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Retour du chômage partiel : un vrai frein au rebond

Au secours, les autorisations spéciales d'absence et le chômage partiel pour garde d'enfants reviennent. Les annonces s'égrènent et ne peuvent pas ne pas inquiéter. Les écoles risquent de fermer en cascade pour cause de Covid et on va remettre les agents publics qui ne peuvent télétravailler et doivent garder leurs enfants en autorisation spéciale d'absence payée à 100 %. On paiera aussi du chômage partiel à 84 % pour les salariés du privé et on paiera des indemnités journalières pour les indépendants. Tout cela jusqu'en novembre, voire plus tard, et rétroactif à partir du 1er septembre 2020. Pour quel coût supplémentaire pour les finances publiques ? Nul ne le sait. Personne ne semble d'ailleurs s'en préoccuper.

Cette tribune a été publiée dans les pages des Echos, le 14 septembre 2020.

Isoler plutôt que fermer

En premier lieu, la doctrine sur les fermetures de classes et d'écoles est loin d'être claire. On comprend qu'il n'y a aucun seuil national fixé pour un nombre de cas de Covid qui entraînerait la fermeture d'une classe ou d'une école. Une seule contamination a suffi à faire fermer par l'ARS une école en Haute-Loire. En Haute-Garonne, les contaminations ont déjà entraîné 33 fermetures de classes.

Fermer la classe, le niveau, l'école ? Avec l'augmentation exponentielle des tests, le problème va se multiplier dans toute la France. La bonne logique serait d'isoler les cas positifs mais de ne surtout pas fermer, ni les classes ni les écoles. On ne ferme pas (heureusement !) une entreprise quand un des salariés est positif, on met le salarié en quarantaine…

Il semble bien que l'ombre des syndicats du secteur public plane sur toutes ces décisions et pousse au jusqu'au-boutisme. On avait enfin réussi à stopper le recours massif aux autorisations spéciales d'absence pour les agents publics au 1er septembre (sauf pour les pathologies à risque). Les collectivités, dont beaucoup n'arrivaient toujours pas à faire revenir leurs agents en autorisation d'absence, étaient en train de battre d'ailleurs le rappel des troupes mais, avec cette nouvelle annonce, le travail de remobilisation des équipes tombe à l'eau.

Remobiliser les équipes

La réponse a d'ailleurs été immédiate dans certaines administrations après l'annonce de la ministre pour le chômage partiel et l'ASA pour garde d'enfants, les agents demandant immédiatement à retourner en télétravail à 100 %, 5 jours sur 5.

Le problème n'est pas le nombre de personnes qu'il y aura en garde d'enfants, mais le message que cette annonce délivre dans les équipes, que ce soit dans le public ou dans le privé (pour les indépendants, vu le niveau de leurs indemnités journalières, on ne se fait pas de souci, ils continueront à travailler…) Un véritable retour en arrière alors que tout le monde rame pour retrouver une activité plus ou moins « normale » et remobiliser les équipes sur le terrain.

La période est, certes, difficile, mais la peur ne doit pas l'emporter. Nous avons déjà une propension en France à travailler moins que nos voisins et nous perdons plus de 100 milliards de richesse annuelle à cause de cela. Nous avons déjà confiné plus durement que les pays du nord de l'Europe en arrêtant plus nos entreprises et en tâtonnant sur les règles sanitaires, ne recommençons pas cette erreur.

Valeur travail

Relever la France passe et passera par le travail dans les entreprises, dans les administrations mais aussi dans nos écoles. A quoi bon sinon injecter des milliards d'euros dans un plan de relance si la valeur de base pour faire tourner notre économie, celle du travail, n'est pas au rendez-vous ? D'habitude, les syndicats d'enseignants sont contre les fermetures de classes et d'écoles. Dommage qu'on ne les entende pas plus pour empêcher les fermetures d'écoles et se battre pour que nos enfants puissent étudier. Fermer les écoles, assigner les parents chez eux à être payés sans travailler revient à freiner encore le rebond de la France.