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Recruter des personnels soignants, ouvrir de nouveaux lits : une facture de plusieurs milliards selon la formule retenue

Chaque semaine, la Fondation iFRAP passe au crible une mesure au coeur du débat de la présidentielle en partenariat avec l'Express. Cette semaine, la question de la politique de santé.

La crise sanitaire a naturellement influencé les programmes des candidats à la présidentielle. On retrouve dans leurs propositions plusieurs mesures concernant l’hôpital et notamment le nombre de lits et le recrutement de personnels.

Ainsi, Nicolas Dupont-Aignan propose l’ouverture d’un nouvel établissement de santé par département (hôpital, maternité, etc.), pour un total de 20 000 nouveaux lits tandis que Marine Le Pen concentre ses propositions sur l’accueil aux urgences, pour lequel elle veut renforcer le personnel et créer une filière d’urgences gériatriques.

Anne Hidalgo souhaite, elle, un grand plan pour sauver l'hôpital public et empêcher la fermeture de 5 700 lits d'hôpitaux. La candidate du PS veut ainsi recruter 25 000 infirmiers et aides-soignants supplémentaires pour rouvrir les lits fermés et former 15 000 médecins. En face, Yannick Jadot souhaite lancer un vrai SÉGUR pour revaloriser les soignants et augmenter les effectifs.

De son côté, Jean-Luc Mélenchon veut rouvrir des lits et des services d'urgence pour que chaque Français dispose d'un service de santé public à moins de trente minutes de chez lui. Il ajoute vouloir recruter 100 000 soignants. Tout comme le candidat du PCF, Fabien Roussel, qui souhaite, lui aussi, un plan massif de recrutement de personnels soignants et une revalorisation des métiers.

Valérie Pécresse veut recruter 25 000 soignants supplémentaires en 5 ans à l’hôpital public et revaloriser financièrement les carrières des infirmières en renforçant les pratiques avancées et celles des sages-femmes en leur déléguant davantage de responsabilités.

Enfin, Eric Zemmour souhaite, lui, combattre la bureaucratie à l’hôpital et insiste également sur le poids de la dette.

De 600 millions d’euros pour Valérie Pécresse à 4,7 milliards pour Jean-Luc Mélenchon

L’évaluation des coûts de création de lits diffère selon que l’on parle de lits de réanimation ou de lits de médecine ou de chirurgie. Par ailleurs, certains candidats proposent tout à la fois des ouvertures de lits et même des ouvertures d’établissements pour qu’aucun Français ne se situe à plus 30 mn d’une structure d’urgence. Selon l’association des maires ruraux de France, cela concerne 6 millions de Français pour un seuil qui fait office de limite à partir de laquelle les risques de décès sont augmentés.

Si on prend la proposition de Nicolas Dupont-Aignan de créer 20 000 lits, et si on fait l’hypothèse d’un coût par lit de 100 000 euros (toutes charges comprises tant immobilières que de personnel ou de coût administratif), le coût grimpe à 2 milliards d’euros. Mais créer des lits nécessite du personnel. Il faudrait donc au bas mot y ajouter 400 millions d’euros[1].

La stratégie de Jean-Luc Mélenchon, elle, revient à une dépense de 2,7 milliards de rémunérations brutes par an pour 100 000 soignants supplémentaires[2], sans compter la charge pour l’Etat des pensions futures à verser. D’autre part, comme 6 millions de Français habitent à plus de 30 min d’un hôpital, on peut estimer que son programme revient également à créer 20 000 lits supplémentaires, pour 2 milliards d’euros également.

Du côté d’Anne Hidalgo et de Valérie Pécresse : recruter 25 000 soignants[3] supplémentaires coûterait 620 millions d’euros. Pour Anne Hidalgo qui annonce, en plus, vouloir former 15 000 médecins, le coût serait de 3 milliards d’euros[4].

Enfin pour Yannick Jadot, pas de données précises sur les augmentations envisagées mais 1% d’augmentation sur les rémunérations brutes des salaires des soignants et médecins à l’hôpital public représenterait 185 millions d’euros[5]


[1] Ainsi pour une étude le ministère de la Santé indiquait qu’une hypothèse haute de 12 000 lits de réanimation, nécessiterait une mobilisation de 24 000 infirmiers et de 10 500 aides-soignants supplémentaires.

[2] Calcul établit sur la base d’une répartition 44% infirmiers, 17% médecins, 33% aides-soignants. Salaire en début de carrière bruts en € mensuels de 1900 € pour un aide-soignant, 2150 € pour un infirmier et 4400 € pour un médecin.

[3] Répartition 15000 infirmiers et 10000 aides-soignants

[4] Une formation de médecin coûte 200 000 € sur 10 ans

[5] Augmentation appliquée au salaire moyen dans la FPH des professions médicales et soignantes uniquement.