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Les jeunes face à la réforme des retraites

Ou comment se tirer une balle dans le pied

Avec la rentrée, voici, timidement encore, mais que nous réservent les prochaines semaines ?, lycéens et universitaires qui se mêlent aux manifestations contre la réforme des retraites. Et voici l'UNEF qui avance ses pions. Il n'existe pas pour les jeunes meilleur moyen pour se tirer une balle dans le pied.

Le désagrément éventuel que causera aux jeunes la retraite à 62 au lieu de 60 ans ne les touchera par définition que dans 45 voire 50 ans. D'ici là beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts, beaucoup de nouvelles réformes seront intervenues au gré de beaucoup de majorités politiques qui se succéderont, et qui peut sérieusement imaginer ce que sera l'état du monde dans un demi-siècle ? Il est évident que la situation n'aura de toutes façons rien de commun avec ce qu'elle est actuellement et que les deux années supplémentaires que prévoit la réforme n'est en rien annonciatrice de ce qui se passera dans 50 ans.

En revanche, il est sûr que si la réforme voulue par le gouvernement n'entre pas en vigueur et que l'âge de la retraite reste à 60 ans, nos jeunes en supporteront les conséquences dès qu'ils entreront dans la vie active. Car, le système de retraite par répartition étant ce qu'il est en France - les actifs d'aujourd'hui payant pour les retraités d'aujourd'hui –, ils devront immédiatement et toujours par définition prendre en charge le paiement des pensions d'un nombre accru de retraités.

Cela se traduira immanquablement par une augmentation des cotisations (solution préconisée par les syndicats), ainsi que par une plus forte augmentation des prélèvements sur le capital (solution préconisée par le PS), c'est-à-dire sur leur futur bas de laine [1]. C'est alors que le système par répartition se transformera pour de vrai en système de retraite par capitalisation, à cette différence près que le capital ne restera pas acquis à ceux qui l'auront constitué, mais profitera à d'autres, à savoir les retraités de l'époque. Cela commence déjà à être le cas.

Voilà une constatation qui devrait quand même être à la portée de nos jeunes des lycées et universités.

A moins de mettre la participation des jeunes sur le compte du côté festif des manifestations, illustré par exemple cette semaine par des banderoles affichant « les retraites, on s'en fout, nous, on veut pas travailler du tout ». En voilà qui ont tout compris. Mais la difficulté reste de donner satisfaction à cette revendication…

Trêve de plaisanterie direz-vous. Mais l'UNEF ne fait guère mieux : sa revendication consiste, non seulement à abandonner la réforme, mais à « valider les années d'études dans le calcul des annuités ouvrant droit à la retraite ». Avec une durée moyenne de quatre années d'études supérieures (Sénat, rapport Bourdin 2008), la réforme selon l'UNEF consisterait donc à abaisser d'autant la durée de cotisation… au profit exclusif d'ailleurs de ceux qui ont fait des études supérieures !

Face à une telle surenchère, on comprend que même les syndicats, voire le PS qui préconise, non pas un abaissement mais au contraire une augmentation de cette durée de cotisation, se posent la question de l'opportunité d'accueillir les étudiants dans les rangs des manifestants.

[1] Ne nous trompons pas, ce ne sont pas les stock-options et autres avantages des plus favorisés qui suffiront à combler le déficit, mais bien le capital des classes moyennes, assurance-vie et autres, qui sera mis à contribution.