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Plan de sobriété dans les administrations : seulement 3% de l'effort global ?

Le gouvernement vient de publier les détails de son plan de sobriété énergétique qui demande, aux Français et aux entreprises, de réduire de 10% leur consommation énergétique, soit une réduction de 160 TWh. Le gouvernement estime que « les actions identifiées dans le plan de sobriété énergétique […] représentent un potentiel de réduction de consommation de l’ordre de 50 TWh ». Selon notre estimation, si l'Etat et les services publics étaient parfaitement exemplaires (chauffage à 19 degrés, réduction du nombre de mètres carrés chauffés, pas d'eau chaude dans les sanitaires...), nos services publics ne réduiraient leur consommation que de 5 TWh, soit 3,1% d'une réduction effective de 10% de la consommation globale. 

Avant de pouvoir évaluer l’impact du plan de sobriété, il faut savoir qui consomme de l’énergie en France. A cause des confinements successifs et du ralentissement de l’économie en 2020, il apparaît plus judicieux de se baser sur la consommation énergétique 2019, à 1 618 TWh tous usages confondus et qui se partageait ainsi entre les secteurs :

Eléments du bilan énergétique de la France (2019, en TWh)

 

Consommation finale d'énergie

Dont gaz naturel et GPL

Dont produits pétroliers

dont électricité

dont chaleur

Autres énergies

Tous usages

1 618

351

540

408

39

281

Secteur industriel

320

127

18

116

19

41

Secteur des transports

525

3

456

10

 

56

Commerce et services publics

255

73

28

137

9

8

Ménages

461

142

51

160

15

93

Agriculture et pêche

51

6

32

8

0

5

Autres secteur

7

1

2

1

0

4

Source : Eurostat, Bilan énergétique complet

Ce qu’il faut retenir, c’est que :

  • La moitié de la consommation finale d’énergie provient du secteur industriel et des transports (plutôt des produits pétroliers dans le cas de ce dernier) et ils devront porter la moitié de l’effort de réduction du plan de sobriété.
  • 28% de la consommation finale, soit 461 TWh, reposent sur les ménages et ils devront porter, dans les mêmes proportions, l’effort de sobriété.
  • 16% de la consommation finale, soit 255 TWh reposent sur le secteur du commerce et des services publics et ils devront porter, dans les mêmes proportions, l’effort de sobriété.

Pour ces derniers, il est possible de distinguer la part du secteur public (assimilé ici au secteur non marchand) dans la consommation d’énergie finale. Pour cela, il faut se baser sur le tableau des échanges intermédiaires 2019 qui nous indique que les consommations intermédiaires de gaz, d’électricité et de vapeur des secteurs des services marchands (commerces et services hors transports) atteignant 14,1 milliards d’euros contre 4,1 milliards pour le secteur non marchand (administration publique, défense, sécurité sociale, enseignement, hébergement médico-social et action sociale). Le secteur non marchand représente donc 22,6% du total « secteur du commerce et des services publics », pour une consommation finale d’énergie à 49 TWh en 2019. Ainsi, même dans le cas d’une exemplarité parfaite de l’Etat et de ses services publics, l’objectif d’une réduction de 10% n’équivaudrait qu’à un gain de 5 TWh.

Enfin, les efforts de sobriété en matière de réduction des consommations de gaz et d’électricité, auront un impact relativement réduit sur la consommation finale d’énergie dont un tiers est représenté par les produits pétroliers.

La Fondation iFRAP a évalué l'impact du plan de sobriété énergétique

Dans le cas d’une mise en place immédiate du plan de sobriété, la baisse d’énergie demandée serait de 74 TWh en 2022 (- 3,7 % par rapport au niveau de 2021), puis une baisse de 164 TWh en 2023 (c’est-à-dire - 7,2 % par rapport au niveau de 2022), et enfin une baisse de 159 TWh en 2024 (soit une stagnation par rapport au niveau de 2023). On peut estimer qu’un tel scénario impacterait la croissance 2023 de -0,9 point.

Dans le cas d’une mise en place progressive du plan de sobriété, la baisse d’énergie demandée serait de 67 TWh en 2022 (- 3,3 % par rapport au niveau de 2021), puis une baisse de 111 TWh en 2023 (c’est-à-dire - 4,2 % par rapport au niveau de 2022), et enfin une baisse de 159 TWh en 2024 pour atteindre les -10% de consommation finale par rapport à 2019. On peut estimer qu’un tel scénario impacterait la croissance 2023 de -0,5 point.