Actualité

Les 1 579 heures annuelles du secteur non marchand tirent la durée de travail des Français vers le bas...

L’institut Rexecode vient sortir une étude qui a fait grand bruit en comparant la durée effective de travail en Europe en 2022. En 2022, la durée effective annuelle moyenne de travail d’un salarié français à temps complet se situe à 1 668 heures. Elle est la durée la plus basse juste après la Finlande. : elle est 122 heures plus basse qu’en Allemagne, 65 heures plus basse qu’en Espagne ou encore 162 heures plus basse qu’en Italie. Si ce décrochage français est assez net depuis le début des années 2000 (et l'instauration des 35 heures), il n'est pas semblable selon les secteurs. Ainsi, c'est l'industrie et le secteur non marchand (principalement la fonction publique) qui affiche les temps de travail les plus faibles : respectivement, 1 674 et 1 579 heures annuelles. Ces données concordent avec celles de la Dares qui constatait, en 2022, un temps de travail annuel moyen de 1 556 heures dans la fonction publique (en dessous des 35 heures légales d'ailleurs), 139 heures de moins que dans le privé.

A contrario, la durée effective moyenne de travail des salariés à temps partiel se situe en France au-dessus de la moyenne européenne (971 heures contre 952 heures dans l’UE, 923 heures pour un salarié à temps complet allemand, 911 heures pour un espagnol ; l’Italie se situe en tête en Europe avec 1076 heures). Le poids respectif des temps partiel et temps complet entre pays est difficile à interpréter, car il peut s’agir de choix personnels : ainsi en France, le temps partiel est subi à 26% (c’est-à-dire faute de trouver un temps plein) tandis qu’en Allemagne ce n’est que 6% des cas. Mais comme le rappelle la note, les temps partiels subis ont eu plutôt tendance à baisser partout en Europe dans un contexte de tensions de recrutement.

L’autre singularité française c’est le temps de travail des non-salariés à temps complet : la France se situe parmi les bons élèves en Europe avec la 6e place, devant les pays du nord de l’Europe.

Ces différentes composantes - plus de salariés à temps complet, mais travaillant moins que la moyenne et moins de salariés à temps partiel, mais travaillant plus que la moyenne – font que la durée moyenne du travail des salariés français est comparable à celle de l’Allemagne (idem pour la durée du travail de l’ensemble des personnes en emploi). 

La durée effective annuelle moyenne du travail de l’ensemble des personnes en emploi (y compris les non-salariés), estimée à partir de l’enquête européenne sur les Forces de travail, est de 1 604 heures en 2022 en France. Elle est inférieure à la moyenne européenne (1 679 heures), ainsi qu’à la durée moyenne en Espagne (1 674 heures) et en Italie (1 759 heures), mais supérieure à celle de l’Allemagne (1 553 heures).

Rexecode indique aussi une série de données intéressante à savoir la durée effective moyenne pour des salariés à temps complet par secteur :

Ces données rejoignent celles de la Dares, qui distingue la durée effective du travail pour les emplois à temps complet dans le secteur public qui s’élève à 1 556 heures en 2022 (1 608 hors enseignants), soit 139 heures de moins que dans le secteur privé (1 695 heures).

L’autre information que donne cette étude c’est la décomposition de l’écart entre la France et l’Allemagne à partir de la durée habituelle de travail des salariés et selon les motifs de périodes non travaillées. L’écart de 122 heures entre les deux pays représente environ 3 semaines de travail. L’écart entre les deux pays pour les absences porte principalement sur les congés (qui représentent l’équivalent 4,3 semaines par an en France contre 1,6 en Allemagne) et sur les arrêts maladie (2,1 semaines par an en France contre 1,2 en Allemagne).

Les différentes statistiques de l’étude sont riches d’enseignements :

  • D’une part, cela montre qu’il y a un vrai gisement de production supplémentaire en augmentant le temps de travail. En 2019, la Fondation IFRAP avait montré que notre PIB était inférieur de 107 Mds € par rapport à un groupe de référence de pays européens en raison de la différence de durée de travail. Si les salariés à temps complet en France avait la même durée annuelle effective de travail que les Allemands c’est 2,9 milliards d’heures supplémentaires que la France pourrait gagner

  • Le deuxième enseignement c’est sur les secteurs les plus concernés par cette différence à savoir l’industrie, mais surtout les services non-marchands : il existe un gisement de production supplémentaire de services non-marchands en remontant le temps de travail qui permettrait d’améliorer la quantité et la qualité de service sans forcément créer de postes supplémentaires. Si les salariés à temps complet des services non-marchands avaient la même durée annuelle effective que les services marchands, ce sont 980 millions d’heures supplémentaires d’activité dont la France pourrait bénéficier 

  • Dernière information, il y a deux leviers sur lesquels il est possible d’agir de façon complémentaire : à savoir la durée des congés (voir le tableau ci-dessous) et la maîtrise de l’absentéisme (voir notre dernière étude)

Jours fériés et congés

France

Suède

Belgique

Italie

Danemark

Espagne

Pays-Bas

Allemagne

Royaume-Uni

35+7*

36

30

31

34

44

29

35

28

(*) jours de congés et RTT


Annexe :