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Budget 2026 : 3 119 postes en moins ou 8 459 postes en plus pour l'Etat ?

Le texte budgétaire qui a été déposé par le gouvernement prévoit d'augmenter les effectifs de l’Etat de 8 459 postes (-1735 sur les opérateurs/ +6724 au total). Alors que le gouvernement affiche une baisse de 3119 effectifs, on comprend que c'est le résultat de la prise en compte des baisses des effectifs des caisses sociales, ce qui n'a rien à voir avec les effectifs de l'Etat. Les dépenses de masse salariale de l'Etat (y compris cas pensions) vont augmenter en 2026 de 2,4 % soit 3,8 milliards pour atteindre presque 161 milliards. 

En 2024, les dépenses de personnel du budget général de l’Etat atteignaient 153,5 Mds€, soit une augmentation de +8,7 Mds€ (+6 %) par rapport à l’exécution 2023. En 2025, ces mêmes dépenses de personnel (y compris CAS pensions) atteignaient 157 Mds€ (soit une augmentation de +2,4 %). Elles atteindraient en 2026, près de 160,7 Mds€, soit une nouvelle hausse de +2,4 %. 

 

2023

2024

2025

2026

Ecarts 

26-25

Variations

26-25 (%)

Rémunération d'activité

84,8

89,8

90,5

91,2

0,7

0,8%

Autres cotisations

60,0

63,7

16,1

17,4

1,2

7,7%

CAS pensions

50,3

52,2

1,8

3,7%

Total

144,8

153,5

157,0

160,7

3,8

2,4%

Source : PLF 2026, calculs Fondation iFRAP octobre 2025.

La dynamique d’évolution des dépenses de titre 2 serait en réalité portée par le dynamisme des « autres contributions » et du CAS pensions plutôt que par celui des rémunérations d’activité. En effet, entre 2025 et 2026, ces dernières correspondant aux salaires et primes n’augmenteraient que de 0,8 %, contre +7,7 % pour les autres cotisations et de +3,7 % pour les contributions aux CAS pensions. Soulignons que cela résulte de l’augmentation des contributions employeurs qui ont été majorées en 2025 pour les pensions civiles de +4 points, à 78,28 % (contre 74,28% en 2024).Mais également s’agissant des « autres contributions » du déploiement des complémentaires santé dans la FPE (+1,2 Md€).

Les rémunérations d’activité ne progresseraient entre 2025 et 2026 que de 700 M€ (+0,8%) à 91,2 Mds€

 TOTAL Titre 2
Crédits sur titre 2 - Titre 2 2025

156,98

Impact du CAS pensions en 2025

50,84

Crédits sur titre 2 - hors CAS Pensions

106,14

Solde Exécution 2025 retraité

104,49

Impact du schéma d'emplois

0,31

Mesures catégorielles

0,26

Mesures générales

0,01

GVT positif

1,56

GVT négatif

-0,93

GVT Solde

0,64

Rebasage de dépenses au profil atypique (dont CET)

2,30

Autres variations des dépenses de personnel

0,36

Crédits sur titre 2 - hors CAS Pensions

108,29

Impact du CAS pensions en 2026

52,18

Crédits sur titre 2 - Titre 2 2026

160,47

Source : PLF 2026, calculs Fondation iFRAP octobre 2025.

La décomposition des dépenses de titre 2 hors CAS pensions montre que leur évolution à la hausse résulterait essentiellement des mesures catégorielles (+260 M€) et du schéma d’emploi (impact de l’augmentation des effectifs pour 310 M€ en net). Par contre le blocage du point d'indice aboutit à ce que les mesures générales soient inexistantes. Contribuerait également à la hausse la progression de carrière (GVT solde) de +640 M€. Notons que hors CAS pensions, et au regard des effets de périmètre importants (retraitements) faisant baisser les crédits de titre 2 hors CAS de -1,65 Mds€, les effets de rebasage seraient massifs avec une contribution de +2,3 Mds€ en lien notamment avec le paiement des CET (comptes épargne-temps). 

 

2025 (retraité)

PLF 2026

Ecarts

Variations

Evolution de la seule masse salariale hors CAS

104,49

108,29

3,79

3,6%

Aussi, malgré la modération salariale affichée, le pilotage de la masse salariale dans son ensemble, et même hors Pensions semble toujours difficile à exécuter… avec une dérive de près de +3,8 Md€…

Il faut dire que l’évolution des effectifs dans les ministères prioritaires n’a pas du tout été gagée cette année par une baisse symétrique des emplois dans les autres ministères et opérateurs. Ainsi, l’Education nationale, avec sa réforme de la formation des enseignants, permet désormais d’intégrer les élèves professeurs au sein des emplois civils de l’Etat durant leurs études. Il en résulte un accroissement des effectifs de fonctionnaires de près de +5.400 ETP. Au total, sur le budget général, les emplois augmenteraient de près de +8.381 ETP bruts, ramenés à +6.653 ETP à cause de la baisse des schémas d’emplois de certains opérateurs (-1.728 ETP, principalement sous la tutelle du ministère du Travail et des Solidarités en lien avec le recentrage de la formation professionnelle). 

En tout cas ces ajustements d’effectifs sont clairement insuffisants pour permettre une véritable reprise en main de la masse salariale, y compris hors CAS pensions (que l’on peut considérer à bien des égards comme une dépense non pilotable, le compte spécial ne pouvant pas par construction être placé en déficit). Pour y parvenir il aurait fallu que les plafonds d'emploi soient réellement en baisse. Il aurait alors fallu faire plus que compenser l'intégration des élèves professeurs au sein des effectifs de la FPE. Sans même évoquer l'incongruité de faire figurer la baisse des effectifs des caisses de sécurité sociale à côté des plafonds d'emploi publié par le Gouvernement (il ne s'agit pas du même périmètre), ce qui apparaît plus comme une opération de communication que comme une information sérieuse de nature à montrer les efforts réalisés au sein de l'Etat (ils appartiennent à la sécurité sociale).