La question éducative risque d’être au coeur des débats en 2022. Déjà avec l’intention affichée d’Anne Hidalgo, candidate à l’élection présidentielle, de doubler le salaire des enseignants ou encore les déclarations d’Emmanuel Macron qui, en septembre 2021, voulait expérimenter 50 établissements « laboratoires » (ou autonomes) à Marseille où les directeurs recruteraient eux-mêmes leurs effectifs (enseignants inclus). Quarante écoles de la ville ont déjà appelé à un boycott de l’expérimentation avec comme motif principal, le risque que cela « inféoderait tout au long de leur carrière les enseignants à des entretiens d’embauche ». Pourtant, ce sont bien les directeurs d’établissement qui ont permis au système éducatif de s’adapter durant la crise sanitaire et d'offrir un peu d’agilité aux établissements, le tout dans un système qui n’a pas su moduler sa gestion en fonction de la situation sanitaire locale.

Il est donc opportun de dresser un état des lieux du système scolaire en France. Premièrement, la surdépense de l’enseignement public par rapport au privé est stable. La Fondation iFRAP l’avait déjà mis en évidence en 2014, puis en 2016. Ainsi, en 2019, le surcoût du public par rapport au privé (sous et hors contrat) atteignait 29,4 milliards € ce qui représente :

  • 2.879 € de plus par élève et par an, dans le 1er degré public ;
  • 2.883 € de plus par élève et par an, dans le 2nd degré public.

Une dépense par élève et pour assurer les mêmes missions, moins élevée d'environ 30% dans le privé et qui trouve sa source, pour la moitié, dans les différences de traitement entre enseignants du public et ceux du privé. Pour le reste, cela repose sur les dépenses de fonctionnement qui sont limitées grâce à une dépense forfaitisée par élève, et au rôle de managers des directeurs d’établissement, aussi bien sur le personnel qu’au niveau de la gestion financière des établissements.

Des résultats qui doivent nous amener à revoir le bon usage de nos dépenses dédiées à l’enseignement, d’autant que la Cour des comptes concluait, déjà en 2013, que « l’Éducation nationale ne souffre pas d’un manque de moyens ou d’un nombre trop faible d’enseignants, mais d’une utilisation défaillante des moyens existants ». La Fondation iFRAP fait donc les recommandations suivantes, pour rationaliser les dépenses d’éducation de 10 milliards € tout en dégageant une enveloppe de 6 milliards € pour financer le coût des réformes et investir dans diverses priorités (rénovation, Éducation prioritaire).

  • 1er objectif : Passer à une gestion locale et forfaitisée ;
  • Régionaliser l’éducation et donner la charge de tous les établissements scolaires aux communes ;
  • Donner l’autorité hiérarchique des chefs d’établissement sur tout le personnel ;
  • Supprimer la règle du 80/20 qui limite le développement de l’enseignement privé ;
  • 2nd objectif : Aligner les conditions d’emploi des enseignants ;
  • Recruter tous les nouveaux enseignants sous un contrat de droit privé ;
  • Incorporer une part de 30 % variable de la rémunération et la soumettre aux résultats ;
  • Annualiser le temps de travail et refonder le service obligatoire.