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Salaire des enseignants : ce qu'une augmentation coûterait (vraiment) à l'Etat

L'enseignement obligatoire, en France, représente une dépense de près de 104 milliards d'euros (un budget en hausse de 7,5 milliards depuis 2016), pour 12 millions d'élèves, plus de 1 million de personnels dont 860 000 enseignants ce qui fait du ministère de l'Education nationale, le premier employeur de l'Etat. L'Education traverse une crise grave dans notre pays : la France est mal classée dans les résultats internationaux et ni les professeurs, ni les élèves, ni les parents ne semblent plus croire dans le modèle d'Education nationale français. Un sondage Ifop de septembre 2021, soulignait que 69% des parents d'élèves déploraient la baisse du niveau des élèves et que 69% d'entre eux n'ont pas confiance dans le ministère de l'Éducation pour enrayer cette baisse.  

Le chiffrage des propositions sur la table 

Il apparaît que la question de l'Education est principalement abordée par la problématique des rémunérations des enseignants. Anne Hidalgo propose de doubler le salaire des enseignants. La masse salariale des enseignants est actuellement de 43,1 milliards d'euros, auxquels il faut ajouter 17,6 milliards d'euros de dépenses de pensions pour les 697 000 enseignants du public. Doubler les salaires des enseignants reviendrait donc à un effort de 36,4 milliards d'euros pour les enseignants du public et de 6,7 milliards pour les enseignants du privé. 

Jean-Luc Mélenchon propose un rattrapage du point d'indice pour augmenter les enseignants de 30% pour un total de 17 milliards d'euros, ce qui repose pour environ 12,5 milliards sur la masse salariale et pour 5 milliards d'euros sur le CAS pension. Jean-Luc Mélenchon propose aussi de rendre la cantine gratuite tout comme le transport scolaire, les activités périscolaires, les manuels et l'achat des fournitures de base. En partant du reste à charge par les familles de la scolarisation d'un enfant, par niveau scolaire, on peut estimer le coût de ces mesures entre 8 et 9 milliards par an dont près de 6 milliards du passage à la cantine gratuite et entre 400 millions et 1,2 milliard d'euros du passage aux transports gratuits.  

D'autres candidats se positionnent aussi pour des revalorisations mais sans, encore, donner le détail. Nicolas Dupont-Aignan veut augmenter les salaires des enseignants et mettre en place une prime supplémentaire pour les cours de soutien aux élèves en difficulté et ouvrir des internats d'excellence et Arnaud Montebourg propose une "hausse importante" des salaires des enseignants. 

Valérie Pécresse propose de créer des écoles autonomes et vise 10 % des établissements. Etablissements dans lesquels le directeur aurait une totale liberté de recrutement de ses équipes, devait suivre les programmes fixés par le ministère et ne pourrait pas sélectionner les élèves. Elle souhaite aussi créer des contrats de mission éducative de 5 ans pour encourager les "deuxièmes carrières dans l'enseignement". La candidate de la droite propose aussi de régionaliser le recrutement et le management des enseignants de collège et de lycée. Si la gestion des budgets de ces établissements est également autonomisée, on peut estimer les économies entre 2 à 3 milliards d'euros à terme.  

Comment financer ces milliards de dépenses publiques supplémentaires ?  

Mystère chez Anne Hidalgo. Quant à Jean-Luc Mélenchon , il propose de supprimer toutes les subventions que l'enseignement privé toucherait soi-disant "en plus" notamment les subventions extralégales versées par les collectivités. Il est vrai que certaines régions augmentent le forfait public dédié par élève du privé par rapport à l'obligation, c'est notamment le cas de la Bretagne (309 euros en plus) et l'Ain (125 euros en plus). Sauf que, si la règle du 80/20 était parfaitement respectée (80% des financements publics à l'enseignement public et 20% pour l'enseignement privé), il faudrait non pas baisser les financements aux établissements privés sous contrat mais les augmenter de 10 milliards d'euros car la répartition est plutôt autour de 90% des financements pour l'enseignement public et 10% pour l'enseignement privé.