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Rénover la flotte de surface de la marine nationale

La France, en termes de superficie avec 11 millions de kilomètres carrés, est la 2ème puissance maritime du monde. Une position qui nous force à poser la question de l’état et de la remise à niveau de notre flotte de surface de la marine nationale.

Quelles sont les zones d'intervention et les missions de la marine nationale depuis plus de 50 ans ?

  1. Méditerranée orientale : dès les années 1950 et accentuées depuis les années 1970 et suivantes : participation aux OPEX au Liban, en Syrie, en Irak, et lutte contre l'immigration clandestine ;
  2. Golfe Persique : notamment depuis la 1ère Guerre du Golfe 1990-1991, puis la lutte contre Daech ;
  3. Nord de l'Océan indien : intervention en Afghanistan entre 2001 et 2014 ;
  4. Mer Noire : participation aux mesures de réassurance de l'OTAN suite aux interventions de la Fédération de Russie en Ukraine et auparavant en Crimée ;
  5. Atlantique Nord (notamment aux larges de la Norvège) : participation aux mesures de réassurance de l'OTAN face aux actions maritimes de la Fédération de Russie ;
  6. Golfe de Guinée : lutte contre le piratage maritime, politique de coopération régionale avec les pays riverains, conduite d'éventuelles évacuations de ressortissants (400.000 ressortissants européens, dont 80.000 Français, vivent en Afrique de l'ouest), soutien aux OPEX aéroterrestres et actions humanitaires conduites par la France dans les pays riverains ;
  7. Mer rouge et nord de l'Océan indien : lutte contre la piraterie maritime, notamment venant de la Somalie ;
  8. Mer de Chine compte tenu des tensions de plus en plus fortes en Asie du sud-est : conduite de plusieurs déploiements, afin de marquer l'attachement de la France à la liberté de naviguer dans les eaux internationales et maintenir une présence dans cette zone de fortes tensions ;
  9. Zones maritimes des DOM/COM : lutte contre la pêche illégale ;
  10. Zones maritimes du territoire métropolitain, notamment en Bretagne où est située la base des SNLE : actions contre les intrusions de sous-marins russes ;
  11. Méditerranée occidentale : OPEX contre la Libye en 2011 ;
  12. Méditerranée occidentale : depuis notamment dès les années 2010, lutte contre l'immigration clandestine ;
  13. Mer des Caraïbes :  en ce qui concerne la lutte contre le trafic de stupéfiants ;
  14. Méditerranée, Atlantique, Manche, mer du Nord, Antilles, Guyane, océan Indien, océan Austral, Océanie et Pacifique : police des pêches ;
  15. Toutes les mers du globe : sauvetage en mer des personnes et assistance aux navires en difficulté ;
  16. Zones riveraines des pays et du territoire national : assistance aux populations atteintess par des catatrophes naturelles (Tsunami, ouragans...)

Il convient de rappeler l'intervention de l'Amiral Prazuck lors de son audition à la Commission de la défense nationale et des forces armées le mercredi 26 juillet 2017 Séance de 10 heures 30 (Compte rendu n° 9 - Présidence de M. Jean-Jacques Bridey, président) : «  Nos contrats opérationnels officiels datent du Livre blanc de 2013 et sont largement dépassés. Le Livre blanc nous demandait ainsi de réaliser deux missions permanentes, la dissuasion et la protection, et d’être déployés sur deux théâtres d’opération – contre cinq dans les faits aujourd’hui… Ensuite, le format de la marine, aux termes du Livre blanc, doit baisser. Nous devrions disposer de quinze frégates en 2030 contre dix-sept aujourd’hui alors que, clairement, depuis 2015, les engagements pour lutter contre le terrorisme et pour faire face au retour des États puissances augmentent. Les courbes se croisent, ce qui doit nous inviter à réfléchir. Enfin, le tempo des opérations, depuis 2015, s’est considérablement accéléré, ce qui entraîne une usure des matériels préoccupante ».

Cet éventail de missions suppose que la Marine nationale dispose notamment d’un nombre suffisant de frégates dotées de plusieurs équipements de renseignement (3ème dimension, surface, anti sous-marine...), de lutte surface-surface, surface-air, anti sous-marin et aériens avec ou non des équipages embarqués (hélicoptères et drones) avec différentes spécialités (renseignement, assaut, transport de commandos, RESCUE...)

Pour identifier les navires dans les 2 tableaux en pièces jointes, il convient de préciser au préalable les codes de leur classification des frégates qui sont apparents de chaque côté de leur proue par une lettre suivie de 3 chiffres :

  • D = frégates de 1er rang,
  • F= frégates de 2ème rang,

Les tableaux en pièces jointes mettent en évidence :

  1. la flotte des frégates de 1er et 2ème rang mises en service dans les années 1980-1990, tout en précisant que les frégates de la classe Floréal sont prépositionnées dans les DOM/COM ;
  2. la flotte des frégates de 1er rang mise en service dans les années 2010-2030 ;
  3. dont les FREMM (frégates multi-missions) dont certaines ont vocation à remplacer des frégates plus anciennes ;

Frégates devant être remplacées

Frégates prévue pour le remplacement

Classe Georges Leygues type

Classe FREMM

« Primauguet »

« Bretagne » en 2020

« La Motte-Picquet »

« Normandie » en 2022

« Touche-Tréville »

Pas remplacée

  • dont les FTI (frégates de taille intermédiaire) qui doivent remplacer entre entre 2023 et 2029 les frégates de la classe Lafayette : « Lafayette », « Surcouf », « Courbet », « Aconit » et « Guépratte ».

Il semblerait que la décision du ministère de la Défense de réaliser 5 FTI en lieu et place de 5 FREMM se serait appuyée sur notamment les motifs suivants (confer le site « Le Fauteuil de Colbert – article du 5 septembre 2017)  :

  1. soutien des activités de Naval Group (notamment ses bureaux d'étude) avec la conception d'un nouveau modèle de navire ;
  2. maintien du niveau d'activité des industries d'armement de dimension nationale (Naval Group, Thalés...) et régionale (notamment situées en Bretagne) avec la construction d'un nouveau modèle de navire ;
  3. satisfaction des besoins des marines étrangères avec un modèle moins cher.

En outre, il faut ajouter que 2 FREMM ont été vendues à l'export : Maroc et Égypte alors que les besoins en FTI des marines étrangères ne semblent pas être à ce jour avérés.

Jusqu'en 2008, la Marine nationale disposait de 24 frégates de 1er et 2d rang. Il convient de rappeler que :

  • La loi de programmation militaire 2003-2008 a prévu le format de 21 frégates de 1er rang : 17 FREMM et 4 frégates de la classe Horizon ;
  • La loi de programmation militaire 2009-2014 a prévu le format de 13 frégates de 1er rang : 11 FREMM, 2 frégates de la classe Horizon ;
  • Les lois de programmation militaire 2014-2019 et 2019-2025 prévoient le format de 12 frégates de 1er rang : 6 FREMM (spécialité de lutte anti-sous-marine), 2 FREMM avec des capacités de défense aérienne renforcées (FREDA), 2 frégates de défense aérienne, 2 FTI – ces 2 LPM stipulent aussi que les 3 frégates de 2d rang de la classe Lafayette seront modernisées en vue d'attendre l'arrivée des FTI de remplacement.

Conclusion

Ces éléments présentés supra mettent en évidence que la Marine aura certainement des difficultés pour tenir son activité opérationnelle eu égard au nombre de ses missions effectuées sur plusieurs zones maritimes par rapport aux moyens qui lui sont accordés.

Cette situation est à rapporter avec l'émergence d’États puissance qui s'accompagne du développement de capacités militaires (notamment navales) et l'explosion de nouveaux conflits et la croissance de zones de tension régionales, bien souvent aux portes de l'Union européenne.

Alors que la décision de créer 2 classes de frégates (FREMM et FTI) se traduit par un « gâchis » (voir notre note sur le sujet), il convient de noter que les FTI n'ont pas de missiles de croisière navals comme les FREMM et que leur équipage est supérieur en nombre et moins qualifié que celui des FREMM. De plus, il y a lieu de rappeler ce que disait le président Emmanuel Macron le 16 juillet 2017 "l'intérêt des armées doit primer sur les intérêts industriels."

Par conséquent, il sera utile de définir un nouveau volume de frégates de 1er rang pour lequel l'Amiral Prazuck s'est exprimé le 26 juillet 2017 avec des arguments opérationnels de la façon suivante « Je vise à cet égard dix-huit frégates de premier rang. Je rappelle que pendant la guerre des Malouines – qui n’était pas, loin s’en faut, un conflit mondial –, quatorze bâtiments britanniques ont été touchés ».

Compte tenu de l'éventail très large des missions opérationnelles de la Marine nationale, il conviendra de privilégier les FREMM avec l'objectif de remplacer aussi les 2 frégates de la classe Horizon avec des FREDA. Enfin, en ce qui concerne les FTI, elles pourraient avoir un avenir avec le renouvellement des frégates de surveillance prépositionnées dans les DOM/COM à partir des années 2030, années à partir desquelles, elles commenceront à rentrer dans un cycle d'obsolescence.

Frégates de surveillance

Port d'attache

DOM/COM

Floréal

Port de la Pointe des Galets

La Réunion

Prairial

Papeete

Polynésie française

Nivôse

Port de la Pointe des Galets

La Réunion

Ventôse

Fort-de-France

Martinique

Vendémiaire

Nouméa

Nouvelle Calédonie

Germinal

Fort-de-France

Martinique