Principaux enseignements
Ce sondage commandé par la Fondation IFRAP à l’institut Odoxa montre la prise de conscience des Français face à la crise des finances publiques.
La situation de la dette et des déficits préoccupe désormais plus des trois quarts des Français (77%)… soit une hausse de 13 points en un an[1].
6 Français sur 10 pensent même que notre dette publique fait de la France « un pays proche de la faillite » (60%).
Dès lors, plus de 8 Français sur 10 (82%) souhaitent une baisse des dépenses publiques, plutôt que de voir augmenter leurs impôts.
Les Français sont prêts à de nombreux efforts pour parvenir à réduire la dette :
D’abord ils sont favorables à la réduction du nombre de fonctionnaires :
63 % sont favorables à la diminution du nombre de fonctionnaires en ne remplaçant pas une partie des départs à la retraite. Dans le détail, 69 % sont pour « la fin de l'emploi à vie pour les nouveaux agents » et 63 % soutiennent « la mise en place d'une rémunération au mérite ».
Ensuite, ils veulent réduire les normes et trancher dans le « mille-feuille » territorial :
Plus des trois quarts estiment aussi que les « normes » sont trop nombreuses dans notre pays (78%) et qu’elles « pénalisent l’activité économique » (77%) et veulent « que l’on supprime des collectivités territoriales car il y en a trop » (74%).
Ils soutiennent des économise sur les aides sociales, le chômage et la santé :
66 % des Français seraient favorables à une extension de la dégressivité des droits au chômage en étendant cette mesure à tous les allocataires de l'assurance-chômage.
77 % sont pour la mise en place d'un plafond pour l'ensemble des aides sociales existantes (RSA, allocations logement, prime de rentrée, etc.) et 61 % pensent qu'il faudrait soumettre les minima sociaux à l'impôt sur le revenu, exactement comme on le fait pour les salaires.
Ils sont aussi 77 % à souhaiter que ces aides soient désormais réservées aux personnes résidant en France depuis plus de 5 ans.
Enfin, sur la santé aussi, les Français sont prêts à des efforts :
57% approuvent ainsi une extension de la franchise médicale pour les transports sanitaires afin qu’elle concerne aussi les patients qui les utilisent très régulièrement et 52% sont favorables à ce que les bénéficiaires de l’AME ou de la CSS aient désormais à avancer leurs frais de santé au lieu de bénéficier du tiers-payant
Seul tabou : l’âge de la retraite… les Français préféreraient encore payer plus d’impôts que d’accepter un nouveau report.
La dette et l’état des finances publiques
La situation de la dette et des déficits préoccupe désormais plus des trois quarts des Français (77%)… soit une hausse de 13 points en un an. Cette préoccupation fait consensus, aussi bien sur le plan social que sur le plan politique : 80% des cadres et 70% des ouvriers se disent préoccupés, ainsi que 86% des sympathisants de droite… et 67% de ceux de gauche.
Il faut dire que plus de 6 Français sur 10 pensent que notre dette publique fait de la France « un pays proche de la faillite » (60%), qui va bientôt se voir imposer une mise sous tutelle du FMI comme la Grèce ou le Portugal il y a quelques années (63%).
Dès lors, plutôt que de voir augmenter leurs impôts, plus de 8 Français sur 10 (82%) souhaitent une baisse des dépenses publiques. Et ils sont prêts à de nombreux efforts pour y parvenir.
La réduction du nombre de fonctionnaires
Les Français se déclarent très majoritairement favorables à ces restrictions concernant les fonctionnaires La fin de l’emploi à vie pour les nouveaux agents est ainsi approuvée par 73 % des salariés du privé, 75% % des retraités et même 53% des sympathisants de gauche. Même s’ils sont logiquement moins enthousiastes que les salariés du privé, les fonctionnaires eux-mêmes sont désormais eux-aussi une majorité à y être favorables : 53% des salariés du secteur public sont pour la fin de l’emploi à vie pour les nouveaux agents ! |
Près des deux tiers des Français (63%) sont favorables à la diminution du nombre de fonctionnaires en ne remplaçant pas une partie des départs à la retraite. Cette option rencontre un large consensus dans le pays : si 67% des salariés du privé sont « pour », une courte majorité de 51% de ceux du public l’est aussi. Le seul clivage qui demeure est politique : les sympathisants de gauche étant les seuls à être opposés pour une petite majorité (54%), alors que 76% des sympathisants de droite, 80% de ceux de Renaissance et 71% de ceux du RN y sont favorables.
Dans le détail, les Français soutiennent aussi très majoritairement « la fin de l’emploi à vie pour les nouveaux agents » (69%), « la mise en place d’une prime de présentéisme à la place des primes existantes visant à limiter l’absentéisme » (66%), ainsi que « la mise en place d’une rémunération au mérite dans la fonction publique » (63%).
Cette fois, l’adhésion est encore plus massive : ainsi, la fin de l’emploi à vie pour les nouveaux agents est approuvée par 73% des salariés du privé, 75% des retraités et même 53% des sympathisants de gauche. Même s’ils sont logiquement moins enthousiastes que les salariés du privé, les principaux concernés sont désormais, eux aussi, une majorité à y être favorables : 53% des salariés du secteur public sont pour la fin de l’emploi à vie pour les nouveaux agents !
Réduire les normes, trancher dans le « mille- feuille » territorial et décentraliser davantage
Certains parlent d’un « mille-feuille » territorial pour qualifier les nombreuses collectivités locales qui ont chacune un rôle dans notre pays : régions, départements, intercommunalités, communes.
Plus des trois quarts des Français estiment aussi que les « normes » sont trop nombreuses dans notre pays (78%) et qu’elles« pénalisent l’activité économique » (77%) ; et autant (74%) veulent que l’on tranche dans le « mille-feuille » territorial, estimant « qu’il faudrait supprimer des collectivités territoriales car il y en a trop », selon eux.
Enfin, les Français sont prêts à ce que l’on décentralise certaines compétences, comme la culture, la santé ou même l’éducation, et souhaitent les transférer aux collectivités locales. Si nul ne souhaite majoritairement que ces trois compétences soient toutes délocalisées, 55% des Français se disent favorables à ce qu’au moins l’une d’elles le soit.
Des efforts concernant les aides sociales, les allocations chômage et la santé
Les deux tiers des Français (66%) seraient favorables à une extension de la dégressivité des droits au chômage, en étendant cette mesure à tous les allocataires de l’assurance-chômage (et pas seulement aux cadres). Dans le même esprit, plus des trois quarts des Français (77%) sont aussi favorables à la mise en place d’un plafond pour l’ensemble des aides sociales existantes (RSA, allocations logement, prime de rentrée, etc.) Un étonnant consensus politique existe même dans l’opinion à ce sujet : 89% des sympathisants de droite, mais aussi 58% des sympathisants de gauche y seraient favorables.
En outre, le plafond qu’ils considèrent approprié pour ces aides sociales est assez bas : près des trois quarts (72%) de ceux qui veulent un plafonnement des aides le situent à moins de 1 500 € par mois et par foyer. Rapporté à l’ensemble de la population (en réintégrant les opposants à ce plafonnement), cela signifie que 55% des Français à la fois veulent un plafond et le situent à moins de 1 500 € par mois.
Autre signal fort : 61% des Français pensent qu’il faudrait soumettre les minima sociaux à l’impôt sur le revenu, exactement comme on le fait pour les salaires.
Sur la santé aussi, les Français sont d’accord pour agir
Aujourd’hui, une franchise médicale de 4 euros est demandée pour chaque transport sanitaire. Cette franchise peut être remboursée dans certains cas, notamment pour les patients qui les utilisent très régulièrement.
57% des Français approuvent une extension de la franchise médicale pour les transports sanitaires, afin qu’elle concerne aussi les patients qui les utilisent très régulièrement (et qui en sont actuellement exemptés). Fait rare : les plus de 65 ans – les plus souvent concernés par cette exemption – sont ceux qui sont les plus favorables à cette extension (66%).
Une (courte) majorité de Français (52% vs 47%) se dit même favorable à ce que les bénéficiaires de l’AME ou de la CSS aient désormais à avancer leurs frais de santé, au lieu de bénéficier du tiers-payant. Mais cette idée divise davantage l’opinion (la gauche est contre).
Par ailleurs, les Français sont encore plus favorables à une autre mesure restrictive sur l’attribution de ces aides : 77% souhaiteraient qu’elles soient désormais réservées aux personnes résidant en France depuis plus de 5 ans. Cette mesure séduirait non seulement la quasi-totalité des sympathisants du RN et de la droite, mais aussi une majorité de sympathisants de gauche : 91% des sympathisants de droite et 60% de ceux de gauche (dont 52% des LFI) soutiennent une telle mesure.
Encore plus audacieux, les Français remplaceraient bien les habituels professionnels de la politique par des entrepreneurs
Largement déçus par les professionnels de la politique - et en particulier en matière de gestion des finances publiques - 72% des Français souhaiteraient désormais que l’on fasse confiance à « un gouvernement composé d’entrepreneurs et de dirigeants ayant fait leurs preuves dans le monde de l’entre- prise ». Cette idée séduit les CSP+ (69%) et davantage encore les CSP- (76%)… pas de « patron-bashing » donc chez les ouvriers et les employés.
En revanche, toucher à l’âge de départ à la retraite demeure tabou !
Le report de l’âge de départ à la retraite reste toutefois tabou. L’IFRAP a testé ici l’hypothèse d’un recul à 66 ans, comparée à une hausse de 150 à 250 € par an en impôts ou cotisations sociales. Et, alors même qu’ils estiment déjà payer trop d’impôts et de taxes, 61% des Français préfèrent cette hausse fiscale à un report de l’âge légal de départ à la retraite. Une seule catégorie de la population ferait le choix inverse… les retraités. Politiquement, le sujet divise tout de même. Les sympathisants de droite modérée sont, de justesse, favorables au report (55%), tandis que la gauche y est fermement opposée : 76% préfèrent l’augmentation des prélèvements. Au Rassemblement national, la préférence va également à cette solution (64%). Toutes les enquêtes d’opinion montrent combien ce sujet reste sensible : la retraite est perçue comme un droit acquis, non négociable, et l’idée de devoir travailler plus longtemps suscite d’autant plus de rejet que les Français doutent fortement de l’efficacité des réformes proposées. Ils ne croient pas qu’un nouveau report garantirait la pérennité du système, et ils ne font pas confiance à leurs responsables politiques pour en assurer l’équité.
Enquête réalisée auprès d’un échantillon de Français interrogés par internet les 3 et 4 septembre 2025. Echantillon de 1 005 Français représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération. |
[1] Sondage BVA pour la DREES, réalisé du 14 octobre au 20 décembre 2024