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Rémunération des patrons : entre démagogie et raison

La démagogie, c'est lorsque l'on montre du doigt le cas de Dexia (d'ailleurs société belge) : son ancien Président Axel Miller a renoncé à son parachute doré de plus de 3 millions d'euros, mais il n'y a pas de raison de critiquer son indemnité de départ d'un an de salaire (825.000 euros) conforme à la règle habituelle en Belgique.
De même pour les « bonus » versés à semble-t-il 765 cadres (moins de 10.000 euros en moyenne) de la même entreprise : il s'agit de la part variable du salaire contractuellement dû. Cette part aléatoire vient remplacer une partie fixe qui sans cela aurait été plus élevée. D'autre part, à quel titre faudrait-il que le fait de procéder à des licenciements interdise de payer la rémunération normale et contractuelle de ceux qui restent ?

L'attitude raisonnable, c'est celle de François Fillon. Interrogé sur France Inter, il a répété que l'Etat n'avait pas vocation à légiférer sur les rémunérations des dirigeants (pourquoi d'ailleurs les dirigeants et pas les autres cadres ou salariés ?), et qu'il n'était pas non plus souhaitable de créer une tranche supérieure d'imposition comme le suggèrent certains parlementaires.
Cela ne serait pas conforme à la pratique européenne et pourrait remettre en cause le bouclier fiscal.

En revanche, et c'est là une indication nouvelle apportée par le Premier Ministre, l'Etat compte intervenir pour limiter les avantages postérieurs à l'emploi et particulièrement les « retraites-chapeaux », c'est-à-dire les retraites qui garantissent un certain montant du dernier salaire. Ces retraites, intégralement payées par l'employeur, coûtent très cher à ce dernier, bien plus que les parachutes dorés, et il est parfaitement normal de chercher à les limiter dans la mesure où elles garantissent des montants déraisonnables payables jusqu'au décès du bénéficiaire.

Rappelons aussi que les parachutes ne sont que des indemnités de départ qui viennent remplacer les indemnités de licenciement versés à tous les salariés et auxquelles les dirigeants mandataires n'auraient autrement pas droit. Tout au contraire les retraites-chapeaux sont des avantages réservés aux dirigeants et dont la justification est rien moins qu'évidente.

C'est la position que l'Ifrap soutient. Bien vu Monsieur le Premier ministre.