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Etat des lieux du nucléaire à l’été 2022 : la moitié des réacteurs sont à l’arrêt

Alors que les grandes et moyennes villes commencent à souffrir de coupures de courant (Marseille, Paris, Le Touquet, etc.), en France, la moitié des « tranches nucléaires » sont à l’arrêt, situation inédite qui mérite quelques explications.

Pour rappel, le nucléaire représente 40% de la consommation d’énergie primaire en France (données 2020).

Une centrale nucléaire est composée de plusieurs réacteurs, eux mêmes, composés de plusieurs tranches nucléaires. Chaque tranche étant constituée d’un réacteur, d’une partie électrique, d’une salle de commande et d’un stock de combustible. Une tranche nucléaire produit, en moyenne, 1 000 MW.

Pour assurer une meilleure disponibilité du parc en hiver, un planning des arrêts de tranches est établi sur plusieurs années à l’avance. Ce planning prend en compte :

  • Des arrêts simples, pour rechargement en combustible et maintenance courante, normalement tous les 12 ou 18 mois, selon le mode de gestion du combustible. Leur durée est de l’ordre de 6 semaines.
  • Certaines opérations de maintenance sont susceptibles d’allonger ces arrêts.
  • Des arrêts pour les opérations lourdes liées au « grand carénage », beaucoup plus longs et qui s’étalent sur plusieurs mois.

Du fait de la crise du Covid, le planning des arrêts est bouleversé depuis fin 2019, notamment par l’indisponibilité des personnels qualifiés chez EDF, Framatome et les sous-traitants, voire la non-disponibilité de certains équipements de remplacement. Pour couronner le tout, la mise en évidence d’un défaut de corrosion sous contrainte sur un circuit de sécurité a nécessité la mise à l’arrêt prématurée de plusieurs unités.

29 unités sur 56 à l’arrêt

On peut donc estimer que la situation actuelle du nucléaire en France est :

  • 29 unités sur 56 sont à l’arrêt,
  • 15 tranches sont revenues de révision-rechargement depuis le début de l’année,
  • 7 unités de 900 MW ont terminé leur grand carénage depuis 2020 : Tricastin 1, Bugey 2, Bugey 4, Tricastin 2, Dampierre 1, Gravelines 1, Bugey 5,
  • Le défaut de corrosion sous contrainte (qui n’est pas forcément un défaut grave) touche 12 unités nécessitant une expertise approfondie : les 4 du palier N4, 5 du palier 1300 MWe et 3 du palier 900 MWe. EdF et l’ASN restent prudents sur le délai de remise en service de ces unités. Toutefois, le travail qu’assurent les équipes en charge permet d’espérer que la plupart pourront redémarrer à l’automne,
  • La puissance nucléaire disponible est actuellement de 29 GWe. Elle pourrait atteindre 47 GWe en novembre/décembre. La mobilisation de tous les moyens de production disponibles (charbon, hydraulique y compris STEP, cogénération) pourrait apporter environ 26 GWe supplémentaires. Sauf nouvel aléa, on peut raisonnablement tabler sur une capacité de production de 73 GWe à la fin de l’année.

Un rapide bilan qui confirme les craintes que l’on peut avoir pour l’hiver prochain. Pour mémoire, la pointe historique de consommation s’est établie à 100,5 GWe en 2012. En cas de défaillance de l’approvisionnement en énergie, il faut rappeler que les ménages seront les premiers touchés. Depuis 2005, ils sont les premiers consommateurs d’électricité, passant devant l’industrie, et en 2019 ils représentaient 33% de la consommation intérieure d’électricité.

Source : RTE