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Ouverture de la SNCF à la concurrence

Après les commissions, les colloques et les rapports, voici les assises du transport ferroviaire

Plus de 10 milliards d'euros de subvention par an à la SNCF, des salariés désabusés, des grèves à répétition, des clients mécontents, des Régions convaincues de ne pas en avoir pour leur argent, une direction exigeant toujours plus de subventions... Quelle méthode pour sortir de cette impasse ? Ouvrir la SNCF à la concurrence ? Ou multiplier encore les rapports et autres colloques, comme les "Assises du transport ferroviaire" ?

Méthode A : ouvrir à la concurrence

Exemple : ouverture à la concurrence du Fret ferroviaire en 2006

Résultats :

- Plusieurs nouvelles entreprises de Fret ferroviaire entrent sur ce marché
- Elles prennent rapidement une part significative du marché (20%)
- Certaines abandonnent (Veolia), d'autres se développent (Deutsche Bahn)
- Des concurrents inattendus se manifestent (Eurotunnel)
- Les nouvelles entreprises et les syndicats signent une nouvelle convention collective
- La SNCF réorganise son offre mais perd toujours des parts de marché et de l'argent
- Les salariés, les syndicats et la direction de la SNCF prennent conscience de la réalité de leur sous-performance et constatent une mesure objective de l'écart : 30%

Prochains résultats attendus :

- Normalisation des relations de RFF et SNCF avec les opérateurs de Fret non SNCF
- Réforme de la convention collective des salariés de Fret SNCF
- Redressement de Fret SNCF
- Croissance du trafic total de Fret

La méthode A amène la SNCF et ses salariés à constater, en voyant faire leurs concurrents, qu'améliorer la productivité et la qualité du service est faisable tout en respectant les règles de sécurité et en assurant des conditions de travail et d'emploi satisfaisantes. C'est la méthode pragmatique où l'on apprend en faisant, et où les plus réticents sont convaincus par l'exemple des concurrents.

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Les Français massivement favorables à l'ouverture du transport ferroviaire à la concurrence

Le sondage iFOP, réalisé en septembre 2011 à l'occasion des assises du transport ferroviaire, plébiscite l'ouverture à la conccurence dans ce domaine. A la question : "Diriez-vous que l'ouverture à la concurrence du transport ferroviaire des voyageurs en France aura un impact plutôt positif ou plutôt négatif sur les éléments suivants ?", les Français répondent "oui, plutôt positif à" :

  • 71 % pour Le nombre de services offerts aux voyageurs
  • 71 % pour Le prix des billets
  • 70 % pour La qualité des services offerts aux voyageurs
  • 68 % pour Le confort des trains
  • 64 % pour La ponctualité des trains
  • 57 % pour La desserte du territoire (nombre de gares et d'arrêts desservis)
  • 56 % pour La sécurité des voyageurs dans les trains
  • 52 % pour L'entretien du matériel et des infrastructures)]

Méthode B : rapports, commissions, colloques, assises

Exemple : ouverture à la concurrence des Trains Express Régionaux

Les assises du ferroviaire (septembre-décembre 2011)

- 1994 Rapport du Sénateur Hubert Haenel
- 2004 Rapport du Député Hervé Mariton
- 2009 1ères rencontres parlementaires sur le transport ferroviaire régional de voyageurs
- 2011 Colloque « L'ouverture à la concurrence des marchés ferroviaires »
- 2011 Rapport du Sénateur Francis Grignon
- 2011 Rapport du Député Hervé Mariton
- 2011 Rapport du Sénateur Louis Nègre
- 2011 Colloque du Conseil Économique, Social et Environnemental : Libéralisation du transport ferroviaire régional
- 2011 Assises du ferroviaire

Résultats :

- Aucun

La méthode B ne sert visiblement qu'à perdre du temps. Les "Assises du transport ferroviaire" organisées du 1er juillet 2011 au 1er février 2012 vont à nouveau agiter des sujets déjà ressassés. Toute décision aura été gelée pendant ces 7 mois - et beaucoup plus avec les élections de 2012. Tant que l'ouverture à la concurrence n'est pas faite, chacun reste sur ses positions. La SNCF n'améliore pas sa productivité et ne se prépare pas à une ouverture générale à la concurrence qui est pourtant inévitable. Les Régions et les clients paient le prix du statu quo en euros et en qualité de service insuffisante. Et les pays étrangers s'irritent de voir les entreprises françaises (dont la SNCF) venir les concurrencer chez eux alors que leurs propres entreprises ne peuvent pas répondre aux appels d'offre en France.

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L'exemple d'Air France

La création d'une « base » décentralisée d'Air France à Marseille, avant celles de Nice, Toulouse et Bordeaux est une révolution pour cette entreprise. Qui peut croire que sans l'exemple et la concurrence d'autres compagnies (Easy Jet, Ryan Air …), Air France et ses personnels se seraient remis en question, auraient négocié de nouvelles conditions de travail et ouvert depuis Marseille des vols "low-cost" vers 13 nouvelles destinations : Bâle-Mulhouse, Biarritz, Brest, Athènes, Copenhague, Düsseldorf, Eindhoven, Milan-Malpensa, Moscou, Prague, Beyrouth et Istanbul, Casablanca ?

Ce qui manque à la SNCF, ce sont des concurrents. )]

Le gouvernement dispose d'un moyen simple pour motiver le personnel de la SNCF : l'ouverture du transport ferroviaire et des lignes régulières d'autocars à la concurrence. Il n'acceptera un changement de statut que quand il sera convaincu que le choix est entre "s'adapter ou disparaître". L'objectif est d'améliorer la performance économique de notre pays grâce à des transports ferroviaires performants et de réduire à terme le niveau de subvention à la SNCF. Pour le Fret et l'International, c'est fait. Encore un effort, il ne reste plus que les traffics régionaux, inter-régionaux et nationaux de voyageurs. La méthode a marché pour Air France et pour France Telecom. Face au soutien massif des Français pour cette ouverture, qu'attend le gouvernement ?