Actualité

Coût du confinement: de 4 à 16 milliards d'euros/semaine

Suivant 3 modalités de confinement

Alors qu’un troisième confinement se profile, dont les modalités et contraintes sur l’économie restent à définir, nous tentons d’apprécier les conséquences des deux premiers confinements mis en place en France du 17 mars au 11 mai 2020 (1er confinement, 56 jours) et du 30 octobre au 15 décembre 2020 (2ème confinement, 46 jours).

Synthèse

Modalité confinement de type mars-avril 2020 

  • Coût par semaine pour le PIB français : 16 milliards d’euros ;
  • Coût par semaine en emplois menacés : 72 000 emplois ;
  • Coût par semaine sur les recettes publiques totales : estimation d’environ 4 milliards d’euros ;
  • Coût par semaine en dépenses publiques supplémentaires : entre 4 et 5 milliards d’euros.

Modalité confinement de type novembre 2020 

  • Coût par semaine pour le PIB français : 7,5 milliards d’euros ;
  • Coût par semaine en emplois menacés : 31 500 emplois ;
  • Coût par semaine sur les recettes publiques totales : estimation d’environ 2 milliards d’euros ;
  • Coût par semaine en dépenses publiques supplémentaires : environ 2 milliards d’euros.

Modalité confinement uniquement le week-end (commerces fermés) 

  • Coût par semaine pour le PIB français : 4,5 milliards d’euros ;
  • Coût par semaine en emplois menacés : 20 000 emplois ;
  • Coût par semaine sur les recettes publiques totales : estimation d’environ 1 milliard d’euros ;
  • Coût par semaine en dépenses publiques supplémentaires : environ 1 milliard d’euros.

L’exercice n’est pas aisé car le « contrefactuel » est difficile à apprécier : Qu’auraient été la croissance de l’économie, la consommation des ménages, l’investissement des entreprises en 2020 si la pandémie et les confinements mis en place pour tenter de la contenir n’avaient pas eu lieu ? Nul ne le saura jamais. L’appréciation est rendue difficile par le fait qu’une récession (ou au moins un ralentissement économique) commençait à poindre dès le 4ème trimestre 2019 et que l’année 2020, même sans pandémie et confinements, eut été de toute manière une mauvaise année économique pour l’économie française.

Nous bâtissons notre analyse sur les données trimestrielles des comptes nationaux de l’INSEE disponibles jusqu’au troisième trimestre 2020 et estimons le quatrième trimestre sur base d’une croissance de l’économie française de -9% sur l’ensemble de l’année 2020 (ce qui aboutit plutôt à minimiser les effets du deuxième confinement).

Partant d’une hypothèse sur ce qu’aurait été la croissance en 2020 sans la pandémie et les confinements (légère récession avec une décroissance du PIB de -0,4%), nous en déduisons l’effet du confinement sur les données des trimestres concernés.

Données trimestrielles des grands agrégats de l’économie française (en milliards d’euros chaînés)

 

PIB

Importations

Consommation

FBCF

Exportations

Variations de stocks

2018T1

569,5

192,9

443,6

129,9

183,1

5,9

2018T2

570,8

194,7

443,5

130,9

184,1

6,9

2018T3

572,9

194,3

444,6

132,2

185,7

5,2

2018T4

576,5

196,9

446,6

133,5

189,3

5,1

2019T1

579,5

199,4

448,8

135,1

190,3

4,9

2019T2

581,2

199,6

450,9

136,8

189,4

3,7

2019T3

582,0

200,8

452,7

138,4

188,6

3,6

2019T4

581,0

199,2

454,0

138,8

186,9

1,2

2020T1

546,8

188,0

431,5

124,3

174,8

6,1

2020T2

471,4

156,3

381,6

106,3

130,8

11,7

2020T3

559,4

182,6

449,0

131,7

159,7

4,2

2020T4 (e)

537

180

450

124

137

1

Source : Insee, et estimation iFRAP pour le T4 2020

Croissance en année glissante et contribution des agrégats

 

PIB

Importations

Consommation

FBCF

Exportations

Variations de stocks

2018T1

2,4

-1,2

1,0

0,8

2,1

-0,2

2018T2

1,9

-1,5

0,6

0,7

1,4

0,6

2018T3

1,6

-0,7

0,4

0,7

1,2

0,0

2018T4

1,4

-0,8

0,7

0,7

1,1

-0,1

2019T1

1,8

-1,1

0,9

0,9

1,3

-0,2

2019T2

1,8

-0,9

1,3

1,0

0,9

-0,5

2019T3

1,6

-1,1

1,4

1,1

0,5

-0,3

2019T4

0,8

-0,4

1,3

0,9

-0,4

-0,7

2020T1

-5,7

2,0

-3,0

-1,9

-2,7

0,2

2020T2

-18,9

7,4

-11,9

-5,3

-10,1

1,4

2020T3

-3,9

3,1

-0,6

-1,2

-5,0

0,1

2020T4 (e)

-7,6

3,3

-0,7

-2,5

-8,6

0,0

Source : Insee, et estimation iFRAP pour le T4 2020

Croissance annuelle et contribution des agrégats

 

PIB

Importations

Consommation

FBCF

Exportations

Variations de stocks

2018

1,8

-1,0

0,7

0,7

1,4

0,1

2019

1,5

-0,9

1,2

1,0

0,6

-0,4

2020

-9,0

4,0

-4,1

-2,7

-6,6

0,4

Etablissement d’un contrefactuel : ce qu’aurait été l’année 2020 en l’absence de la pandémie et des confinements

Nous prenons une hypothèse qui aboutit à minimiser l’effet de la pandémie et des confinements puisque nous considérons qu’il y aurait eu une légère récession en France en 2020 même sans la crise sanitaire (-0,4%). Si nous retenions une croissance positive, l’effet de la pandémie et des confinements sur l’économie apparaitrait encore plus négatif.

Estimation des données trimestrielles pour 2020 hors pandémie et confinements

 

PIB

Importations

Consommation

FBCF

Exportations

Variations de stocks

2020T1

572,0

192,8

443,3

134,4

183,0

5,0

2020T2

575,0

194,4

446,2

135,1

184,0

5,0

2020T3

582,0

197,3

452,2

136,8

186,2

3,0

2020T4

586,0

199,2

455,9

137,7

187,5

3,0

Croissance en année glissante et contribution des agrégats

 

PIB

Importations

Consommation

FBCF

Exportations

Variations de stocks

2020T1

-1,3

1,1

-0,9

-0,1

-1,3

0,0

2020T2

-1,1

0,9

-0,8

-0,3

-0,9

0,2

2020T3

0,0

0,6

-0,1

-0,3

-0,4

-0,1

2020T4

0,9

0,0

0,3

-0,2

0,1

0,3

2020

-0,4

0,7

-0,4

-0,2

-0,6

0,1

Ecart entre le scénario constaté et le contrefactuel (coûts des confinements)

Effets de la pandémie et des confinements (en milliards d‘euros)

 

PIB

Importations

Consommation

FBCF

Exportations

Variations de stocks

2020T1

-25

-5

-12

-10

-8

1

2020T2

-104

-38

-65

-29

-53

7

2020T3

-23

-15

-3

-5

-27

1

2020T4

-49

-19

-6

-14

-51

-2

Ecart entre les données constatées et le contrefactuel

Le premier confinement a concerné le T1 2020 pendant 15 jours et le T2 2020 pendant 31 jours.

Les effets du 1er confinement auraient été une destruction de PIB de 12 milliards d’euros par semaine sur le T1 2020 et de 23 milliards d’euros par semaine sur le T2 2020. Pour l’ensemble du 1er confinement, nous parvenons donc à un effet de 16 milliards d’euros de baisse de PIB par semaine. L’effet sur la consommation représente la plus grosse partie de l’effet négatif sur le PIB.

Le deuxième confinement a concerné uniquement le T4 2020 pendant 46 jours.

Les effets du 2ème confinement auraient été une destruction de PIB de 7,5 milliards d’euros par semaine sur le T4 2020. Les contraintes légèrement moins fortes de ce deuxième confinement ont permis d’atténuer son coût économique.

On peut donc estimer qu’un confinement « dur » (de type avril) pourrait coûter environ 15 milliards d’euros par semaine. Un confinement plus « allégé » pourrait atténuer ce coût mais sans véritablement permettre de descendre celui-ci en-dessous de 5 milliards d’euros.

Quels effets sur l’emploi ?

Les effets sur l’emploi ne sont pas immédiats, notamment parce que le dispositif d’activité partielle permet d’atténuer les effets de la chute d’activité et de retarder les destructions d’emploi. On ne peut donc que chiffrer les emplois menacés par cette chute d’activité. La probabilité de destruction d’emplois effective ne pourrait du reste que s’accroître avec l’avènement d’un troisième confinement qui pérenniserait encore un peu plus ces trous d’air d’activité pour l’économie française.

L’emploi intérieur total s’établissait à 26,849 millions en 2019 soit environ 11 600 emplois par point de PIB (dont 7 900 emplois dans les branches marchandes non agricoles).

Avec un coût économique de 100 à 125 milliards d’euros, le premier confinement a donc menacé la destruction de plus d’un million d’emplois (mais il y a eu un rebond au T3 permettant que ces destructions potentielles ne se matérialisent pas complètement).

Le second confinement, avec un coût de l’ordre de 50 milliards d’euros, a menacé la destruction de 500 000 emplois (certainement les mêmes).

Un confinement dur d’une durée de 15 jours c’est donc la certitude d’une destruction de PIB de 30 milliards d’euros et une menace sur 30 000 emplois.

Un confinement allégé d’une durée de quatre semaines, c’est une perte de PIB de l’ordre de 30 milliards d’euros également.

Utilisation d’une méthode d’évaluation rétrospective de contrôle

Afin de vérifier l’ordre de grandeur des estimations proposées, une autre méthode a également été développée sur la base des résultats de gestion disponibles pour l’année 2020. Les résultats sont les suivants :

Données

Confinement 1

Confinement 2

Couvre-feu 1

Durée jours

56

49

16

PIB/jour Mds

-1,77

-0,71

-0,32

Perte emplois/jour (nombre)

-12 448

-4 972

-2 276

Perte recettes fiscales et sociales/jour Mds

-0,78

-0,31

-0,14

Coût chômage partiel/jour/salarié en euros

19,48 €

19,48 €

19,48 €

Coût total sur la durée\année

Confinement 1

Confinement 2

Couvre-feu 1

PIB en milliards

-98,89

-34,56

-5,17

Pertes emplois\chômage

-697 100

-243 620

-36 421

Chômage partiel

8 314 286

2 608 776

2 203 125

Pertes de recettes fiscales et sociales (Mds)

-43,61

-15,24

-2,28

Coût du chômage partiel (Mds)

9,07

2,49

0,69

A également été testé l’hypothèse du coût du 1er couvre-feu pendant 16 jours. Cette méthode permet en outre de documenter le coût estimatif du chômage partiel induit. Ces éléments sont présentés pour une semaine de confinement/couvre-feu :

Semaine

Confinement 1

Confinement 2

Couvre-feu 1

PIB/semaine Mds

-12,36

-4,94

-2,26

Perte emplois (nombre)

-87137,50

-34802,79

-15934,07

Perte recettes fiscales et sociales Mds

-5,45

-2,18

-1,00

Coût chômage partiel/semaine/salarié en Mds €

1,13

0,36

0,30

Convergence et divergence entre les résultats des deux méthodes :

 

Confinement 1

Confinement 2

 

Evaluation (1)

Contrôle (2)

Ecart (1)-(2)

Evaluation (1)

Contrôle (2)

Ecart (1)-(2)

PIB/semaine Mds

-16

-12,36

-3,64

-7,5

-4,94

-2,56

perte emplois/semaine (nombre)

-72000,00

-87137,50

15137,50

-31500,00

-34800,00

3300,00

perte recettes fiscales et sociales/semaine Mds

-4

-5,45

1,45

-2

-2,18

0,18