Les huit plaies (à venir) de la dette

L'heure est historique car nous sommes dorénavant devant le mur de la dette. Qu'on le veuille ou non, la réalité est là. Le choix du Premier ministre de mettre le sujet sur la table avec fracas par un vote de confiance le 8 septembre bouscule l'agenda et force à la prise de conscience. Nous devons sortir du déni. Les politiques peuvent dire ce qu'ils veulent, s'ils refusent de se réveiller pour éviter la banqueroute de la France : d'autres devront s'en charger pour eux.
Ce sera la BCE ou le FMI, peu importe, mais ce sera beaucoup plus dur en matière de mesures, et la classe politique française en portera la responsabilité pour des décennies. Sans oublier la responsabilité de nos syndicats toujours prêts à mettre de l'huile sur le feu et à jouer du blocage.
De la montée des taux à l'intervention du FMI
Après le 8 septembre, les 8 plaies de la dette s'annoncent désormais :
1. Montée des taux sur la dette. Cela a déjà commencé et risque de s'accentuer. Nous sommes aujourd'hui à 3,52 % sur la dette à dix ans. L'Italie est encore légèrement devant nous (3,57 %), mais vraisemblablement pas pour longtemps
2. Dégradation de la note de la France. Les agences de notation n'ont pas dégradé notre note au printemps dernier, mais les prochaines échéances pourraient se révéler moins clémentes. La France sera notée dès les 12 septembre (Fitch), 24 octobre (Moody's) et 28 novembre (S&P).
3. Explosion des intérêts de la dette. Plus les taux montent, plus la charge de la dette devient lourde. On attend un coût pour 2026 proche des 80 milliards. La charge de la dette devenant bientôt le premier budget de l'Etat. Sans compter les taux pour les ménages et les entreprises augmentant aussi par ricochet.
4. Pas de vrai budget de l'Etat. Si le gouvernement tombe, on se retrouve dans la situation où on ne peut pas faire adopter de budget de l'Etat en bonne et due forme. On reconduit juste les crédits de l'année d'avant et on relève les plafonds d'endettement.
5. Pas de vrai budget de la Sécurité sociale non plus. Pas de budget, pas de décisions, pas de nouveaux crédits, pas de pilotage. Et un risque fort de creusement du déficit de la Sécu déjà attendu à plus de 20 milliards d'euros.
6. Pas de financement des collectivités. Sans budget de l'Etat, les crédits aux collectivités ne sont pas augmentés, ils restent bloqués au niveau de l'année d'avant. A la suite de la dégradation de la note de la France, les collectivités locales verraient leur note financière se dégrader. Avec les municipales de mars 2026, un cocktail explosif.
7. Démobilisation des forces vives. L'instabilité et l'incertitude ont un effet délétère sur les entrepreneurs et les investisseurs, mais aussi sur les ménages. Les premiers vont de nouveau stopper embauches et investissements quand les seconds vont continuer de surépargner (proche de 19 % en moyenne) ce qui aura un impact négatif sur la croissance.
8. Intervention en France d'un plan de redressement des comptes BCE-FMI. Dernière plaie : une intervention de la BCE et du FMI pour nous « aider » à redresser les comptes de la France, car on ne pourrait plus faire face aux échéances à cause de l'envolée des taux sur la dette, mais aussi du blocage politique et institutionnel et du marasme économique engendré.
Il serait peut-être temps de penser à la France au lieu de faire de la politique politicienne. Le gouvernement Bayrou n'est certes pas parfait, mais ce qui se profile à l'horizon, si le Parlement rejette le plan d'économies et fait tomber le gouvernement, est destructeur. A l'horizon : une perte de souveraineté budgétaire et un éventuel recours ultime à l'article 16 et à l'état d'exception. Quel gâchis !