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Dette publique et privée : la France à 272% du PIB

Le taux d’endettement du secteur privé non financier en France au dernier trimestre 2020 a considérablement augmenté pour atteindre 156% du PIB, selon un rapport publié le 26 mai 2021 par la Banque de France. Si on y ajoute les près de 116% d’endettement public, la dette publique et privée française culmine donc à 272% du PIB.

On peut comparer ce taux d’endettement, dettes publique et privée confondues, dans plus d’une dizaine de pays européens pour lesquels on dispose des données pour l’année 2020. En ordre décroissant et en % du PIB, cela donne ce classement (non exhaustif) :

  1. Grèce : 330,7%
  2. Belgique : 316,5%
  3. Portugal : 294,9%
  4. France : 271,7%
  5. Espagne : 267,4%
  6. Royaume-Uni : 257,8%
  7. Suède : 255,9%
  8. Finlande : 223,3%
  9. Allemagne : 179,4%
  10. Slovaquie : 157,5%
  11. Hongrie : 156,4%
  12. Slovénie : 151,6%
  13. Pologne : 131,4%
  14. Roumanie : 95,5%

Emballement des dettes publiques et privées en 2020

Sur l’année écoulée, la France enregistre en effet une hausse de plus de 21% du taux d’endettement de ses agents privés non financiers comparée à son niveau de 2019. C’est bien plus qu’en Allemagne (+9,6%), qu’en Italie (12,7%) ou qu’en Espagne (+15,7%). Mais aussi, hors zone euro et respectivement, +13,7%, +18,5% et +12,6% pour les États-Unis, le Japon et le Royaume-Uni. Si la même dynamique à la hausse s’observe ailleurs dans le monde, la France, avec 151% présente l’une des taux d’endettement des agents privés non financiers les plus élevés de la zone euro en compagnie de pays comme la Belgique (202,4%), le Portugal (161,3%) ou la Suède (216%).

Ces chiffres ne sont cependant pas alarmants, d’après le rapport de la banque de France, qui met en avant les fortes baisses inhabituelles du PIB survenues en 2020 dans le contexte de la crise sanitaire comme raison principale pour la forte augmentation du taux d’endettement du secteur privé non financier.

L’état des dettes publiques dans la zone euro et particulièrement en France, est lui bien plus préoccupant et ce, malgré le programme de rachat de dette publique et privée récemment confortée et intensifiée par la Banque Centrale Européenne. En effet, le taux d’endettement des administrations publiques en % du PIB a lui aussi connu une hausse significative au cours de l’année 2020 pour atteindre 115,7%, soit 2650,1 milliards d’euros (+18,1%) (au sens de Maastricht) en France au quatrième trimestre de 2020. En décomposant ce chiffre, on peut mettre en avant la hausse notable de la contribution des administrations publiques locales (+19,5 milliards d’euros), des administrations de sécurité sociale (+75,2 milliards d’euros) et de l’Etat (+177,3 milliards d’euros). Grâce au retour à la normale de l’activité économique qui se dessine, ainsi que grâce au programme de rachat de dettes de la BCE, la situation semble néanmoins dépeindre l’arrivée d’une tendance baissière sur les deux derniers trimestres de 2020 (-23,7 milliards d’euros, soit -0,7%). La France demeure néanmoins l’un des pays de la zone euro et de l’Union Européenne parmi les plus endettés, seulement derrière les pays du « sud » que sont la Grèce (205,6%), l’Italie (155,8%), le Portugal (133,6%), l’Espagne (120%) et Chypre (118,2%).

Hors de l’Union européenne et de la zone euro, des évolutions similaires sont à observer dans différentes mesures, au Japon (+23,9% par rapport au quatrième trimestre 2019, pour une dette publique de 234,2% du PIB), aux États-Unis (+24,7% ; 128,4%) et au Royaume-Uni (+19,2% ; 104,5%). Le ralentissement observé dans certains pays européens n’est là cependant pas encore observable et la tendance haussière de l’endettement, bien que ralentie, se prolonge.

L’état de la dette publique en France reste préoccupant malgré les efforts de désendettement qui commencent à porter leurs fruits. Face à un tel niveau d’endettement, il est fort probable que la dette publique de la France reste élevée sur le long terme et que le sujet vienne agiter les débats des élections à venir. En somme, un retour au niveau d’endettement d’avant pandémie, déjà très élevé, n’est pas envisageable dans le proche futur et la question de la réduction des dépenses publiques méritera d’être une nouvelle fois posée.

Tableau de synthèse des dettes publiques et privées par Etat (2019)

 

Dette publique (t4 2019 en % du PIB)

Dette publique (t4 2020 en % du PIB)

Dette privée (t4 2019 en % du PIB)

Dette privée (t4 2020 en % du PIB)

Total (2019)

Total (2020)

Grèce

176,6%

205,6%

110,4%

125,1%

287,0%

330,7%

Italie

134,6%

155,8%

106,6%

-

241,2%

-

Portugal

117,7%

133,6%

149,5%

161,3%

267,2%

294,9%

Espagne

95,5%

120,0%

129,5%

147,4%

225,0%

267,4%

Chypre

95,5%

118,2%

259,1%

-

354,6%

-

France

97,6%

115,7%

152,6%

156%

250,2%

271,7%

Belgique

98,6%

114,1%

181,2%

202,4%

279,8%

316,5%

Royaume-Uni

85,3%

104,5%

140,7%

153,3%

226%

257,8%

UE 27

77,8%

92,25%

133,2%

-

211%

-

Croatie

73,2%

88,7%

91,1%

-

164,3%

-

Autriche

70,4%

83,9%

120,1%

-

190,5%

-

Slovénie

66,1%

80,8%

68,7%

70,8%

134,8%

151,6%

Hongrie

66,3%

80,4%

67,0%

76,0%

133,3%

156,4%

Allemagne

59,7%

69,8%

100,0%

109,6%

159,7%

179,4%

Finlande

59,4%

69,2%

146,9%

154,0%

206,3%

223,2%

Slovaquie

48,0%

60,6%

91,5%

96,8%

139,5%

157,4%

Irlande

58,8%

59,5%

202,4%

-

261,2%

-

Pologne

46,0%

57,5%

73,8%

75,9%

119,8%

133,4%

Pays-Bas

48,6%

54,5%

234,0%

-

282,6%

-

Malte

43,1%

54,3%

121,9%

-

165,0%

-

Lituanie

36,3%

47,3%

55,1%

-

91,4%

-

Roumanie

35,2%

47,3%

46,8%

48,2%

82,0%

95,5%

Lettonie

36,9%

43,5%

67,2%

-

104,1%

-

Danemark

33,2%

42,2%

222,1%

-

255,3%

-

Suède

35,1%

39,9%

203,2%

216,0%

238,3%

255,9%

République Tchèque

30,8%

38,1%

80,9%

-

111,7%

-

Bulgarie

20,4%

25,0%

91,8%

-

112,2%

-

Luxembourg

22,1%

24,9%

318,7%

-

340,8%

-

Estonie

8,4%

18,2%

97,8%

-

106,2%

-