Surendettement : les politiques font tout pour faire venir le FMI en France !

Nos politiques ne le font peut-être pas totalement exprès, mais tout donne l’impression que leur impéritie nous conduit plus vite dans le mur de la dette. S’ils continuent de la même manière, le FMI sera prochainement à nos portes. S’ils voulaient accélérer sa venue, ils ne s’y prendraient pas autrement.
Cet article a été publié le 12 octobre 2025 dans le journal Le JDD |
Si la BCE intervenait pour racheter de la dette française afin de faire baisser les taux, ce serait sous condition d’un plan drastique d’austérité. Un plan beaucoup plus dur que celui du feu gouvernement Bayrou. Depuis la dissolution de 2024, nos gouvernants tournent lâchement autour du pot de l’urgence de faire des économies sur les dépenses publiques. Alors que 82 % des Français ont compris qu’il faut, non pas augmenter les impôts, mais baisser les dépenses.
Pour voter un budget 2026 et suspendre temporairement le risque de dissolution, certains seraient prêts à s’asseoir sur la seule réforme structurelle adoptée depuis 2022 ? Non seulement la suspension de la réforme des retraites aggraverait le déficit de 300 à 500 millions en 2026 et de 3 milliards en 2027, mais encore elle ne rassurerait pas du tout les marchés. C’est reculer pour mieux sauter.
La réforme des retraites, souvenons-nous-en, a été justement conçue pour répondre à une attente de nos créanciers : la France ne pouvait pas être le seul pays de la zone euro à partir à 62 ans à la retraite tout en ayant des déficits abyssaux. Grâce à cette réforme, la France n’a pas été à l’époque dégradée par S&P. Le 12 septembre dernier, l’agence Fitch a dégradé la France. Dans quelques jours, l’agence Moody’s fera de même et, en novembre, ce sera au tour de S&P. La France se retrouve avec une note sur sa dette qui signifie « qualité moyenne ».
La France a déjà été menacée par le FMI
Si les deux autres principales agences de notation emboîtent le pas avec une dégradation à A+, certains investisseurs ne vont plus pouvoir détenir autant de dette française dans leurs comptes. Une telle dégradation pourrait déclencher des ventes chez les assureurs. Banques centrales et fonds souverains pourraient aussi préférer des dettes classées AAA et AA pour leurs réserves.
Il faudra ajouter alors à la dépense supplémentaire créée par la suspension de la réforme des retraites le coût de la charge de la dette, que l’on peut estimer à 2 milliards de plus dès l’an prochain. Si l’on fait un petit retour en arrière, en 1983, la France était déjà menacée d’intervention du FMI. Pour éviter une humiliation comme celle qu’avait subie le Royaume-Uni en 1976 avec l’intervention du FMI, le président de la République de l’époque, François Mitterrand, avait décidé, avec son ministre des Finances Jacques Delors, d’engager le tournant de la rigueur. Qu’avait fait alors le gouvernement socialiste ? Il avait notamment réduit les dépenses publiques de 20 milliards de francs et gelé les budgets sociaux.
Selon le Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu, un budget pour 2026 est prêt à être présenté en conseil des ministres ce lundi, date butoir pour qu’il soit adopté d’ici la fin de l’année par le Parlement. Un budget de base à débattre, dans lequel, pour qu’il finisse par être voté sans 49-3, risquent de figurer beaucoup de mesures qui pourraient aggraver encore le déficit de la France. Il est minuit moins une. Quand le cocktail sera le suivant : dette à 120 % du PIB, écart de plus de 200 points de base avec l’Allemagne et déficit public à 6 % du PIB, le planning sera hors de contrôle.