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Blocage des universités : une étudiante étrangère en France témoigne

De longues files d'attentes, des disputes, des cris et fouilles des documents interminables… C'est le quotidien à la Sorbonne Nouvelle Paris 3. Pendant trois semaines, l'Assemblée générale des étudiants a voté la grève. L'AG organise ses réunions tous les trois ou quatre jours avec surtout la même décision : prolonger le blocage. Les grévistes sont contre la réforme des universités introduite par le gouvernement de Sarkozy qui envisage de donner plus d'autonomie aux universités quant à leur financement et à leurs règlements intérieurs afin de satisfaire aux besoins d'adaptabilité et de dynamisme dont l'enseignement supérieur a besoin de nos jours. Mais il apparaît pourtant que personne dans ces assemblées générales n'a lu le texte de la réforme ni ne l'a analysé. Le premier argument qu'ils avancent contre cette loi : la peur de la concurrence. Cette concurrence est pourtant considérée presque unanimement comme l'un des moteurs du progrès. Or, en place du progrès, on retrouve les bâtiments bloqués avec des chaises et du scotch…

Il est par ailleurs intéressant de noter que, selon les résultats de la consultation étudiante du 29 novembre (à laquelle 2892 étudiants ont participé) la majorité (71%) a voté pour la reprise des cours, et seulement 26% contre. Toutefois, l'université est restée fermée. Que diraient les adversaires de la liberté positive (qui critiquent l'oppression exercée par les majorités) à propos de cette oppression exercée par les minorités ? Et où est la démocratie véritable qui se base sur la volonté du public ? Quelques professeurs organisent leurs cours par Internet ou dans les cafés comme les dissidents politiques sous d'autres régimes (et ils les sont aux yeux des grévistes)…

C'est vrai que les minorités doivent avoir le moyen d'exprimer leurs vues (sans pour autant porter atteinte aux libertés des majorités). Ils pourraient organiser des manifestations, présenter une pétition ou négocier avec les responsables... Surtout, le blocage des universités ne fera de tort à personne d'autre qu'aux étudiants eux-mêmes. La formation supérieure en France n'est déjà pas particulièrement brillante par rapport aux autres pays de l'Europe (la première université française est seulement 7 ème en Europe, et la deuxième n'est que 16 ème parmi ses homologues européennes [1]. Par conséquent, le blocage ne rendra service à personne.

[1] selon le classement international de l'Université de Shangaï.