Actualité

Sécurité : la masse salariale des gendarmes et policiers grossit au détriment des équipements

En 2020, 1.398 emplois seront créés dans la police et 490 dans la gendarmerie. Le gouvernement s’est engagé à embaucher des forces de sécurité intérieure supplémentaires et c’est une bonne chose, à condition que cela ne se fasse pas au détriment de l’investissement dans le matériel utilisé par ces mêmes forces de sécurité.

Avec la promesse de création de 10.000 postes supplémentaires d’ici 2022, la mission Sécurité du projet de loi de finances (PLF) 2020 fait partie des missions prioritaires. Concrètement, cela se traduit par la création entre 2018 et 2022 de 7.500 postes dans la Police nationale et 2.500 postes dans la gendarmerie nationale.

Petit à petit, la masse salariale des personnels de sécurité a tendance à prendre toute la place en dépassant 17,6 milliards au sein d’un budget de 19,9 milliards. Les dépenses de personnel représentent maintenant 88,47%  des dépenses totales du programme en 2020, en augmentation de près de 1 point par rapport à 2019 (87,43%).

Les dépenses de personnel ont augmenté de 30% en dix ans

En dix ans, ces dépenses ont bondi de presque 30%. Et les dépenses de fonctionnement et d’investissement de seulement... 8% en dix ans. Et elles vont même baisser entre 2019 et 2020 de 17% dans la gendarmerie et de 23% dans la police. Ces investissements deviennent progressivement insuffisants pour assurer l’appui en matériel, et ce d’autant plus que les véhicules blindés ont 45 ans en moyenne, que les gendarmes doivent se partager des casques ou des gilets pare-balles ou les pistolets thermiques électriques... Les véhicules légers de la gendarmerie afficheraient 110.000 km au compteur en moyenne...

Il manque ainsi 40,1 millions d’euros pour le renouvellement des flottes (23,7 millions pour la police et 16,4 millions pour la gendarmerie. Pourtant il apparaît qu’une externalisation de 66% des 40.000 véhicules des deux forces serait possible et permettrait un rajeunissement des véhicules utilisés par les forces de sécurité intérieure.

En cherchant à augmenter coûte que coûte les effectifs de sécurité et en partant donc d’un objectif louable, le gouvernement cannibalise les crédits de fonctionnement et d’investissement pourtant indispensables à un renforcement de l’efficacité opérationnelle et du moral des forces. Le non-recyclage des économies de fonctionnement (achats) sur les secteurs en tension (véhicules, munitions) aboutit à déséquilibrer le budget Sécurité et à mettre à mal la mission à moyen et long terme ainsi que la sécurité des forces. Il faudrait réagir avant que la masse salariale des forces de sécurité n’atteigne 100% du budget.