À un an de la prochaine élection présidentielle, période au cours de laquelle le rythme des réformes tend à diminuer naturellement alors que les candidatures pour la prochaine présidence se préparent, il apparaît opportun de dresser le bilan de l’action de la présidence d’Emmanuel Macron et ce, alors qu'à l'instant T, la France est d'une certaine manière convalescente. Sous perfusion… par les milliards empruntés, par la politique de la planche à billets, notre pays souffre toujours de ses faiblesses structurelles.

La réalité, c'est qu'au cours de ce quinquennat, aucun des problèmes de la France n'a été réglé : la réforme des retraites ? Repoussée. La décentralisation ? Mise sous le tapis. La suppression de 120 000 emplois publics ? Enterrée. Pendant que les contrats aidés étaient supprimés dans le public, autant d'agents publics étaient embauchés. Rien non plus sur les suppressions de strates dans notre millefeuille administratif. Si les promesses et les projets de loi étaient parfois ambitieux, les réformes ont systématiquement été amputées ou n'ont pas abouti. Il en résulte beaucoup de demi-mesures et une certaine timidité, notamment sur la réforme du code du travail qui est finalement très anecdotique.

Un manque d'inspiration qui n'a pas été aidé par le fait que l'action d'Emmanuel Macron a vite été bouleversée par les crises successives (gilets jaunes, grèves contre la réforme des retraites, crise de la Covid). Des perturbations qui ont abouti à des volets entiers de mesures « conjoncturelles », non prévues initialement dans le projet présidentiel et qui ne constituent pas des réformes de long terme. Au final, un 1er bilan du quinquennat permet de conclure que, depuis 2017 :

  • La dette aura augmenté de +17 points de PIB d'ici 2021, soit une augmentation de 474 milliards € ;
  • Les impôts devraient baisser de -1,8 point de PIB d'ici 2021, tout en augmentant de 15,3 milliards €. Un taux 2021 à 44,4 % qui nous ramènerait à une situation pré-2012 mais qui reste sous réserve de fragiles prévisions. Pour rappel, le taux des prélèvements obligatoires était encore à 45,4 % du PIB en 2020 ;
  • Les dépenses publiques devraient augmenter de +4,8 points de PIB d'ici 2021, soit une augmentation de 189 milliards €. Un taux 2021 à 61,3 %, loin de l'objectif présidentiel de 50 % du PIB, qui ne prend pas en compte l'impact des restrictions sanitaires de 2021. Ainsi, l'objectif gouvernemental d'un taux de dépense publique 2022 à 56,7% du PIB apparait, lui, plus qu'irréaliste ;
  • Les effectifs physiques de la fonction publique ont augmenté de 87 000 postes entre 2017 et 2019, loin de l'objectif de baisse de 120 000 agents publics d'ici 2022. En conséquence, les dépenses de personnel des agents publics ont dérivé de +13 milliards € sur la période ;
  • Au niveau de l’État uniquement : la promesse était de réduire les effectifs de 50 000 postes, puis 10 000 suite au Grand Débat national. En réalité, les effectifs à temps plein auront augmenté de +1 857 agents entre 2018 et 2021 (et jusqu'à +13 545 en incluant l'année électorale, soit entre 2017 et 2021) ;
  • Le taux de chômage aura augmenté de +0,6% en 2021 mais une nouvelle baisse du chômage est attendue d'ici 2022. Néanmoins, la dette de l'Assurance chômage doit augmenter de 34,1 milliards entre 2019 et 2022. Un endettement massif que la réforme de l'Assurance chômage prévue par le Gouvernement ne pourra pas couvrir (2,26 milliards € d'économies au mieux).