Vers un record de défaillances d'entreprises en 2025 ?

Alors que Princesse Tam-Tam et Comptoir des Cotonniers ont demandé leur placement en redressement judiciaire, plusieurs publications viennent documenter la cinétique des entreprises en 2024 puis au T1 2025. l’INSEE pour les créations d’entreprises, la Banque de France s’agissant des défaillances, le cabinet Altarès qui offre des précisions complémentaires importantes et l’observatoire statistique du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce. Or le moins que l’on puisse dire c’est que « les nuages s’accumulent » sur les entreprises françaises. Nous risquons d'atteindre des chiffres proches des 70.000 défaillances à la fin 2025 (66 420 en 2024 selon BPCE), sauf si cette cinétique s’infléchit d’ici la mi-année. Malgré le ralentissement des hausses du nombre de procédures collectives, le rythme des radiations présente en revanche un profil « explosif », nourrit en particulier par les radiations en provenance des entreprises défaillantes.
Le choc des radiations provenant d’entreprises défaillantes (+270% au T1 2025) :
Si l’on exploite les données annuelles et trimestrielles de l’Observatoire statistique du CNGTC (Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce) élaborées avec le concours de Xerfi, on constate que pour la première fois, le solde de la différence entre les immatriculations et les radiations devient négatif (-4.992 entités) aboutissant à une baisse du stock d’entreprises au T1 2025.
Source : CNGTC, avril 2025.
Cette hausse inédite des radiations (+113,2% par rapport au T1 2024) comparée à celle des immatriculations (+5% par rapport au T1 2024) s’explique en grande partie par l’explosion des radiations à la suite d’une procédure collective. En effet, lorsqu’on regarde la décomposition des radiations selon leur motif, il apparaît que ce motif de radiation augmente de près de 269,5% entre les deux premiers trimestres à un an d’intervalle.

Désormais, les radiations suite à une procédure collective représentent 51,2% des radiations du T1 2025 contre seulement 30,3% un an plus tôt.

Ces proportions doivent être rapprochées de celles exprimées dans les bilans annuels passés. Il apparaît qu’en dehors de l’année 2025, les répartitions du T1 sont généralement proches de celles de l’année à peu de choses près :

On constate ainsi que les radiations au T1 2024 représentaient 30,3% du total des radiations, contre une exécution annuelle de 31,9% ; s’agissant du T1 2023, cette proportion représentait 29% contre 29,9% sur l’année. Si la cinétique du T1 2025 se poursuit, le montant annuel des radiations en serait bouleversé par rapport aux années antérieures. On notera également sur le T1 2025 une explosion des radiations liées aux décès des dirigeants/fondateurs. Il s’agit là d’une conséquence démographique qui résulte de l’arrivée d’une génération d’entrepreneurs à la fin de leur vie active (occasionnant par ailleurs un choc de transmissions en cours…).
Un pic de défaillance à hauteur de 70.000 entreprises d’ici la fin de l’année 2025 ? :
Si maintenant nous nous intéressons aux défaillances d’entreprises, la cinétique semble toujours en augmentation, mais freinerait quelque peu à compter d’avril (Banque de France).

Au T1 2025, le nombre d’entreprises en difficulté serait en augmentation par rapport au T1 de l’année précédente en augmentation de 4,5% en valeur médiane (entre 4,4% (Altarès) et 4,6% (CNGTC). Par ailleurs ce sont les entreprises placées en redressement judiciaire ou en procédure de sauvegarde qui augmentent le plus sur un an avec +7% environ sur un an.
Ces éléments doivent être rapprochés de ceux d’avril publiés par la Banque de France. Sur un an glissant d’avril 2024 à avril 2025, le nombre des défaillances augmente de près de 10,6%, avec un nombre cumulé d’entreprises défaillantes de 66.937 sur un an contre +12,2% en mars. Il semblerait donc que la hausse se tasse, mais pourrait permettre tout de même d’atteindre les 70.000 entreprises défaillantes d’ici la fin de l’année (+300 entreprises défaillantes sur une année glissante/mois en 2025).

Graphiquement, avec 66.937 entreprises défaillantes sur un an glissant en avril 2025, il s’agit du niveau le plus important de défaillances jamais enregistré depuis 1991. Les précédents pics atteints en 1993, en 2009 puis en 2015 n’atteignaient que les 64.000 entreprises défaillantes au maximum.
[1] https://www.banque-france.fr/fr/statistiques/entreprises/defaillances-dentreprises-2025-04