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Musée des Confluences : 289 millions de dépassement, 6 ans de retard

Les contribuables Lyonnais atterrés

En décembre 2014, Lyon devrait voir s'achever la construction de son musée des Confluences. Un projet lancé en 1999 par le conseil général qui cumule 6 années de travaux de retard et 289 millions de dépassement sur le coût prévu initialement. Une multiplication des dépenses par 5 qui fait tiquer les opposants au projet et ce d'autant plus que le coût d'entretien de ce musée n'est pas encore clairement déterminé, entre de 15 et 30 millions d'euros annuels. L'association CANOL (Contribuables Actifs du Lyonnais) a enquêté sur les dérives de ce projet.

Le projet de construction d'un musée d'Histoire naturelle à Lyon date de 1999 et est initié par Michel Mercier, alors président du conseil général depuis 10 ans et candidat aux municipales de Lyon en 2001. Les premières estimations se font donc en francs : 400 millions de francs (61 millions d'euros). Un chiffrage probablement sous-estimé et auquel va venir se rattacher une accumulation de mauvaises décisions puisque la facture totale s'élèvera, 15 ans plus tard, à 350 millions d'euros (à titre indicatif, le Musée du Quai Branly, ouvert à Paris en 2006, a coûté 233 millions d'euros pour accueillir plus d'un million de visiteurs chaque année). Une sous-estimation du projet impossible à déterminer avec précision le cahier des charges initial ayat été perdu.

Ce projet cumule :

- une impossible entente entre le constructeur et l'architecte qui ne parvient pas à délivrer les plans en temps et en heure. Suite à l'arrêt des travaux, « un bureau d'études a été engagé pour 1,5 million d'euros pour faire le lien entre le cabinet autrichien [d'architecture] et le constructeur », inutile puisque le groupe Fayat ne reprendra jamais les travaux. « Une séparation à l'amiable qui a coûté 5 millions d'euros au département » chiffre CANOL.

- de nombreux problèmes liés au terrain choisi : situé trop près de l'autoroute A7, il faudra construire un mur de soutènement et organiser la dépollution des sols. Il faudra aussi aménager les berges de la Confluence pour 6 millions d'euros… et renforcer les fondations (31 mètres de profondeur au lieu de 19) puisque le poids total de la structure (le « Nuage de cristal ») a été sous-évalué. Enfin, le chantier du musée devenant de plus en plus à risque, les assureurs se retirent et c'est finalement le département lui-même, qui se porte garant.

Cela dit, le département peut être rassuré, début 2015, il ne sera plus responsable du projet puisque le propriétaire du musée sera officiellement la nouvelle métropole de Lyon. L'ouverture du musée devant faire office de passation de pouvoirs entre les deux collectivités. Un cadeau empoisonné puisque seront transférés à la métropole les prêts à rembourser et les frais de fonctionnement du musée : entre 15 et 30 millions d'euros annuels. Dans le meilleur scénario, si le musée parvient à accueillir 500.000 visiteurs dès la première année, la métropole aurait 12 millions d'euros à verser au musée. Un bilan coût/bénéfice tout simplement catastrophique d'autant qu'on sait peu de chose sur la collection à visiter puisque la seule acquisition actée est le squelette d'un dinosaure acheté pour 1,2 million d'euros. Face à cela, le financement du Centre Pompidou de Metz est presque à relativiser, le musée ayant au moins l'accès aux collections du Centre Pompidou de Paris, sa construction n'ayant coûté "que" 65 millions d'euros et la fréquentation semblant se stabiliser autour 335.000 visiteurs annuels.

Fondation iFRAP : Quelle a été la démarche de CANOL pour obtenir les éléments chiffrés de votre enquête ? Comment le conseil général a-t-il accueilli vos demandes ?

Michel Vergnaud : CANOL a repris toutes les délibérations votées par le conseil général depuis 2000, ce qui a permis de reconstituer l'historique (sur notre site) et a additionné toutes les AP (autorisations de programme) mandatées figurant dans les budgets successifs pour en connaître le coût. Ces documents sont disponibles sur internet ou accessibles sur demande. CANOL n'a pas pu obtenir le contrat pour l'établissement du programme initial (il a été perdu !), ni le programme lui-même (non-communicable et toujours en demande par la CADA).

Comment expliquez-vous le dérapage total du coût de ce musée ? Avez-vous pu identifier des services qui auraient dû alerter de cette dérive ? Comment expliquez-vous que cela n'ait pas été fait ?

Michel Vergnaud : C'est l'incompétence et l'absence de responsabilité de nos élus qui est la cause de ces dérives. Il est certain que le maître d'ouvrage délégué, la SERL (dont le président est conseiller général), a alerté des risques, mais n'a pas été suivi. Le maître d'oeuvre, un cabinet autrichien, qui n'a pas remis un travail propre et directement exploitable pour la construction, a sa part de responsabilité. Aucun élu n'a effectué l'étude que nous avons réalisée ! Aucun conseiller général, pas même d'opposition, n'a osé s'opposer à la poursuite du projet quand la 1ère entreprise a jeté l'éponge !

Quelles solutions seraient, selon vous, envisageables pour éviter ce genre de gabegie publique, aussi bien à Lyon que dans l'ensemble de nos collectivités locales ?

Michel Vergnaud : Nous avons voulu cerner les responsabilités et introduire 2 actions en justice, une au TA, l'autre au pénal. Nos 2 avocats nous ont dit que nous n'avions aucune chance de succès, le préjudice subi étant indémontrable ! Ses conclusions sont à télécharger (en bas de page). Il faut rendre les décideurs responsables financièrement et pénalement de leurs décisions.