Actualité

Bilan des participations militaires de la France aux opérations de l'ONU

Les opérations de maintien de la paix (OMP), dont le concept a été créé lors de la guerre israélo-arabe de 1948, consistuaient à l'origine un dispositif d'interposition entre des parties belligérantes, sur une ligne de front. Elles ont ensuite intégré des missions multidimensionnelles : stabilisation sécuritaire, organisation d’élections, reconstruction d’un État de droit, protection des droits de l’Homme, assistance économique et humanitaire, dépollution, désarmement, démobilisation et réinsertion, etc.

Depuis sa création, l'ONU a conduit les missions suivantes :

  • en Afrique : 22 missions dont 15 auxquelles la France a participé dans des pays francophones (Centrafrique, Tchad, Burundi, Côte d'Ivoire, Congo, République démocratique du Congo), lusophones (Angola), anglophones (Liberia, Sierra Leone, Érythrée) ;

  • en Amérique : 8 missions dont 3 auxquelles la France a participé en Haïti ;

  • en Asie : 16 missions dont 6 auxquelles la France a participé dans des pays francophones (Cambodge), lusophone (Timor oriental), et arabophone (Moyen-Orient) ;

  • en Europe : 8 missions dont 5 auxquelles la France a participé en majeure partie en ex-Yougoslavie et en Géorgie.

La participation militaire3 de la France aux OMP consiste à la mise à disposition d'unités dans les forces onusiennes (ex : FINUL), et de personnels dans des équipes d'observation (ex : MINURSO) et des états-majors des forces onusiens (ex : ONUCI). Depuis 2002, elle concerne entre 10 et 20% du total des effectifs projetés par la France en OPEX.

En outre, la France participe aussi à la préparations des OMP avant leur projection. A travers, la préparation de l'équipement et du soutien logistique des unités notamment africaines à partir de stocks RECAMP gérés par les forces prépositionnées à Dakar, Libreville et Djibouti, comme en 2000-2001 pour les unités sénégalaise et marocaine de la MONUC (République démocratique du Congo). Mais également à la formation des militaires et des unités par les armées et les 17 écoles nationales à vocation régionale comme le Centre d’entraînement aux opérations de maintien de la Paix (CEOMP) de Lomé (Togo) financé par le ministère des Affaires Etrangères (MAE) sans contrepartie de remboursement de l'ONU et qui sont les suivantes :

source : direction de la coopération de sécurité et de défense du MAE.

Le financement des OMP est effectué à partir des appels à contribution selon une périodicité qui dépend de la durée des mandats adoptés par le Conseil de Sécurité de l'ONU et de leur articulation entre ses décisions et celles de l'Assemblée Générale en matière budgétaire (cycle budgétaire annuel des OMP : du 1er juillet au 30 juin). Les budgets peuvent être révisés en cours d'exercice en cas d'urgence ou de création de nouvelles OMP. Outre les contributions volontaires supplémentaires (transport, fournitures, formation...) de certains pays4 non remboursables, la participation financière en 2014-2015 des principaux pays contributeurs au budget des OMP est la suivante : 28,38% versé par les États-Unis d'Amérique, Japon (10,83%), France (7,22%), Allemagne (7,14%), Royaume-Uni (6,68%), Chine (6,64%), Italie (4,45%), Fédération de Russie (3,14%), Canada (2,98%) et Espagne (2,97%). Mais cette contribution financière est inversement proportionnelle aux contributions de contingents civils et militaires principalement assurées par les pays de l'hémisphère sud (Bangladesh, 9 434 effectifs déployés / Pakistan, 8 456  / Ethiopie, 8 141 / Inde, 8 008 / Rwanda, 5 595, etc) ; voir la carte interractive complète ici.

Les remboursements versés par l'ONU aux pays contributeurs aux OMP sont effectués au titre de la fourniture :

  • de militaires : tarifs mensuels par personnel : 1.028 $ US de solde et d'allocation, 303 $ US de prime supplémentaire pour les spécialistes, 68 $ US pour les uniformes et l'équipement et 5 $ US pour les armes personnelles ;

  • de matériel militaire des unités: sur la base d'une contrat avec les pays fournisseurs concernant la location du matériel (associant ou non5 la maintenance) établi à partir d'une nomenclature onusienne ;

  • de prestations : biens consommables (rations alimentaires...), équipements (pièces détachées, véhicules...) et services (transports...) pour lesquels ils sont remboursés sur facture.

Chaque OMP étant budgétairement individualisée, sans possibilité d'abondement par d'autres sources budgétaires, le calendrier des remboursements dont la procédure est complexe dépend de l'état de la trésorerie de l'ONU (donc des contributions des États membres) et génére un décalage de 6 à 18 mois entre les dépenses supportées par les pays contributeurs et les remboursements. Les remboursements de l'ONU auprès de la France ne viennent pas abonder le budget du ministère des Affaires Etrangères (MAE) qui acquitte les contributions financières aux OMP, (programme budgétaire 105 « Action de la France en Europe et dans le monde ») :

Contributions financières françaises du MAE aux OMP de l'ONU en 2014 (en euros)

MONUC

Mission des Nations unies en République Démocratique du Congo

78 466 205

MINUAD

Mission des Nations unies au Darfour

71 198 062

MINUSS

Mission des Nations unies au Soudan du Sud

52 883 782

MINUSMA

Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali

41 984 745

ONUCI

Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire

32 554 007

MINUSTAH

Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti

29 951 565

FINUL

Force intérimaire des Nations unies au Liban

27 359 050

MINUL

Mission des Nations unies au Liberia

26 859 868

AMISOM

Mission de l'Union africaine en Somalie

25 178 602

FISNUA

Force intérimaire des Nations unies à Abeyei

17 122 510

Autres OMP

11 157 191

Total

414 715 587

Source : réponse au questionnaire adressé au Gouvernement en application de l'article 49 de la LOLF

Ces remboursements qui alimentent, par fonds de concours, les budgets des ministère de la Défense et de l'Intérieur supportant les dépenses en personnel, matériel et prestations, sont inférieurs aux surcoûts OPEX au titre de l'ONU - confer le tableau ci-dessous (millions d'euros):

Année

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Remboursements de l'ONU pour toutes OMP auxquelles participe la France

7,42

15,25

7,92

23,1

40,66

34,55

36,5

33,6

28,6

25,4

Surcoûts français OPEX de la FINUL

Non connu

Non connu

42,5

64

81,4

90,3

83,3

78,6

76,3

61,6

Les missions : 

  • La FORPRONU6 (juin 1992 – décembre 1995) : un échec patent d'OMP

Pour rappel, la France n'ayant pas pu obtenir de l'Union européenne occidentale un consensus sur une intervention en ex-Yougoslavie neutre, pacifique et humanitaire, elle proposa à l'ONU de lancer une OMP sous la forme d'un déploiement d'une force d'environ 40 000 Casques bleus (venant de 45 pays) répartis comme suit :

  • 15 200 en Croatie dont 8 000 dans les Krajina croates occupées par les forces serbes ;

  • 23 600 en Bosnie-Herzégovine, dont à Sarajevo : 4 000 = 3 bataillons français et 1 détachement air chargé de la gestion de l'aéroport (2 600 soldats), 1 bataillon égyptien (430), 1 bataillon russe (500) et 1 bataillon ukrainien (550) ;

  • 1 100 en Macédoine.

Les principaux contributeurs furent la France7 (4 6508), la Jordanie (3 500), la Grande-Bretagne (3 400), le Pakistan (3 050) et le Canada (2 149). L’engagement militaire français a concerné les points sensibles du territoire de l'ex-Yougoslavie : Bosnie (Sarajevo et 1 bataillon logistique à Mostar), Croatie : 1 bataillon d'infanterie à Bihac, 1 bataillon du génie à Kakanj et 1 détachement ALAT à Ploce.

En outre, dès d’avril 1993, l’OTAN et l'UEO mettent en place 2 dispositifs aéronavals (participation française : opérations Balbuzard, Crécerelle) ayant pour but l’interdiction, la surveillance et l'appui aériens de la zone d'opération (Deny Flight) et l'application des sanctions économiques contre la Serbie (Sharp Guard en mers Ionienne et Adriatique).

Suite à la dégradation en mai 1995 de la situation (prises d'otage de plusieurs Casques bleus dont des militaires français par les milices serbes en représailles aux frappes aériennes), est projetée, à la demande de la France9 dès juin 1995 une force de réaction rapide (FRR) indépendante de la FORPRONU chargée de sa protection avec des moyens lourds10 et relevant directement de ses commandants militaires, excluant de facto le Secrétaire général de l'ONU et son représentant spécial en ex-Yougoslavie. Cette FRR (France, Grande-Bretagne, Pays-Bas) de 4 200 personnels dont prés de 2 000 français qui a été appuyée par un diapositif aérien de l'OTAN (opération Deliberate Force) a été suivie du déploiement de l'IFOR sous commandement de l'OTAN (60 000 personnels dont 7 500 français), puis en 1996 de la SFOR (32 000 personnels dont 5 500 français), et enfin en 2004 du dispositif EUFOR ALTHEA qui mettent fin à la guerre civile.

En dépit de son effort pour l'acheminement de l'aide humanitaire en Bosnie-Herzégovine, notamment vers Sarajevo, la FORPRONU n'a pas su préserver la totale sécurité des populations civiles (massacre de Srebrenica, tir sur le marché de Markale de Sarajevo le 5 février 1994...) et des unités onusiennes, rétablir et maintenir la paix, en raison de la complexité de la chaîne de commandement et des difficultés de collaboration entre les contingents dont une partie n'a pas brillé par leur comportement vis à vis des populations civiles et leur capacité opérationnelle.

En outre, la participation de la France à la FORPRONU s'est traduite par un coût important en terme diplomatique (leadership américain de l'intervention de l'OTAN en 1995), humain (55 militaires tués11 dont 23 par des actes hostiles et environ 700 blessés qui ont suscité un manque d'adhésion de l’opinion publique à cette OMP), financier (remboursements forfaitaires de l'ONU ne compensant pas en totalité le coût total de sa participation), militaire (sentiment d'impuissance des militaires français dont certains ont souffert d'humiliations et d'infiltration idéologique), économique et culturel (écart entre l'aide économique et culturelle de la France et les retombées à son profit : la Bosnie est dans les années 2000, le 121ème client de la France et son 107ème fournisseur, baisse continue de l’enseignement du français derrière l'anglais et l’allemand...).

  • ONUSOM12 I (décembre 1992 – avril 1993) et ONUSOM II (mai 1993 – mars 1995) : les limites de l'intervention onusienne en Afrique

Dans le cadre de l'opération multinationale « Restore Hope » (force d'intervention unifiée (UNITAF) – 40 000 personnels sous commandement américain) lancée à la demande de l'ONU pour soutenir l'OMP ONUSOM I (950 militaires), la France a déployé l'opération Oryx 1 avec une force aéroterrestre d'environ 4 000 personnels qui, s'appuyant sur les forces françaises à Djibouti (FFDJ - environ 55% des personnels), avait pour mission d'assurer l'approvionnement et la protection de populations civiles, la destruction des armes et munitions, la dépollution des axes de circulation et le retour de l'administration.

En mai 1993, la France a projeté au sein de l'ONUSOM II (28 000 personnels venant de 35 pays) dans le cadre de l'opération Oryx 2 un contingent de 1 100 personnels13 (dont 45% AVAE) intégrée dans une brigade (engerbant des bataillon marocain et zimbabwéen et une unité médicale grecque), dont elle a assuré le commandement du secteur ouest de la Somalie (centré sur Baïdoa). La mission de ONUSOM II était de rétablir la paix, favoriser la reconstruction du pays et faciliter le retour de l'administration locale.

Les combats du 17 juin 1993 à Mogadiscio14 entre les rebelles somaliens et un détachement français (200 personnels15) en soutien d'une une unité de pakistanais, d'italiens et de marocains ont mis en évidence la complexité de la chaîne de commandement de l'ONU et les limites du cadre d'intervention de la force onusienne : la durée des combats qui aurait pu être réduite par des actions ciblées, s'explique par le souci de l'ONU d'obtenir des informations précises sur les cibles avant d'autoriser la riposte. Finalement, la force onusienne quitte la Somalie dés la fin 1994 sans avoir accompli sa mission.

  • APRONUC16 (mars 1992 – novembre 1993) : un relatif succès

Précédée par la MIPRENUC17 (1 500 personnels dont 200 militaires français), l'ONU a décidé la projection d'une force de 15 900 militaires (venant de 48 pays) pour laquelle la France a consacré une force aéroterrestre d'environ 1 500 personnels18 (dont environ 60% d'AVAE).

L’APRONUC avait pour but de faire respecter les engagements contractés lors de la signature des accords de Paris : respect des droits de l’homme, organisation d’élections, sécurisation du pays, retour de l’administration civile, réinstallation des personnes déplacées et relèvement de l’infrastructure. Si le bilan des actions peut sembler positif (retour des réfugiés, mise en œuvre du processus électoral) obtenu grâce au budget très substantiel de la mission (1,6 milliards de $ US), il s’avère qu'au départ de l'APRONUC, la situation politique et la reconstruction économique du pays étaient balbutiantes.

  • La FINUL19 : une OMP qui dure depuis plus de 35 années sans engranger des résultats substantiels

A la demande du Liban à l'ONU en raison des affrontements israélo-palestiniens sur son sol, a été déployée en mars 1978 la FINUL d'environ 6 000 personnels dont prés de 1 200 militaires français (1 bataillon opérationnel de 600 personnels20 en région de Tyr et 1 bataillon logistique de 600 personnels : 420éme détachement de soutien logistique (DSL) à Naqourah)21. Cependant, la confrontation armée de 1978 à 1979 entre le contingent français et les milices palestiniennes s'est traduite par le retrait du bataillon opérationnel22, le 420éme DSL étant maintenu pour assurer le soutien logistique de la FINUL.

Après le retrait de la FMSB de Beyrouth, la France renforce la FINUL avec un nouveau bataillon opérationnel d'environ 650 personnels dans le Sud-Liban dès 1984. Cependant, il a été confronté à de nombreux incidents relatifs au retrait progressif de Tsahal du Liban23, puis avec le mouvement AMAL « islamique » qui se soldera, en dépit des consignes de l'ONU de ne pas engager la force, par de sérieux affrontements avec ce dernier (août-septembre 1986) qui ont conduit à son retrait, le 420éme DSL étant maintenu avec des effectifs progressivement réduits à environ 200 personnels avant juillet 2006 au sein d'une FINUL forte de 1950 personnels auxquels s'ajoutent une cinquantaine d’observateurs de l'ONUST.

Le 12 juillet 2006, débute un conflit d'une trentaine de jours entre le Hezbollah et Israël sur le territoire libanais pour lequel la FINUL a été incapable24 de s'interposer compte tenu de la faiblesse de son dispositif (notamment environ 40 blindés légers) déployé sur un secteur relativement accidenté et exigu (750kms carrés sur une bande de 60 kms) et surtout d'un processus onusien décisionnel lent et timoré. De fait, dans le cadre de la résolution de 2006 (170125) qui aboutit à un cessez le feu, elle a été renforcée « de façon robuste26 » à hauteur de 15 000 personnels appartenant à 38 pays contributeurs dont 1 900 français27 dans le cadre de l'OPEX« Daman » en vue d'accompagner le retour à une situation sécuritaire et de fournir une assistance aux forces armées libanaises (FAL) et aux populations civiles.

source Sénat : les OPEX sous le contrôle du Parlement 2008-2009

L'absence d'un accord de paix entre les parties belligérantes est susceptible d'obérer la miision de la FINUL dont les effectifs ont été ramenés en 2015 à 10 000 militaires dont 900 français regroupés en majorité dans une force de réserve même si les règles d’engagement de son « mandat robuste » prévoient son emploi au niveau tactique avec l’autorisation du Conseil de sécurité, du Liban et des parties belligérantes en vue de prévenir les tentatives de trouble du processus de paix, de protéger les civils et d'aider les autorités nationales à maintenir l’ordre public.

source : ministère de la défense - état-major des armées.

La FINUL qui n'a pu empêcher les affrontements entre les différentes milices et Israël qui a mené plusiers interventions sur le sol libanais (Litani en 1978, Paix en Galilée en 1982, Justice rendue en 1993, Raisins de la colère en 1996), assure actuellement des missions de renseignement sur les activités se déroulant dans son secteur à défaut de pouvoir et vouloir procéder au désarmement des milices. Si la situation semble calme actuellement, n'est ce pas plutôt à une volonté de certaines parties belligérantes de profiter de cette accalmie pour reconstituer leur potentiel opérationnel ? Au delà des échecs de sa mission, la FINUL a enregistré un nombre de pertes militaires d'environ 300 militaires dont une centaine de français auxquels s'ajoutent environ 400 blessés28.

Si les OMP ont évolué depuis leur création par rapport à celles déployées en Egypte (FUNU I et II de 1956 à 1979) et au Congo (ONUC dans les années 1960), avec la mise en œuvre, depuis les années 1980-1990, d'un volet civil significatif (assistance en matière policière, judiciaire, administrative, fiscale, économique...), il reste qu'elles n'ont pas enregistré de résultat efficients29 (notamment au Rwanda, en République démocratique du Congo mais aussi celles auxquelles la France a participé ou participe actuellement) alors que leur coût humain et financier s’avère important.

Le bilan des OMP

Les causes de ces résultats sont les suivantes : manque de clarté des mandats donnés par l'ONU, qualité discutable de certains contingents en matière opérationnelle (manque de formation sur les processus des OMP), culturelle (méconnaissance des populations à protéger) et comportementale (corruption, abus sexuels sur les populations à protéger, marché noir, épidémie de choléra en Haïti...30), chaîne de commandement onusienne lente et obérée par une bureaucratie incapable de prendre des décisions en adéquation avec la situation opérationnelle des OMP et l'accord préalable des États contributeurs qui, pour certains, voient avec la fourniture de contingents, une opportunité d'équiper et payer leurs armées parfois pléthoriques par rapport à leurs besoins nationaux, inadéquation entre les missions données aux forces onusiennes projetées et les moyens accordés.

Ce constat a fait l'objet, à la demande de Kofi Annan31, d'un rapport de Lakdar Brahimi en 200032 qui met en évidence les points suivants : la priorité pour l’ONU doit être la prévention et la consolidation de la paix, la préparation des OMP passe par l’appui nécessaire des États notamment les contributeurs de contingents, les capacités de déploiement rapide de forces (entre 6 à 12 semaines) doivent être améliorées, il y a besoin d'un dispositif et de mandat clair, crédibles et adaptés dont la durée serait de 30 jours à 90 jours  selon la complexité des OMP, il faut renforcer le rôle de la police civile et il y a un besoin de restructuration nécessaire du Département des OMP afin de rendre permanents les processus de planification et de préparation des missions à venir.

Alors que toutes ces recommandations sont inscrites dans la doctrine Capstone de 2008 de l'ONU, la question des « mandats robustes » ou des « mandats offensifs » des OMP n'est pas réglée (confer les débats lors de 79éme session de l'assemblée générale d'octobre 2014). Les résolutions de l'ONU relatives au lancement des OMP et à la modification de leurs mandats sont subordonnées à l'accord préalable des États qui supposent des compromis difficiles, notamment en ce qui concerne leur contribution financiére et matérielle. Quant à l'idée de la constitution d'une armée permanente onusienne, elle se heurte au refus de la plupart des États qui y voient une sérieuse limitation à un de leurs pouvoirs régaliens : la défense et la sécurité.

L'augmentation du nombre des OMP associée au développement de leurs missions multi-dimensionnelles se traduit par une hausse des dépenses qui est passée de 840 millions de $ US pour 1998-1999 à 7,30 milliards de $ US pour 2012-2013. A ce titre, la France et le Royaume-Uni ont diffusé en janvier 2009 une note libre (« non-papier ») visant à présenter des propositions pour la conduite des OMP : privilégier les processus politiques avant d'envisager la projection de forces, clarté des mandats, mise à disposition de moyens suffisants pour exécuter les missions, amélioration des capacités d'analyse politique du secrétariat général de l'ONU, de la chaîne de commandement entre le siège et les OMP, du dialogue avec les pays contributeurs de troupes (concernant leur qualité et leurs conditions d'engagement) et de la collaboration avec les acteurs en dehors des Nations Unies, effort sur les OMP prioritaires en clôturant les mandats non indispensables et non efficients.

Conclusion

Compte tenu des éléments cités supra, la projection de forces opérationnelles françaises par la France au sein des OMP ne s'est pas traduite par des résultats efficients, notamment au regard des coûts de différentes natures qu'elle a supportés. Compte tenu des compétences opérationnelles de ses forces armées et des coûts des OPEX, la France doit privilégier les interventions opérationnelles d'urgence et significatives dans un cadre bi-latéral (en fonction des accords de défense avec les pays signataires), et multinational (OTAN, UE) et ne pas s'engager dans des OMP de longue durée qui sont en régle générale inopérantes. Elle peut assurer toutefois :

  • en amont des OMP un soutien opérationnel : formation et équipement de contingents étrangers devant être intégrés dans les forces onusiennes et qui doivent faire l'objet de remboursement par l'ONU,

  • au sein des OMP, une assistance avec l'intégration de militaires spécialisés dans les domaines logistique (maintenance, transport, santé, génie...) et opérationnel (états-majors de forces et équipes d'observateurs de l'ONU en vue d'obtenir des informations sur leur conduite).

Concernant la participation de la France au rétablissement de la situation sécuritaire au Liban-Sud, devrait être créée une FRR33 chargée de la protection de la FINUL et de la formation des FAL34, multinationale comme en Bosnie-Herzégovine, à défaut nationale comme le dispositif Licorne au profit de l'ONUCI, Barkhane au profit de la MINUSMA ou Sangaris au profit de la MINUSCA.

Enfin, dans le cadre de la revue stratégique des OMP du niveau P3 (États-Unis, France et Royaume-Uni) que la France a initiée en novembre 2011, il apparaît important qu'elle continue de faire les propositions suivantes :

  • privilégier les accords politiques entre les parties belligérantes35 s'appuyant éventuellement sur des sanctions économiques en amont de la décision du lancement des OMP,

  • adapter le format civilo-militaire des OMP en fonction des situations sécuritaires, notamment en ce qui concerne la possible réduction de leurs effectifs civils et militaires36,

  • mettre en place une gestion financière rigoureuse des missions des OMP en clôturant celles qui sont inopérantes.


3La participation présentée concerne les forces armées rattachées au MINDEF et n’intègre pas les gendarmes et policiers du MININT.

4Ex : soutien américain dans le cadre de l'African Contingency Operations Training and Assistance (ACOTA), puis African Crisis Response Initiative (ACRI) créé suite à l'échec de l'armée américaine en Somalie en 1993.

5Dans ce cas, c'est l'ONU qui assure l'entretien comme pour la FINUL.

6Force des protection des Nations-unies

7Cette participation a permis à la France d'assurer à maintes reprises par le commandement militaire de la FORPRONU, de la zone de Bosnie-Herzégovine et du secteur de Sarajevo.

8Dont 25 à 30% d'appelés volontaires pour les actions extérieures (AVAE).

9Dès le 27 mai 1995, les militaires français reprennent dans une action offensive volontariste ordonnée par le Chef de l’État le pont de Vrbanja à Sarajevo dont s’étaient emparées les forces serbes de Bosnie qui n'oseront plus dés lors s'attaquer au contingent français.

10Notamment le bombardement des milices serbes de Bosnie en vue de libérer l’axe Sarajevo- Mostar.

11Soit 1/3 des pertes militaires de la FORPRONU.

12Opération des Nations-unies en Somalie.

13La France a obtenu la réduction de sa participation par rapport à ONUSOM I en raison de celle relative à d'autres OPEX (FORPRONU : 5 800 personnels, OPEX Épervier au Tchad : 1 500 personnels lors de la guerre civile, OPEX Turquoise au Rwanda : 2 100 personnels).

14A noter que les américains ont subi un sérieux revers le 3 octobre 1993 : 18 rangers lynchés par la foule et 2 hélicoptères abattus par des tirs sol-air.

15Ces combats qui se sont traduits par 4 blessés français, se sont conclus par un succès des français.

16Autorité provisoire des Nations Unies au Cambodge

17Mission préparatoire des Nations Unies au Cambodge.

18Contingent (qui a enregistré 4 morts) le plus important sur les 19 pays signataires des accords de Paris.

19La force intérimaire des Nations-unies au Liban ne doit pas être confondue avec les forces suivantes projetées à Beyrouth à la demande de l'ONU :

  • la force multinationale d'intervention (FMI rassemblant 2 000 personnels américains, italiens et 800 français) - opération terrestre Épaulard et navale Olifant (août – septembre 1982) visant à faciliter le départ des miliciens palestiniens de l'OLP ;

  • la Force multinationale de sécurité à Beyrouth (FMSB : 2 000 français (OPEX Diodon I, II, III et IV), 1 600 américains, 1 400 italiens et 100 britanniques) projetée (octobre 1982 – mars 1984) dissoute suite aux attentats terroristes (Drakkar : 58 français tués et 13 blessés - 241 américains) et qui avait pour objectif d'aider l'armée libanaise à reprendre le contrôle de la capitale et à protéger les populations civiles.

20Constitué par des militaires de métier de la 11éme DP et la 9éme DIMa.

21OPEX Hippocampe.

22OPEX Hippocampe 79.

23Tout en mettant en place sur la frontière nord israélo-libanaise une bande de sécurité contrôlée par une milice libano-chrétienne (armée du Liban sud – ALS) soldée par Israël qui après sa dissolution en 2000 sera investie par la FINUL.

24Et aussi d'assurer l'évacuation des ressortissants français et franco-libanais qui a été effectuée dans le cadre de l'opération aéronavale Baliste (juillet – août 2006), participation française au volet maritime de la FINUL, suivie en février 2008 de l'EUROMAFOR (France, Italie, Espagne et Portugal).

25Qui s 'appuie sur les précédentes résolutions : 425 et 426 de 1978 et 511 de 1982

26Équipement avec des moyens lourds (chars Leclerc, canons de 155m/m, radars...)

27Actuellement, la France est le 2éme contributeur de force après l'Italie.

28Certes, en grande partie dus à pour des actes non hostiles, les autres ont été touchés par des engins explosifs non identifiés (IED).

29Sauf quelques cas particuliers : Salvador, Guatemala, Mozambique... qui résultent essentiellement d'accords de paix entre les parties opposées.

30Certes, ont créés en 2005 les services de déontologie et de discipline au sein du département des OMP de l'ONU.

31Les massacres de Srebrenica et du Rwanda et la prise en otage de Casques bleus en Sierra Leone en 2000 ont amené le Secrétariat génaral des Nations Unies à réfléchir sur la conduite des OMP et d’adopter des mesures adéquates.

32A cette date, les effectifs déployés dans les OMP étaient d'environ 20 000 personnels à comparer avec ceux de 2015.

33Ce dispositif permettra de faire face aux éventuelles menaces de Daech vers la plaine de la Bekaa et d'appuyer, ainsi les forces armées du Liban.

34Qui ont bénéficié d'un contrat de livraison d'équipement militaire français de 3 milliards d'€ financé par l'Arabie Saoudite.

35Notamment en ce qui concerne le Sahara occidental.

36Notamment en Haïti, au Liberia et en Côte d'Ivoire.