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Le palmarès de l’absentéisme dans les conseils régionaux

Selon les dernières données disponibles 2020-2021

À la suite de la publication en début de mois du palmarès de l’absentéisme dans les conseils régionaux, la Fondation IFRAP a reçu le bilan social de la région Hauts-de-France. Nous avons donc mis à jour les données pour être au plus près des résultats disponibles. La Fondation IFRAP effectue un suivi de l’absentéisme dans les conseils régionaux depuis 2015 et cette dernière publication s’appuie sur les bilans sociaux (désormais appelés rapport social unique ou RSU) pour les années 2020 et 2021. Les 3 conseils régionaux dans lesquels l’absentéisme est le plus faible sont la Bretagne (24,4 jours d’absence toutes causes par agent), le Centre-Val-de-Loire (25,5 jours par agent), la Bourgogne-France-Comté (28,2 jours par agent). Les 3 conseils régionaux où l’absentéisme est le plus élevé sont la Corse (36,4 jours par agent), Grand Est (35 jours) et les Hauts-de-France (34,4 jours). La moyenne métropolitaine est désormais de 31,1 jours.

La Fondation IFRAP effectue un suivi de l’absentéisme dans les conseils régionaux depuis 2015. Nous avons établi un nouvel appel des bilans sociaux dans les conseils régionaux, le 3e, en adressant une demande le 15 septembre 2021 à tous les conseils régionaux métropolitains. Après plusieurs relances dont une saisine de la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) qui a validé notre demande, seul le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine n’a pas répondu à notre dernier courrier[1].

Voici les principaux éléments à retenir de cette étude :

Les 3 conseils régionaux dans lesquels l’absentéisme est le plus faible sont la Bretagne (24,4 jours d’absence toutes causes par agent), le Centre-Val-de-Loire (25,5 jours par agent), la Bourgogne-France-Comté (28,2 jours par agent). Les 3 conseils régionaux où l’absentéisme est le plus élevé sont la Corse (36,4 jours par agent), Grand Est (35 jours) et les Hauts-de-France (34,4 jours). La moyenne métropolitaine est de 31,1 jours. En termes d’équivalent personnel cela représente 6185 agents à temps complet, soit environ 8% des effectifs des conseils régionaux étudiés ! Si on retient un coût annuel chargé de 40 000 € bruts par agent et par an, cela représente un coût brut pour l’ensemble des conseils régionaux de 247 millions €. L’application du jour de carence a conduit à appliquer une retenue de 2,47 millions d’€ pour l’ensemble des conseils régionaux étudiés et qui ont renseignés cette information. Le coût net est donc plus proche de 244 millions €.

Au niveau de la maladie ordinaire, la Normandie se classe en tête avec 9,9 jours par agent, suivie de la Bretagne (11,5 jours) et de la Bourgogne-Franche-Comté (11,9 jours). Les plus mal placés sont le conseil régional de Centre-Val-de-Loire (17 jours par agent), le Grand Est (16,1 jours par agent) la Corse (15,7 jours) et Auvergne-Rhône-Alpes (15,4 jours). La moyenne métropolitaine des jours d’arrêts pour maladie ordinaire se situe à 13,8 jours par agent. En équivalent temps complet cela représente 2747 agents.

Concernant la région Centre Val-de-Loire, le résultat s’explique par la nature du document qui nous a été adressé : il s’agit d’une synthèse du RSU qui additionne les jours d’arrêt pour maladie ordinaire et accidents du travail. Comme il n’est pas possible de distinguer nous avons ne pouvons être surs du résultat. Etant donné que la région affiche un taux d’absentéisme plutôt faible au niveau global, ce résultat est certainement surévalué.

La période étudiée pourrait susciter quelques interrogations : en effet en 2020 et 2021, la France était frappée par l’épidémie de Covid-19. Pourtant il apparaît qu’au niveau des régions les mieux classées comme celles les plus mal placées, il n’y a pas une année 2020 ou 2021, qui ressort plus qu’une autre.

Par rapport au dernier classement que nous avions effectué sur la base des bilans sociaux 2015-2016, le Conseil régional de Corse a vu le nombre de jours d’absence toutes causes progresser de 5 jours et la région Grand Est de de 3,7 jours. En revanche, la région Auvergne-Rhône-Alpes affiche une forte baisse à -5,6 jours d’absences toutes causes par agent et la région Sud se situe à -3,8 jours d’absence et la région Hauts-de-France à -1,3 jour d’absence. Les régions les mieux placées dans l’analyse des bilans sociaux 2020-2021 ont vu le nombre de jours d’absence rester stable entre les deux enquêtes.

La transparence des données n’est plus une option !

Le fait que le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine refuse de nous faire parvenir son bilan social, comme cela avait été le cas lors de notre précédente enquête, est d’autant plus incompréhensible que le décret n° 2020-1493 du 30 novembre 2020 relatif à la base de données sociales et au rapport social unique dans la fonction publique s'applique aux collectivités territoriales et qu’il prévoit par son article 10 que le rapport social unique soit, dans un délai de soixante jours à compter de la présentation au comité social et au plus tard avant la fin de la période annuelle suivant celle à laquelle il se rapporte, rendu public par l'autorité compétente sur son site internet ou, à défaut, par tout autre moyen permettant d'en assurer la diffusion.

 

Les chiffres des ASA

Dans ce nouvel opus de notre enquête sur les bilans sociaux dans les conseils régionaux nous avons voulu faire un point sur les autorisations spéciales d’absence. Le régime des autorisations spéciales d’absence a été particulièrement utilisé pendant la période Covid. Originellement, nous souhaitions faire un point sur l’usage de ce régime particulier en 2020 mais les conseils régionaux n’ont pas toujours renseigné cette information. De surcroît, les retards à nous répondre et l’envoi de millésime 2020 ou 2021 ne nous permettent pas de comparer les conseils régionaux entre eux. Enfin, il faut rappeler que le régime des ASA couvre les autorisations d’absence pour enfant malade, mariage, décès, concours, fonctions électives, participation au Comité d'Oeuvres Sociales, réserviste, pompier volontaire, ...) ou formation particulière (ex : BAFA), hors motif syndical ou de représentation. Les jours comptabilisés ne sont pas donc pas forcément imputables à la période Covid même s’il y a une forte présomption. Néanmoins, voici ce que l’on peut observer sur les seuls conseils régionaux qui ont répondu (ce qui ne veut pas dire que le phénomène n’existe pas dans les autres). Le nombre de jours en ASA en 2020 s’établit à 23 jours par agent en Corse, 21 jours en Bourgogne-Franche-Comté, et 18,9 jours en Pays de la Loire pour l’année 2020. Ces nombres de jours sont finalement assez proches.

  • Les chiffres des congés longue maladie et congés longue durée

Avec la maladie ordinaire et les absences pour accidents du travail, ces chiffres ont une forte influence sur le taux global d’absentéisme. Pour les régions pour lesquelles, les données sont renseignées, les chiffres varient de 6 à 13 jours. Ils sont élevés en Ile de France (13,4 jours), dans les Hauts-de-France (13,6 jours) et en Occitanie (11 jours). Ils sont plus faibles en Pays de la Loire (6,1 jours) et Bretagne (7,4 jours). Ces chiffres ont tendance à croître avec l’âge moyen des agents. S’ils représentent un plus faible nombre d’arrêts maladie ils représentent en revanche un nombre de jours moyen par arrêt beaucoup plus long.

  • Les différences titulaires et non titulaires

Autre information intéressante, les différences de taux d’absentéisme entre titulaires et contractuels. Là où l’information est renseignée, on constate une forte différence d’absentéisme selon le statut. Le nombre de jours d’arrêt pour les titulaires varie de 27 à 40,7 jours d’absences toutes causes par agent titulaire là où il ne représente qu’entre 1,8 et 9,9 jours d’absences toutes causes par agent contractuel.

 

Bourgogne

Franche-Comté

Bretagne

Corse

Grand Est

Normandie

Hauts-de-France

Occitanie

Pays de la Loire

Centre Val de Loire

Titulaire

31,4

27,3

38,7

40,7

31,9

40,7

33,2

31,6

27

Contractuel

1,8

6,9

9,6

7,7

9,9

6,4

5,4

6,7

4,9

  • Les différences entre siège et agents des Lycées

La comparaison n’est pas aisée, peu de régions ayant renseigné cette donnée. Toutefois, elle revêt la plus grande importance, étant données les différences constatées sur seulement deux régions : Auvergne-Rhône-Alpes et Ile-de-France.

 

Nombre de jours d’absence toutes causes Siège

Nombre de jours d’absences toutes causes Lycées

Auvergne-Rhône-Alpes

16,5 jours

35,6 jours

Ile-de-France

19,4 jours

35,1 jours

  • Les taux d’absentéisme et la comparaison avec le privé

Le groupe Apicil a récemment publié un rapport de son observatoire des arrêts de travail. Il indique que le taux d’absentéisme est de 5% en 2021 et 5,76% en 2022. Ce travail a été réalisé sur la base des résultats des 53 000 entreprises clientes du Groupe représentant plus d’1 million de salariés du secteur privé via la DSN. Les arrêts de travail pris en compte sont la maladie, la maladie professionnelle, les accidents du travail (professionnel et trajet) et les temps partiels thérapeutiques. Ce taux correspond au taux d’absentéisme toutes causes hors parentalité dans le public. S’agissant des données sur les conseils régionaux étudiés, le taux d’absentéisme s’élève à 5,5% en moyenne.

Annexe : Pour mémoire les chiffres de l’absentéisme dans notre première enquête (2011-2012)


[1] Adressé le 15 juin 2023 en recommandé