Actualité

Permis de conduire : « La réforme du gouvernement améliore peu le délai d’attente »

Tous les mercredis, avant le Conseil des ministres, Le Macronomètre, l'observatoire des réformes du gouvernement, lancé par la Fondation iFRAP, attribue une note aux réformes d'Emmanuel Macron. La note de la semaine du Macronomètre est présentée dans le Figaro. Cette semaine : 6/10 pour la réforme du permis de conduire.

En moyenne, en France, passer le permis de conduire coûte aux candidats 1.600 euros, une somme qui varie de 1.400 à plus de 2.000 euros en région parisienne. En 2015, sur les 1,4 million de personnes passant le permis B, seulement 60% l’ont obtenu du premier coup. Pour les autres, il a fallu débourser 500 euros supplémentaires en moyenne pour le repasser. Enfin, les candidats doivent effectuer, au minimum, 20 heures de conduite pour être présentable à l’examen… mais ce serait plutôt 35 heures d’apprentissage nécessaires aux candidats et cela alors que le coût d’une leçon de conduite peut aller du simple au double, de 40 à 80 euros.

C’est ce coût global du permis de conduire que le gouvernement souhaite baisser de 30%, soit pour un coût moyen aux alentours de 1.120 euros. Pour atteindre son objectif, il a présenté en mai dernier une série de mesures.

Des mesures de modernisation :

  • Le livret de formation, actuellement en format papier, va être disponible en format numérique et en ligne, dès janvier 2020 ;
  • Un comparateur en ligne des auto-écoles va être mis en place d’ici fin 2019. Cela doit permettre d’établir la transparence sur les résultats, sur les délais, sur les prix des forfaits et le coût moyen d’obtention du permis de conduire dans les auto-écoles ;
  • Une expérimentation va être lancée, dès janvier 2020 et dans cinq départements, pour permettre aux candidats de planifier eux-mêmes leurs réservations à l’examen du permis de conduire. L’idée est de donner un délai clair aux candidats tout en les responsabilisant afin qu’ils obtiennent de meilleurs résultats à l’examen. En contrepartie, en cas d’échec à l’examen, le délai pour repasser le permis sera modulé en fonction du niveau du candidat.

Des ajustements, plus timides, pour abaisser le coût de l’apprentissage de la conduite :

  • Le nombre d’heures de conduite sur « simulateur » autorisées va être augmenté de 5 à 10 heures, sur les 20 heures obligatoires. Ces heures sont en moyenne 30% moins chères que les heures de conduites avec un moniteur. Une incitation fiscale va être mise en place pour les auto-écoles s’équipant de simulateurs ;
  • Le recours à la conduite supervisée (équivalent à la conduite accompagnée mais pour majeurs) va être automatisé en cas d’échec à l’examen du permis de conduire. Cela concernerait environ 500.000 personnes par an tout en baissant le nombre d’heures de conduite à reprendre ;
  • Le délai pour passer le permis « conduite manuelle » après avoir passé le permis « conduite automatique » est réduit de 6 à 3 mois ;
  • Et enfin, l’âge légal pour passer l’examen du permis sera abaissé à 17 ans dès fin 2019… même si le candidat, en cas de réussite, devra attendre ses 18 ans pour conduire seul.

Dernier point, le gouvernement va offrir la formation du code sur la plateforme en ligne et le passage de l’examen du code (30 euros) aux volontaires du Service national universel (SNU), soit environ 800.000 jeunes.

Ce que l’on retient est que, si le projet de réforme du gouvernement flexibilise le cadre qui entoure le permis, il touche peu au cœur du problème qui est le délai d’attente entre le moment où l’élève est déclaré apte à passer l’examen par son auto-école et le jour de l’examen. Il s’agit d’une des variables qui augmente le coût moyen du permis, puisque pendant ce délai, l’élève doit généralement continuer à prendre des cours de conduite. En 2013, le délai pour passer l’examen était de 98 jours contre 45 jours en Europe. En 2014, le gouvernement s’était fixé d’atteindre un délai de 45 jours, cela en baissant la durée de l’épreuve pratique du permis B de 35 à 32 minutes pour obtenir 117.500 places d’examen supplémentaires par an. Malgré cela, en 2016, le délai d’attente était encore de 66 jours.

Abaisser la durée de l’examen à 25 minutes aurait permis de dégager autour de 250.000 nouvelles places d’examen par an. Le gouvernement, s’il veut vraiment baisser le prix du permis de conduire, pourrait aussi s’inspirer de l’exemple belge où le coût du permis de conduire varie entre 1.500 euros, si le candidat passe par une auto-école, pour à peu près 53% de réussite, et 500 euros si le candidat passe en candidat libre, une variante de la conduite accompagnée. En 2017, le taux de réussite des candidats libres au permis belge était supérieur à celui des formés en auto-écoles, avec 57% de réussite.