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Présidentielle et pouvoir d'achat : le coût réel des propositions "magiques" des candidats

Avec le retour de l'inflation, le pouvoir d'achat est redevenu la préoccupation principale des Français. Du côté des candidats à la présidentielle, c'est la fuite en avant pour répondre à cette inquiétude. Un pari risqué : la hausse des prix actuelle résulte en partie des mesures de relance. Une explosion des dépenses publiques risquerait donc d'entretenir cette inflation...  

A gauche, un coût maximum de 60 milliards d'euros pour les finances publiques et de 243 milliards pour les employeurs

Pour les candidats de gauche, le premier levier à actionner est celui du salaire minimum. Fabien Roussel se positionne sur une revalorisation du SMIC net à 1 500 euros/mois (contre 1 269 euros actuellement). Une telle mesure pourrait coûter 53 milliards d'euros aux employeurs. Yannick Jadot vise le même niveau de SMIC, mais il prévoit de l'atteindre seulement à la fin du quinquennat. Le candidat EELV propose de passer d'abord par une augmentation de 125 euros nets dès l'été 2022 (soit un coût de 28,6 milliards d'euros). Du côté d'Anne Hidalgo, la revalorisation du SMIC serait de 15% (200 euros nets de plus par mois), soit un SMIC net mensuel à 1 450 euros. Le coût d'une telle mesure est estimé à 46 milliards d'euros pour les employeurs. Jean-Luc Mélenchon et Christiane Taubira proposent quant à eux un SMIC à 1 400 euros nets par mois, soit un coût de 30 milliards d'euros environ.  

En parallèle, ces candidats veulent augmenter le salaire des fonctionnaires, et effacer, selon des modalités diverses, les effets du gel du point d'indice depuis 2017. Fabien Roussel propose même de rattraper le gel du point intervenu depuis 11 ans, soit 30% d'augmentation. Le coût global de cette mesure pour l'ensemble de la fonction publique serait de 60 milliards d'euros. Jean-Luc Mélenchon, lui, veut gommer les effets du gel du point d'indice grâce à une revalorisation de 15% (soit 25 milliards d'euros). Il est suivi par Yannick Jadot (+10%), pour un coût de 20 milliards. Enfin, Anne Hidalgo propose une mesure sectorielle : une augmentation des enseignants au niveau des cadres du privé (en net), "en commençant par les débuts de carrière". Le coût de cette proposition serait de 2 milliards d'euros par an.  

Ces mesures s'accompagnent de la mise en place d'une égalité salariale effective entre les hommes et les femmes (soit un coût global de 140 milliards d'euros pour les employeurs), portée par Anne Hidalgo et Fabien Roussel. Et de façon indirecte par Jean-Luc Mélenchon, qui souhaite renforcer la pénalisation des entreprises qui ne la mettent pas en place. Une revalorisation globale de la grille des salaires est aussi proposée par Fabien Roussel, et estimée à 50 milliards d'euros.  

A droite, un coût maximum de 14,8 milliards d'euros pour les finances publiques et de 64,5 milliards d'euros pour les employeurs

Valérie Pécresse propose une augmentation des salaires jusqu'à 2,2 SMIC de 10% en cinq ans. Celle-ci passerait d'abord par une baisse des cotisations salariales vieillesse de 2,4 points (soit une hausse de 3% du salaire net), compensée par l'Etat (soit 7 milliards nets des retours d'impôts). Autre mesure proposée par la candidate Les Républicains : la possibilité pour les salariés de convertir leurs RTT en salaire, sans limite ni charges patronales. Soit un coût de 8,92 milliards pour les finances publiques (7 milliards pour le paiement des RTT des fonctionnaires et une perte de cotisations de 1,91 milliard d'euros), ainsi que potentiellement 14 milliards d'euros pour les entreprises. 

De son côté, Marine Le Pen propose une exonération de cotisations patronales pour toute hausse salariale de 10% accordée à l'ensemble des salariés d'une entreprise, soit un coût de 12 milliards d'euros pour les finances publiques et de 64,5 milliards pour les employeurs. Elle ajoute à cela une suppression de l'impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans - rapprochant le "net net" du net imposable - pour un coût de 2,8 milliards d'euros.  

Enfin, Eric Zemmour mise sur la création de l'équivalent d'un 13ème mois pour les salariés au SMIC (jusqu'à 100 euros/mois) et jusqu'à 2000 euros (1,5 SMIC net) via une baisse ciblée de la CSG (coût de 11 milliards). Il souhaite également introduire une prime de participation pour les salariés des entreprises qui emploient plus de 11 personnes (1 milliard).