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Premières propositions de l'UMP sur l'Éducation

L'UMP a organisé le 8 novembre une convention pour présenter et débattre de ses projets pour l'Éducation pour les élections présidentielles de 2012. La Fondation iFRAP a interrogé Mme Michèle Tabarot, députée des Alpes-Maritimes et présidente de la commission des Affaires culturelles et de l'éducation à l'Assemblée nationale, sur certaines des idées évoquées : l'évolution du statut des enseignants, l'autonomie des établissements, et la remise en cause du collège unique, avec une orientation plus précoce.

Fondation iFRAP : Nous avons établi, à la Fondation iFRAP, que si les enseignants du second degré donnaient 2 heures de cours de plus par semaine, cela permettrait l'économie de plus de 40.000 postes d'enseignants. De plus, cela permettrait de revenir dans la moyenne du temps de travail annuel des enseignants dans les pays de l'OCDE. L'UMP, dans sa convention Éducation, propose de revenir sur le statut et le temps de travail des enseignants. Cette révision des obligations de service aboutira-t-elle à une augmentation du nombre d'heures de cours à donner devant les élèves ?

Michèle Tabarot : A travers la réflexion sur la révision du statut des enseignants, nous voulons d'abord renforcer la présence des professeurs au sein de l'établissement notamment pour l'accompagnement des élèves. C'est un élément qui nous semble essentiel pour favoriser la réussite de tous par plus de tutorat et d'aide individualisée.

Les 30 propositions de la Convention UMP sur l'Education

Aujourd'hui nous sommes en phase de réflexion. Si notre candidat décide de faire sienne cette proposition, alors la concertation sera très importante pour parvenir à cette réforme des obligations de service. Ces dernières doivent mieux intégrer la personnalisation de l'éducation ainsi que le temps de présence de l'enseignant auprès de ses élèves.

Fondation iFRAP : Vous proposez également de donner plus d'autonomie aux établissements du second degré mais aussi du primaire. Pour la Fondation iFRAP, cette autonomie doit passer par le renforcement des pouvoirs du chef d'établissement en matière de recrutement des enseignants, d'évaluation pédagogique, et de maîtrise du budget y compris les salaires des enseignants (via une enveloppe budgétaire globale attribuée en fonction du nombre d'élèves). Quelles sont vos propositions en matière d'autonomie ?

Michèle Tabarot : Nous rejoignons l'avis de la fondation iFRAP concernant le renforcement nécessaire des responsabilités du chef d'établissement.

Nous proposons que, dans un cadre national avec l'État qui restera évidemment le garant du programme et des diplômes, le directeur d'établissement puisse avoir une marge de manœuvre bien plus grande pour que l'équipe pédagogique puisse s'adapter au profil des élèves et aux réalités locales.

Cette autonomie pourra concerner l'approfondissement, l'organisation du travail des enseignants, l'aménagement des horaires des élèves... Le chef d'établissement pourrait aussi être responsable du recrutement de ses équipes.

Nous voulons faire davantage confiance aux responsables sur le terrain. Dans le cadre de mes fonctions parlementaires, j'ai pu voir à l'étranger les bienfaits d'une pédagogie qui sait s'adapter à l'élève et au contexte local.

Fondation iFRAP : Peut-on selon vous envisager, à l'image de ce qui se fait à l'étranger (charter schools, free schools), de déléguer la gestion des établissements à d'autres acteurs que l'Éducation nationale, mais avec des budgets publics ?

Michèle Tabarot : Je regarde avec beaucoup d'attention les initiatives prises à l'étranger en matière d'éducation, en particulier tout ce qui, à l'image des free schools, permet une plus grande implication des parents dans la scolarité de leur enfant et dans l'organisation de l'école.

La responsabilisation des parents est pour nous un élément clé car ils sont acteurs à part entière de la réussite éducative.

Pour autant, ces modèles de free schools ont été créés dans des pays avec des organisations très différentes de la nôtre. En Angleterre par exemple il s'agit de pallier la difficulté de trouver des places d'école et le coût de l'éducation.

Le système éducatif français est différent. Nous n'avons pas les mêmes spécificités, notre école est accessible et permet d'accueillir tous les enfants dans de bonnes conditions. A mon sens, nous devrons emprunter d'autres voies pour améliorer la performance de notre éducation nationale.

Nous restons donc très attachés à cette école républicaine qui permet à chacun d'acquérir un savoir, une qualification et de préparer son avenir.

Fondation iFRAP : La convention UMP remet en cause le collège unique en proposant une orientation plus précoce. Se dirige-t-on vers un modèle à l'allemande, et notamment un renforcement de l'apprentissage pour permettre une meilleure insertion des jeunes sur le marché du travail ?

Michèle Tabarot : Notre idée, défendue notamment par Jean-François Copé, est de mieux tenir compte des nouveaux besoins des collégiens. Nous voulons diversifier les voies et permettre à chacun de pouvoir, dès l'âge de 14 ans, s'orienter vers sa voie de réussite.

Bien sûr, ce choix ne serait pas irrémédiable, les collégiens pourront toujours changer de voie.

Nous proposons, par exemple, d'expérimenter des classes « métiers-études » sur le modèle des « sports-études ». On pourrait ainsi dès 14 ans découvrir le monde professionnel.

Effectivement cela concourt à un désir de favoriser une meilleure insertion professionnelle des jeunes. Cette préoccupation a été très présente dans notre convention sur l'éducation.