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Chômage : 3,4 millions de personnes en catégorie A

Selon les chiffres de France Travail et de la DARES au T1 2025

Les chiffres du chômage du premier trimestre de 2025 révélés par France Travail et la DARES montrent que la catégorie A regroupant les personnes sans-emploi à la recherche d’une activité, a fait un bond de 8,7 % sur le trimestre et 12,8 % par rapport au T1 2024. Ils sont désormais 3,408 millions. Cette hausse est en grande partie due à la loi Plein-emploi incluant la réforme du RSA. Depuis le 1er janvier 2025, tous les bénéficiaires de cette aide sont automatiquement inscrits à France Travail. De plus, les nouveaux inscrits sont désormais comptabilisés en catégorie A jusqu'à la signature de leur contrat d'engagement. Selon l'OFCE, la moitié de l'augmentation en catégorie A est due à la réforme du RSA, « près de 40 % aux nouvelles règles d’actualisation » et « un peu moins de 10 % à la dégradation du marché du travail. »[1] Si l'on neutralise les effets de la réforme, on obtient une hausse de 0,8 % pour la catégorie A et de 1,3 % pour l’ensemble des catégories A, B et C. Par ailleurs, deux nouvelles catégories ont été créées. La F pour les personnes les plus éloignées de l'emploi et la G pour les allocataires du RSA n'ayant pas encore bénéficié d'un accompagnement dédié.

Tableau des chiffres du chômage en France hors Mayotte

Source : France Travail[2]

Au premier trimestre 2025, 5 738 100 personnes sont inscrites à France Travail et tenues de rechercher un emploi (catégories A, B et C). Il y a parmi elle 3 408 100 personnes qui sont sans emploi (catégorie A) et 2 330 000 qui exercent une activité réduite (catégories B, C).

De plus, 756 600 personnes sont inscrites à France Travail sans être tenues de rechercher un emploi (catégories D et E).

Par ailleurs, deux nouvelles catégories ont été créées. La F regroupe 26 600 personnes (les plus éloignées de l’emploi). La G englobe les 809300 demandeurs et bénéficiaires du RSA inscrits à France Travail mais pas encore accompagnés.

Des augmentations impressionnantes

Trois des cinq premières catégories ont reculé au premier trimestre de 2025. La catégorie B a perdu 2,4 % ; la C 0,4 % ; et la E 1,6 %. Le nombre d’inscrits en catégorie D a augmenté de 1,1 % au cours du T1. C’est lorsque l’on s’intéresse à la catégorie A que le résultat est le plus saisissant : + 8,7 % en un trimestre.

Si on compare le T1 2025 au T1 2024, les écarts se creusent davantage. La catégorie A croit de + 12,8 % et les catégories A, B et C, de + 6,4 %. L’augmentation de l’ensemble des catégories (A, B, C, D, E) est de + 5,6 % sur un an et + 3,9 % sur le trimestre.

La catégorie A artificiellement gonflée par la loi Plein-emploi

Outre les bénéficiaires du RSA, d’autres catégories de personnes, à l’instar des jeunes en recherche d’emploi suivis par les missions locales, sont automatiquement inscrites à France Travail depuis le 1er janvier 2025.

En plus de cela, les nouveaux inscrits restent en catégorie A jusqu’à la signature de leur contrat d’engagement. Cela gonfle artificiellement les données de cette catégorie. De plus, ils ne doivent plus s’actualiser. Ainsi, il y a moins de personnes qui sortent des chiffres du chômage pour défaut d’actualisation.

Dans un article de La Croix, Mathieu Plane, directeur adjoint du département Analyse et Prévision de l'OFCE, estime que la moitié de la hausse du nombre de personnes inscrites en catégorie A est liée à la réforme du RSA. Les nouvelles règles d'actualisation seraient responsables de 40 % de l'augmentation et « un peu moins de 10 %, à la dégradation du marché du travail. »

Quand on exclut les changements transitoires dus à la réforme (bénéficiaires du RSA et jeunes en parcours), et que l’on neutralise les effets de l’évolution des règles d’actualisation du contrat d’engagement, on obtient une augmentation des chiffres du chômage moins importante.  Le nombre d’inscrits en catégorie A évoluerait de + 0,8% au T1 2025 et Il augmenterait de + 1,3% pour les catégories A, B, C.

L’impact de la réforme du RSA

La réforme du RSA, présentée en juin 2023, a été instaurée progressivement en France : d’abord sur 18 départements au printemps 2023, puis sur 29 autres à partir de mars 2024, et enfin, sur toute la France depuis le 1er janvier 2025.

Elle comporte deux volets : 

  1. L’inscription obligatoire à France Travail.
  2. La signature d’un contrat d’engagement individualisé qui propose un plan de réinsertion professionnelle. Il engendre aussi l’obligation d’exercer une activité pendant au moins 15h par semaine.

Les 15 à 20 heures d’activité hebdomadaires n’induisent pas obligatoirement un travail en entreprise. Il peut aussi s’agir de formations (rédaction de CV, permis de conduire…) qui permettent d’acquérir des compétences facilitant l’accès à l’emploi. La participation à des activités dans le secteur associatif peut aussi entrer en ligne de compte dans le quota horaire.

Bien qu’initiée en 2023, la réforme ne s’applique à l’ensemble du territoire français que depuis janvier 2025. Les tests dans les premiers départements se sont révélés assez positifs. Ainsi, parmi les 21 300 bénéficiaires des 18 départements tests, 40 % ont accédé à un emploi dans les 5 mois et 14%, à un emploi durable[3].

Les nouvelles personnes inscrites à France Travail à la suite de cette réforme ont besoin d’un accompagnement. Ceux qui ne l’ont pas encore obtenu sont comptabilisés en catégorie F. Les départements et France Travail se donnent entre 2 et 3 ans pour orienter tous les bénéficiaires du RSA.

Concernant les sanctions prévues en cas de non-respect du contrat d’engagement, le décret initialement prévu pour janvier 2025, a été repoussé. En attendant, un document transmis par le ministère du Travail aux conseillers départementaux permet de mieux cerner les contours de ces sanctions. Le journal Le Monde, qui s’est procuré ces informations[4], évoque une suspension de l’allocation allant de 30 % à 60 %, pour une durée de 1 à 2 mois. Une récidive pourrait augmenter de 4 mois la durée de la sanction. Dans les cas les plus graves, le bénéficiaire pourrait être radié de France Travail. Il ne pourrait plus prétendre au RSA.

Des chiffres qui restent préoccupants

Malgré la loi Plein-emploi, les moins de 25 ans semblent particulièrement touchés par l’augmentation du chômage. Ainsi, pour cette tranche d’âge, le nombre moyen de demandeurs d’emploi en catégorie A croît de + 34,3 % au cours du trimestre (+ 43,3 % sur un an). Cette augmentation est moins importante pour les 25 à 49 ans (+ 5,4 % au T1 et + 9,4 % sur un an) comme pour les 50 ans ou plus (+ 2,6 % au T1 et + 4,7 % sur un an).

Le nombre moyen de sorties des catégories A, B et C pour motif de reprise d’emploi déclarée s’établit à 72 700. Il s’agit d’une baisse de - 1,9 % sur le semestre et de - 17,6 % sur un an. L’arrêt de recherche (maternité, maladie, retraite) a quant à lui augmenté de 0,9 % sur le trimestre.


 


 

[1] Chômage : la réforme fait gonfler le nombre de demandeurs d’emploi de 12,8 % sur un an, La Croix, 28/04/2025

[2] Chômage et demandeurs d'emploi, Inscrits à France Travail au 1er trimestre 2025, France Travail, 04/2025

[3] RSA conditionné à 15h d’activité : découvrez si votre département fait partie des 29 nouveaux territoires concernés, Previssima, 05/03/2024

[4] RSA : le gouvernement envisage une suspension de 30 % à 100 % de l’allocation en cas de manquement, Le Monde, 20/03/2025