Actualité

Les chiffres noirs du logement

Dans le secteur de l’immobilier, tous les voyants sont désormais passés au rouge. Désormais, les élus n’hésitent plus à parler de « bombe sociale » à venir et les sénateurs, dans le cadre de la négociation sur le budget 2024, n’ont pas hésité à critiquer « les mesures de faible ampleur » proposées par le gouvernement sur le sujet. La Fondation IFRAP revient ici sur les chiffres noirs du secteur : 

  • -16,6% sur la vente de logement ancien :

A fin août, le volume annuel de transactions sur le marché du logement ancien atteignait 955 000, un chiffre en baisse de 16,6% en un an. Les notaires anticipent de 850.000 à 900.000 ventes à fin 2024. A comparer à 1,208 million de transactions lors du pic d'août 2021. Un ralentissement qui s’explique en premier lieu par la remontée rapide des taux d’intérêt des emprunts immobiliers : ils ont « triplé en un an » et devraient dépasser les 4 % en fin d'année.

  • -28% d'autorisations de construction de nouveaux logements :

Selon de nouveaux chiffres du ministère de la Transition écologique, 371 000 nouveaux logements avaient été autorisés fin septembre. Un résultat en recul de 28 % sur un an, amplifiant encore le marasme dans lequel est plongé le secteur. Le nombre estimé de chantiers commencés, avec 315 800 mises en chantier sur 12 mois, baisse de 16,6 %. 

Chez les promoteurs, le moral des affaires reste au plus bas depuis 1991. La hausse des taux a exclu beaucoup d’acquéreurs tandis que le prix des matières premières s’est envolé. Les promoteurs pointent également le coût du foncier et la frilosité des maires à accorder des permis. Est notamment mis en cause la fin du dispositif Pinel actée par le gouvernement.

  • -37% sur les ventes aux particuliers :

Au premier semestre de cette année, les ventes aux particuliers s'étaient déjà effondrées de plus de 37 %. Au troisième trimestre de cette année, les mises en vente de logements neufs auront chuté de 48,6 % par rapport à la même période de 2022, à 12 039.  Pour la FPI, en 2023, les ventes aux particuliers seront inférieures à 70 000 unités, contre 120 000 en moyenne annuelle. Le nombre de défaillances d'entreprises s'accélère. Selon Altares, 93 entreprises de promotion immobilière ont été placées en redressement ou en liquidation judiciaire sur les dix premiers mois de 2023. 

Les études notariales souffrent aussi du coup de frein sur le marché de l'immobilier, une activité qui pèse pour plus de moitié dans leur pratique. Les offices envisagent des suppressions de postes. 

  • Une fossé qui s'agrandit avec une baisse des prix insuffisante pour compenser la parte de pouvoir d'achat des acheteurs :

Les prix ont diminué de 1 % sur un an en août 2023 – une première depuis 2015, selon les notaires. Cette baisse devrait s'intensifier pour atteindre 3 % sur un an. A Paris, elle devrait atteindre 6,1 % sur un an et 8,5 % sur trois ans, à 9 940 euros du mètre carré en moyenne (à comparer à 10.130 euros en juillet). 

Si les prix des logements anciens ont diminué sur certains territoires, cette baisse n'est pas suffisante pour compenser la perte de pouvoir d'achat des acheteurs liée à la hausse des taux d'intérêt d'emprunt et à l’inflation. Les délais de vente s’allongent. Et les loyers même s’ils ont progressé (+3.1%) moins vite que l’inflation (+4.5%) et l’IRL (+3.5%) restent élevés surtout dans les zones tendues, là aussi où les prix à l’accession restent élevés.

Bref, c'est tout le marché immobilier qui se grippe.

Désormais, les professionnels se tournent vers les banques pour qu’elles prennent leur part à la relance du secteur et assouplissent les critères de crédit jugé trop restrictifs. Le gouvernement aussi est attendu. Pour l’instant, les principales annonces de la Première ministre sont les suivantes: un engagement de l’Etat et de la CDC à investir 500 millions d'euros pour relancer le logement intermédiaire, un plan de rachat de 47 000 logements auprès des promoteurs par CDC Habitat et Action Logement, un plan de 35 000 logements étudiants et une extension du PTZ pour intégrer les classes moyennes, sous certaines conditions. Tout cela est clairement insuffisant.