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Il faut rationaliser la formation des effectifs de la sécurité civile

La France dispose d'une force de sécurité civile dont la qualité opérationnelle est reconnue aux niveaux national et international et qui est très variée. En effet, les unités de la sécurité civile sont les suivantes :

 

  1. les services départementaux d'incendie et de secours (SDIS) ;
  2. les centres communaux et intercommunaux de 1ère intervention intégrés dans les SDIS ;
  3. les centres communaux et intercommunaux de 1ère intervention non intégrés (CPNI) dans les SDIS ;
  4. les unités d'instruction et d'intervention de la sécurité civile (UIISC1) du ministère de l'intérieur ;
  5. la brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) ;
  6. le bataillon de marins-pompiers de Marseille (BMPM) ;
  7. les personnels de l'Office national des Forêts (ONF) : les auxiliaires de Protection de la Forêt Méditerranéenne (APFM) et les forestiers-sapeurs qui sont intégrés de fin juin à mi-septembre au dispositif de surveillance des massifs forestiers et de lutte contre les feux de forêts sous l’autorité des préfets des départements de la région méditerranéenne ;
  8. les comités communaux Feux de Forêt (CCPF) au niveau des départements notamment de la région méditerranéenne ;
  9. les pompiers de l'Armée de l'air des bases aériennes (BA) qui peuvent intervenir, dans le cadre de protocoles en coopération et en appui des SDIS dans la lutte contre les incendies et les feux de forêts.

En règle générale, toutes ces unités effectuent peu ou prou des missions identiques de prévention et de lutte contre des catastrophes naturelles et autres (technologiques, NRBC...), de secours aux populations et de protection de biens publics et privés.

Pour cela, ces unités sont armées par des personnels civils (fonctionnaires, contractuels de droit privé, volontaires et bénévoles) et militaires (carrière, sous contrat et volontaires) dont le nombre est le suivant :

  • sapeurs-pompiers professionnels essentiellement dans les SDIS : environ 40.800 personnels ;
  • sapeurs-pompiers volontaires dans les SDIS et en majorité dans les centres communaux et intercommunaux : environ 193.800 personnels ;
  • UIISC : environ 1.500 militaires de l'armée de terre et des services de santé des armées (SSA) et du commissariat des armées (SCA) ;
  • BSPP : environ 9.500 militaires de l'armée de terre et du SSA et du SCA ;
  • BMPM : environ 2.500 militaires de la Marine nationale et du SSA et du SCA ;
  • ONF : 1.270 personnels fonctionnaires, contractuels, ouvriers de l'Etat et emplois aidés ;
  • CCPF : bénévoles requis par les maires : effectif assez variable en fonction de leur disponibilité.

Leur recrutement et leur gestion supposent d'assurer au profit de ces personnels une formation initiale et continue sur plusieurs niveaux qui est assurée par un nombre important de centres de formation qui sont les suivants :

  • au sein de chaque SDIS : un centre de formation ouvert aux sapeurs-pompiers de métier, contractuels et volontaires ;
  • au sein de chaque UIISC : un centre de formation ;
  • au sein de la BSPP : le groupement de formation d'instruction et de secours (GFIS) disposant de 7 centres basés dans plusieurs sites : Saint-Denis (93), Masséna (Paris XIIIème), Villeneuve Saint-Georges (94), Voluceau (78), Rungis (94) Bailly dans les Yvelines (78) ;
  • au sein du BMPM : l’Ecole des marins-pompiers de la Marine (EMPM), le Centre municipal de formation aux techniques de premiers secours (CMFTPS) et l'Ecole de Perfectionnement aux Techniques de Conduite des Engins de Secours qui offrent aussi des stages aux personnels de la Marine nationale ;
  • au sein de l'ONF : différents centres assurant non seulement la formation dans le domaine de la protection et la gestion des espaces sylvicoles et des rivières, mais aussi de la prévention et de l'assistance à la lutte contre les feux de forêts.

A ce dispositif déjà très varié s'ajoutent d'autres organismes qui sont les suivants :

  • l'Entente pour la forêt méditerranéenne : établissement public partenaire de l’Etat pour la protection de la forêt contre l’incendie fort de 29 collectivités qui réunit 14 départements et SDIS et ouvert depuis 2004 aux régions et qui dispose de l'Ecole d'application de sécurité civile de Valabre (13) agréée par le ministère de l'intérieur et spécialisée dans la formation du domaine de la lutte contre les feux de forêt et de l’ensemble de la Sécurité Civile ;
  • l'Ecole Nationale Supérieure des Officiers de Sapeurs-Pompiers (ENSOP), établissement public sous la tutelle du ministère de l'intérieur (Aix-en-Provence et Vitrolles (13)) qui forme les officiers professionnels et volontaires.

En outre, le ministère de la Défense (MINDEF) dispose des organismes suivants :

  • l'école du génie d'Angers de l'armée de terre qui forme les officiers de la BSPP et des UIISC dans certains domaines de la sécurité civile (secours, sauvetage-déblaiement et traitement de l'eau) ; 
  • le Centre de formation des techniciens de la sécurité de l'armée de l'air (CFTSAA) de la BA 120 de Cazaux (33) qui offrent des stages aux pompiers de l’air des BA.

Conclusion

Le but de cet article n'est pas préconiser une piste de réduction d'effectifs dans les unités de la sécurité civile. Bien au contraire, les différentes catastrophes naturelles qui s'abattent depuis quelques années sur le territoire national et d'autres pays, nécessitent, pour la France, d'avoir une force rapide de réaction et de projection à la hauteur de la position internationale de notre pays.

Néanmoins, il s'agit de recentrer la formation des personnels de la sécurité civile sur un centre interministériel unique disposant d'infrastructures terrestres, fluviales et maritimes nécessaires à cette formation dans la lutte contre les catastrophes naturelles et technologiques, et ce dans une logique :

  • d'économies budgétaires dans le domaine du soutien des cycles de formation - les effectifs ainsi économisés dans ce domaine pouvant être ainsi redéployés vers les unités opérationnelles d'autant que le corps des sapeurs-pompiers volontaires connaît actuellement une crise de recrutement ;
  • de standardisation des procédures d'engagement des unités opérationnelles et de partage des savoir-faire opérationnels et techniques qui pourraient aussi déboucher sur une rationalisation, voire une uniformisation des équipements individuels et collectifs à réaliser dans le cadre de marchés interministériels réduisant ainsi les coûts d'acquisition.

Cette proposition est d'autant plus opportune que les enseignements dispensés par ces nombreux et différents centres de formation suivent le programme des Guides Nationaux de Référence dans le domaine de la sécurité civile.

La cession du patrimoine foncier des actuels organismes de formation qui est important, permettra de générer des recettes exceptionnelles qui pourraient financer la création de ce centre interministériel dont la réalisation et l'exploitation pourraient être confiées au secteur privé dans le cadre d'un contrat de partenariat public-privé (CPP).

Le choix du site de ce centre interministériel pourrait être décidé dans une logique de redynamisation de zones désertifiées par différentes administrations de l'Etat, notamment le MINDEF.

En outre, dans une logique de compensation de l'effort de solidarité nationale à l'égard des jeunes en difficulté accueillis dans les centres de l'EPIDe et du service militaire volontaire du MINDEF (environ 4.000 personnels), ces derniers doivent être mobilisés dans les actions de lutte contre les catastrophes naturelles tout en recevant au préalable la formation nécessaire. En effet, le service militaire adapté (SMA) du ministère de l'outre-mer participe en appui de la sécurité civile2 et en liaison avec l'ONF, à la lutte contre les feux de forêts et les incendies dans les DOM-COM : exemples = La Réunion (2010 à Maïdo), Nouvelle Calédonie (2016 à Poum)

Enfin, il y a lieu de s'orienter sur le nécessaire du déploiement des unités de sécurité civile sur la base de l'exemple de la création du service départemental-métropolitain d’incendie et de secours (SDMIS) qui exerce ses missions sur le territoire du département du Rhône et de la métropole de Lyon. C'est ainsi que la création des nouvelles métropoles devraient s'accompagner d'une restructuration comme celle du SDMIS – confer la carte des métropoles présentée ci-dessous :

 

En outre, il y a lieu de noter une possibilité de rationalisation dans le département des Bouches-du-Rhône où cohabitent le BMPM compétent sur le territoire de la ville de Marseille, le Grand Port Maritime de Marseille, et l'emprise de l’aéroport Marseille-Provence, et le SDIS 13 qui est compétent sur le reste du département – confer la carte du déploiement du BMP ci-dessous :

Source : BMPM

Il en est de même dans la région de l'Île-de-France où la BSPP est compétente dans la Ville de Paris et les départements des Hauts-de-Seine (92) (qui devrait fusionner avec celui des Yvelines (78)), de la Seine-Saint-Denis (93) et du Val-de-Marne (94) alors que les autres départements de cette région disposent de leur propre SDIS - confer la carte du déploiement de la BSPP ci-dessous.

 
Source : BSPP

Crédit illustration de l'article :  © Xavier Caré / Wikimedia Commons / CC BY-SA 4.0

1UIISC n° 1 (Nogent-le-Rotrou, 5 (Corte) et 7 (Brignolles).

2Qui assure au profit des volontaires du SMA une formation élémentaire, préalable et continue relative à ce type de mission.