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Banque : Dexia pire que le Crédit Lyonnais

Faut-il vraiment créer une nouvelle banque publique d'investissement ?

D'après la Cour des comptes, la faillite du Crédit Lyonnais en 1996 aura entraîné une perte finale de 17,74 milliards d'euros. Soit 50% des rentrées de l'impôt sur le revenu de cette année-là. Avec sa perte de 11,6 milliards d'euros pour la seule année 2011, Dexia aura sans doute pulvérisé ce précédent record quand les comptes seront clos dans quatre ou cinq ans. Les banques publiques et para-publiques s'avèrent un luxe très au-dessus des moyens actuels de la France.

En 1996, le seul actionnaire du Crédit Lyonnais était l'État. En 2007, avant le début de la crise financière, les principaux actionnaires de Dexia étaient publics avec l'État à travers la Caisse des Dépôts et Consignations et sa filiale la Caisse Nationale de Prévoyance, et des collectivités locales publiques belges. Ces deux catastrophes ne sont pas uniques en France. Quatre autres établissements financiers d'État, ou dont les dirigeants étaient nommés par l'État, ont coûté cher avant d'être privatisés : les GAN (3 Md€), Crédit Foncier de France (2 à 3 Md€), Société Marseillaise de Crédit (1 Md€) et Comptoir des Entrepreneurs (3 Md€).

Actionnariat de DEXIA au 31/12/2007
Principaux actionnairesPourcentage
Arcofin 17,7 %
Holding Communal belge 16,2 %
Caisse des dépôts et consignations 11,7 %
Groupe Ethias 6,3 %
CNP Assurances 2 %

En France, des banques nombreuses et diverses

L'idée de créer des banques publiques d'investissement est populaire en France, alors que notre pays dispose déjà de toute la panoplie des types de banques : privées capitalistes (BNP, Société Générale, Crédit du Nord), coopératives (Crédit Agricole, Crédit Mutuel, Banques Populaires-Caisses d'Epargne, Crédit coopératif), publiques (Banque postale, CDC), banques étrangères (HSBC, Barclays, La Caixa, etc.), spécialisées (UBS, Rothschild, Lazard, etc.) et des fonds d'investissement privés.

Pourquoi des investissements insuffisants ?

C'est le manque d'empressement des banques à investir dans les entreprises qui est mise en cause pour justifier la création de banques publiques. Plusieurs des établissements cités ci-dessus se présentent pourtant comme spécialisés dans l'écoute et le financement des petites et des grandes entreprises. S'il s'avérait que leurs engagements dans les entreprises étaient malgré tout insuffisants alors que c'est leur métier, il faudrait d'abord se demander pourquoi et agir sur les causes :

  • 1. Banquiers incompétents ?
  • 2. Peu de bons projets ?
  • 3. Manque de capitaux disponibles ?
  • 4. Manque de projets assez rentables ?

1) Il est vrai que de nombreux dirigeants des banques sont issus directement de l'ENA et de la fonction publique. Et que, nationalisées pendant des décennies, la plupart de ces banques ne sont peut-être pas encore marquées par une forte culture entrepreneuriale.

2) Si les bons projets rentables pullulaient en France, il est probable que des investisseurs étrangers viendraient les faire fructifier. Mais dans notre pays, l'ambiance générale n'est évidemment pas propice à la création et au développement des entreprises.

3) L'absence de fonds de pension et la masse des emprunts d'État destinés à financer ses déficits expliquent la faiblesse des capitaux disponibles.

4) Et la rentabilité des entreprises est affectée par le poids des règlementations et des charges sociales et fiscales. Les dégâts que provoquent les 56% du PIB de dépenses publiques diffusent dans toute la France et pénalisent les entrepreneurs.

Les précédentes expériences de création de banques publiques se sont soldées par des fiascos en dizaines de milliards d'euros. Au lieu d'en créer une nouvelle comme le proposent tous les candidats à la Présidence de la République, les Français et les entreprises ont besoin que les responsables politiques mettent en place un environnement général favorable aux entreprises, notamment dans les domaines de l'enseignement, des règlementations et des charges fiscales et sociales.