L’absentéisme dans les hôpitaux : une problématique persistante

Dans cette note nous présentons les chiffres de l’absentéisme dans les hôpitaux publics. On constate que l’absentéisme est en progression entre 2019 et 2022 selon les données de l'agence technique de l'information sur l'hospitalisation (ATIH) ce qui traduit un effet boomerang de la crise sanitaire qui a induit une augmentation des absences. Elles passent de 29,9 jours en moyenne en 2019 à 35 jours en 2022 pour le personnel non médical. De plus les chiffres montrent une forte dispersion, certains établissements affichant des durées supérieures à 43 jours. Toutefois, les quelques chiffres disponibles plus récents sur 2023 ou 2024 semblent montrer un léger reflux. Ainsi, les données de l'APHP indique que le taux d'absentéisme est passé de 8,76% en 2022 à 7,49% en 2023. Pour l'APHM, le taux est redescendu à 10,77% en 2024 après avoir grimpé jusqu'à 12,55% en 2022. Ces taux si on les compare au taux moyen donné par l'ATIH en 2019 (8,8% uniquement pour les CHU), indiquent que les directions des hôpitaux ont pris ce problème à bras le corps, sans toutefois parvenir à un retour au niveau d’absentéisme pré-covid.
L’absentéisme dans la fonction publique est une thématique que la Fondation IFRAP suit de longue date et qui revêt aujourd’hui une importance capitale : en effet, faire baisser l’absentéisme c’est libérer du temps de travail supplémentaire pour les services publics. Un fort taux d’absentéisme peut être aussi à l’origine du paiement de nombreuses heures supplémentaires ou bien encore du recours à du personnel d’intérim et donc être la source de dépenses publiques. C’est pourquoi il est important de décrire cette situation et d’en comprendre l’origine.
Cette question, nous l’avons beaucoup suivi dans la fonction publique territoriale. Nous nous étions également penchés sur l’absentéisme dans les hôpitaux en 2016 (chiffres 2013). Rappel des principaux résultats :
- Les hôpitaux qui affichent l'absentéisme le plus élevé sont le CHU de Lille (30,99 jours toutes causes), le CHU de Rouen (30,94 jours toutes causes) et le CHU d'Amiens (29,37 jours toutes causes).
- Les "bons" élèves sont le CHU de Limoges (21,35 jours toutes causes), le CHU de Caen (21,69 jours toutes causes) et le CHU de Nîmes (22,49 jours toutes causes).
Les résultats sur l’absentéisme par établissement ne sont plus mis à jour sur le site Hospidiag. Cependant l’ATIH fait un point sur l’absentéisme moyen en distinguant personnel médical et personnel non médical :
Nombre total de jour d'absence pour moditif médical et non médical (Effectif physique au 31/12 [1] Personnel médical

On constate une augmentation de l’absentéisme depuis la période pré-covid (2019) chez le personnel médical. Le rapport de l’ATIH souligne que pour le personnel médical (médecins) le nombre de jours d’absence est un indicateur fortement dispersé, car l’intervalle de 80% est compris entre 6,1 et 23,5 jours. Et le nombre médian de jours d’absence est de 12,7 jours, en progression de +2 jours par rapport à 2019.
Le nombre de jours d’absence augmente plus la taille de l’établissement diminue, avec une baisse toutefois sur les petits CH. La variabilité de l’indicateur augmente également à mesure que la taille de l’établissement diminue. Ainsi, la durée d’absence est très variable au sein des petits CH. Mais les petits CH sont les seuls établissements où le nombre médian (et moyen) de jours d’absence diminue entre 2021 et 2022. La première cause d’absence est la maladie ordinaire précise le rapport avec (6,6 jours d’absence), la maternité atteint (3,9 jours). Ce dernier chiffre traduit une forte féminisation de l’activité médicale.
Nombre total de jours d'absence pour motif médical et non médical (Effectif physique au 31/12) Personnel non médical

En 2022, la durée d’absence du PNM varie entre 28,2 et 43,7 jours d’absence pour 80% des établissements. Le nombre médian de jours d’absence est de 35,4 jours. Il a progressé depuis la période pré-covid et entre 2021 et 2022, quelle que soit la taille de l’établissement. Ainsi, le nombre de jours médian d’absence du personnel non médical a progressé de 6 jours en 4 ans, passant de 29 jours à 35 jours. Le nombre médian de jours d’absence est de 35,7 jours pour les CHU, de 35,5 jours pour les grands CH, de 34,1 jours pour les CH de taille moyenne et de 37,0 jours pour les petits CH. On note que l’absentéisme diminue avec la taille de l’établissement sauf pour les petits CH.
C’est la maladie ordinaire qui arrive en tête des motifs d’absence avec 19 jours de durée médiane. Le 2e motif sont les congés longue maladie et longue durée, type d’absence qui a tendance à augmenter avec l’âge moyen du personnel. Les absences maternité, paternité, adoption se situent à 4 jours médians, chiffre qui traduit là aussi une forte féminisation de l’activité.
Cette analyse peut être complétée par les données sur le taux d’absentéisme que l’on peut obtenir de différents établissements. On a la référence de l’ATIH qui donne le taux d’absentéisme selon la taille des établissements pour le PNM. Dans le rapport qu’elle consacre à l’APHM, la Cour des comptes indique que le taux d’absentéisme des PNM se situe à 10,23% en 2018 soit un taux supérieur au taux observable dans les CHU en 2019 (année la plus proche).
Répartition de l’absentéisme par filière

Le dernier rapport social unique de l’APHM indique le taux d’absentéisme est monté jusqu’à 12,55% en 2022 avant de redescendre en 2024 à 10,77%.
Idem, pour l’APHP où les derniers chiffres des RSU accessibles donnent un pic d’absentéisme en 2022 à 8,76% avant de refluer à 7,49% en 2023.
Enfin un récent rapport de la Cour des comptes indique que le taux d’absentéisme était en 2022 de 11,2 % aux HCL.
Cette forte remontée du taux d’absentéisme en 2022 s’est expliqué avec un phénomène post crise sanitaire de nombreux départs des effectifs hospitaliers en premier lieu des infirmiers. Une vague de départ qui a contribué à alourdir la charge de travail sur le personnel restant en place. Les hôpitaux ont mis en place des stratégies de fidélisation et d’embauches afin de compenser les nombreux départs ce qui a permis de légèrement faire refluer le taux d’absentéisme entre 2022 et 2023 comme on l’observe dans ces chiffres. Mais le taux d’absentéisme reste élevé par rapport à la période pré covid, preuve que les difficultés n’ont pas entièrement disparu.
Comparaison avec le privé
Nous ne disposons d’informations récentes sur le taux d’absentéisme dans le secteur privé de la santé. Un baromètre Ayming de l’absentéisme dans le secteur de la santé avec une méthodologie différente des rapports de l’ATIH indique des chiffres proches de ceux observés dans le secteur public. Là encore on observe un reflux entre 2022 et 2023 avec, cependant, un retour à un niveau pré-covid.