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Le livret A ballotté entre défense des épargnants et des financements sociaux

« La bataille du livret A », c'est ainsi que l'on peut résumer l'opposition sur la baisse du taux de rémunération du livret d'épargne le plus populaire des Français de 4 à 2,5%.
Rappelons que le livret A est détenu par 46 millions de Français et représente un encours de 133 milliards d'euros fin novembre 2008. Une somme astronomique qui a gonflé de près de 15% en un an à cause des turbulences sur les marchés financiers de l'automne. Il faut dire que le livret A est le symbole de l'épargne liquide sans risque dont raffolent les épargnants français. Et cela devrait se poursuivre malgré la baisse des taux annoncée puisqu'au 1er janvier 2009, il est désormais disponible dans tous les établissements bancaires.
En contrepartie des avantages qui lui sont conférés (liquidité, taux garanti, net d'impôt) les ressources du livret A servent à financer depuis toujours le logement social via des prêts à très long terme au secteur HLM.

Pourquoi la fixation du taux a-t-elle été l'objet d'un affrontement ?

D'un côté, les tenants d'une rationalité économique défendent la baisse à 2% du rendement conformément à la règle de calcul mise en place en 2003. A cette date, un comité avait édicté une règle en fonction des taux d'intérêt sur le marché monétaire et de l'inflation pour sortir des fréquents psychodrames autour de ce geste à la signification hautement politique. Dans la situation économique dans laquelle nous sommes, il paraît effectivement beaucoup plus opportun d'abaisser le coût des ressources pour aider le secteur social dont on attend qu'il relance la construction.

De l'autre côté, les défenseurs des épargnants qui ont obtenu gain de cause pour que le taux soit fixé à 2,5%. Leur objectif ? Ménager nos économies que la crise financière et les tensions économiques actuelles ont particulièrement secouées.

Mais ce n'est pas si sûr, car les épargnants français ne sont pas très enclins à investir en Bourse. Ce qu'ils préfèrent c'est justement les livrets réglementés et l'assurance-vie. Cette dernière représente tout de même 1147 milliards d'euros d'encours, et reste de préférence investie dans des contrats en euros, c'est-à-dire à rendement garanti par des placements en obligations. Avec les livrets, l'assurance-vie pourvoit largement au financement du secteur public et en premier lieu de l'Etat, plus gros émetteur obligataire.

Sans nier l'impact de la baisse des bourses mondiales sur l'esprit des épargnants, il faut tout de même admettre que les « écureuils français » ont été relativement protégés par rapport à d'autres pays. De plus, notre pays se distingue déjà par un taux d'épargne particulièrement élevé, de l'ordre de 16% du revenu disponible. La présente décision ne va donc pas les encourager à retourner vers la consommation. Ni les inciter à placer en actions, ce dont notre pays aurait pourtant besoin.

Cette bataille illustre les conséquences de la politique de l'épargne en France. Celle-ci a consisté à drainer les économies des Français vers les caisses de l'Etat depuis près de 30 ans. En ces temps de crise, la fixation du taux du livret A par l'exécutif est un exercice un peu schizophrène ...