ ou acheter 63 térawattheures de surplus de production «renouvelable» auprès des «bons élèves» de l'Union européenne. La France négocie notamment avec l'Italie pour racheter des térawattheures statistiques alors que cette dernière émet cinq à sept fois plus de CO2 par kilowattheure produit ! Une situation grotesque.

Mais comment se fait-il que le nucléaire, qui est bas carbone, ne soit pas compté dans les énergies dites «renouvelables » ? À Bruxelles, ces derniers mois, l’affrontement entre pays européens a été vif pour savoir si les novuelles centrales nucléaires allaient pouvoir bénéficier de ifnancements  «verts» avantageux.

En ce qui concerne les quantités de combustible nucléaire, cinq facteurs sont favorables :

  1. La France possède un stock suffisant d'uranium et d’uranium appauvri pour faire fonctionner son parc nucléaire pendant au moins dix ans (contre trois mois pour le gaz) ;
  2. Au niveau mondial, les réserves connues d'uranium sont importantes, suffisantes pour trois cents ans environ au rythme actuel et réparties entre de nombreux pays dont des États géopolitiquement stables (comme l’Australie et le Canada) ;
  3. En recyclant les matières nucléaires, notamment avec une filière à neutrons rapides (qui n’existe pas en France), notre pays disposerait, grâce au stock disponible sur son sol, d'une autonomie de plusieurs milliers d’années !
  4. Une augmentation de la demande relancerait l'exploration de nouveaux sites miniers, celle-ci ayant été suspendue depuis vingt ans du fait du très faible prix de l’uranium et des critiques récurrentes à l’égard de 1'énergie nucléaire ;
  5. Le coût du combustible nucléaire ne représente que 3 à 5 % du prix du productible, ce qui fait qu’une augmentation, même forte, du prix de l'uranium n’aurait que peu d’impact sur celui du kilowattheure électrique (ce qui n’est pas le cas des énergies dites «renouvelables» qui dépendent de nombreux matériaux sensibles, en forte tension dans le monde). 

La transition énergétique interroge le caractère renouvelable et disponible des sources d'énergie nécessaires à la production d'électricite qui doit à tout moment être équilibrée à la demande de consommation : c’est vrai pour les centrales nucléaires, mais aussi pour les centraies éoliennes et solaires, intermittentes, qui nécessitent d'intégrer dans leur bilan écologique les moyens de production alternatifs et/ou les moyens de stockage massife d'électticité (batteries, hydrogène) en cas d'absence de vent et de soleil. 

Dans l'état actuel des connaissances, le nucléaire se révèle moins polluant et moins impactant pour l'environnement que les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques dont les technologies de recyclage ne sont pas encore totalement développées et disponibles, ce qui pose un problème à court terme car ces installations devront être renouvelées totalement ou en partie d'ici quinze ans pour 1'éolien en mer et d'ici vingt à trente ans pour 1'éolien terrestre et le photovoltaïque. 

Les réacteurs nucléaires de quatrième génération, réacteurs à neutrons rapides ou surgénérateurs (de type Superphénix) procureront une souveraineté énergétique bas carbone pendant très longtemps. La France possède la technologie et il ne manque qu’une volonté politique pour relancer cette filière au plus vite. D’autres pays investissent sans attendre dans des prototypes de réacteurs à neutrons rapides (Chine, États-Unis, Russie, Inde). À plus long terme, passer des réacteurs à fission aux réacteurs à fusion (projet Iter et projets de plusieurs start-up en Europe et aux État-Unis) rendrait la production d’électricité quasi infinie, mais pas avant 2100 pour une production industrielle. 

Pour résumer : l’électricité produite aujourd’hui par le nucléaire est «disponible» pour une longue période et «durable », car sa production émet peu de CO2. Des solutions techniques validées diminuent la quantité des déchets radioactifs, sans interférence avec le milieu environnant jusqu’à ce qu'ils deviennent moins dangereux. À long terme, des solutions sont explorées pour les réduire à zéro. 

Rangeons donc une bonne fois pour toutes 1'énergie nucléaire dans la catégorie des énergies renouvelables/durables, et arrêtons de payer des simili-amendes injustes avec de l'argent que nous empruntons alors que la France compte parmi les pays les moins émetteurs de gaz à effet de serre en Europe. Notre modèle de mix énergétique fondé sur le nucléaire a une grande pertinence environnementale.