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Prolongation des bourses étudiantes : une mesure aussi inutile que coûteuse

Le gouvernement a annoncé la prolongation des bourses aux étudiants en fin de cursus pour "favoriser l'insertion professionnelle des jeunes". Le lien entre l'insertion professionnelle des jeunes et la prolongation des bourses est pourtant peu évident et l'annonce du gouvernement apparait inutile, coûteuse et une piètre tentative de désamorçage du mouvement étudiant. S’adressant à moins de 126.000 bénéficiaires potentiels pour un coût total estimé à 130 millions d’euros par Matignon, la prolongation des bourses aux étudiants en fin de cursus s’accompagne en plus, d’une sur-taxation des CDD et ce alors qu'en 2014, 30% des jeunes de 15-24 ans ont été engagés en CDD selon l'Insee. Cette double annonce du gouvernement risque de pénaliser ceux-là mêmes qu’elle prétend aider : les jeunes en recherche d’un premier emploi. 

De quoi parle-t-on ?

Le gouvernement a annoncé la mise en place d’une aide à la recherche d’un premier emploi (ARPE) sous la forme d’une prolongation des bourses aux étudiants modestes et ce, jusqu’à 4 mois après l’obtention de leur diplôme. Il s’agit des étudiants en Bac professionnel, CAP, BTS, DUT, licence, master ou diplôme d’ingénieur qui bénéficiaient d’une bourse durant leurs études.

  • L'impact de la mesure serait de 258 euros par mois, pendant 4 mois, pour les 126.000 bénéficiaires potentiels pour une enveloppe totale de 130 millions d’euros. 
  • Au total, ce sont plus de 2,76 milliards d’euros qui sont déjà consacrés chaque année aux bourses étudiantes[3] dans l’enseignement supérieur.
  • On remarque d’ailleurs que le gouvernement consent à prolonger des aides qu’il venait lui même de raboter, puisque le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche avait demandé 2,114 milliards d’aides directes et n’a obtenu que 2,76 milliards d’euros, soit 38 millions de moins.

Quelles sont les bourses concernées ?

Les étudiants du supérieur peuvent percevoir plusieurs aides financières :

Allocation

Situation

Age maximum

Montant annuel

Cumul possible

Bourse sur critères sociaux (BCS)

Étudiant qui rencontre des difficultés matérielles pour poursuivre ses études

28 ans, sauf cas d’exception

Jusqu’à 6.654€

Aide au mérite

 

Allocation pour la diversité dans la fonction publique

 

Aide à la mobilité internationale

 

Aide d’urgence ponctuelle

Aide au mérite

Étudiant boursier ayant obtenu la mention Très bien au Bac

28 ans, sauf cas d'exception

Entre 900€ et 1.800€ selon votre situation

Bourse sur critères sociaux

Aide à la mobilité internationale

Aide d’urgence

Allocation pour la diversité dans la fonction publique

Étudiant préparant un concours de la fonction publique

-

2.000€

Bourse sur critères sociaux

Aide à la mobilité internationale

Étudiant souhaitant suivre une formation supérieure à l’étranger ou faire un stage international

28 ans sauf cas d’exception

Jusqu’à 3.600€

Bourse sur critères sociaux

 

Aide au mérite

 

Aide d’urgence annuelle

Aide d’urgence

Étudiant rencontrant des difficultés financières

35 ans

Jusqu’à 4.773€

S’il s’agit d’une aide ponctuelle :

 

Bourse sur critères sociaux

 

Aide à la mobilité internationale

 

Aide au mérite

Source.

Les lycéens engagés dans la voie professionnelle peuvent également bénéficier d’une aide spécifique, ainsi que des bourses au mérite ou encore des bourses lycée.

Libérer l’emploi pour véritablement aider les jeunes : 4 propositions

  • Mettre en place un smic jeune jusqu’à 21 ans

C’est bien le coût du travail sans cesse plus élevé qui a poussé les gouvernements successifs à multiplier les allégements de charges sur les bas salaires pour encourager l’emploi des jeunes et notamment des jeunes peu qualifiés mais il ne s’agit pas là d’une solution pérenne. Les exemples étrangers ne manquent pas quant à la mise en place d'un taux horaire par tranche d'âge avec parfois différents palliers comme au Royaume-Uni (4,8 euros de l'heure pour 16-17 ans, 6,7 euros pour les 18-20 ans, 8,4 euros pour les 20-25 ans), en Belgique ou au Pays-Bas. Voir notre étude complète, en cliquant ici.

  • Expérimenter les contrats 0 heures

Très prisé Outre-manche, les contrats de travail « 0 heure » laissent l’employeur et le salarié s’entendre sur le nombre d’heures de travail. Cela signifie que l’employeur n’est pas obligé de donner du travail à son employé, mais qu’en échange, ce dernier n’a aucune obligation d’accepter le travail proposé. Ainsi, les deux parties sont obligées de se faire mutuellement confiance. Au Royaume-Uni, ces contrats sont en grande partie utilisés par des étudiants, les jeunes et les retraités. Voir notre étude complète, en cliquant ici.

  • Favoriser l’entreprenariat des jeunes

Pour que les jeunes puissent créer leurs propres structures, leurs propres emplois, ils ont besoin de financements. Ainsi, l’épargne des Français doit être dirigée au maximum vers le capital des jeunes entreprises par des avantages fiscaux qui incitent à investir en direct dans le capital des TPE-PME dès leur création. Voir nos propositions, en cliquant ici.

  • Favoriser l'apprentissage

L'apprentissage est la 1ère voie vers l'emploi pour les jeunes ayant choisi cette filière puisqu'ils sont déjà en entreprise. Il faut donc leur donner toutes les chances de réussir pour leur permettre de transformer l'essai en étant embauché à la fin de leurs études. Cela passe notamment par l'augmentation du temps de présence de l'apprenti dans l'entreprise, en allant jusqu'à 1.200 heures par an. Mais faire de l'apprentissage une voie d'excellence nécessitera aussi une réforme du collèg unique, pour proposer, entre autre, des modulès de découverte professionnelle, mais également en systématisant les jumelages entre les entreprises et les lycées professionnels et les centres d'apprentis. Voir notre note complète, en cliquant ici