Face à un recul de notre richesse nationale de 11% qui s'annonce comme un des plus forts que notre pays ait connu, le Premier ministre a présenté, le 3 septembre dernier un plan de relance, dénommé France Relance, qui devrait prendre le relais du plan d’urgence de près de 460 milliards dont 140 milliards d’euros de plan de soutien déclenché au printemps 2020.

Avec 100 milliards, celui-ci peut apparaître massif, surtout si on le compare au plan de relance déclenché en 2008-2009 après la crise des subprimes (24 milliards à l’époque). Mais malgré son montant inédit, il n’échappe pas à certains travers de ce genre de programmes : un risque de saupoudrage et de recyclage de mesures déjà éprouvées de politiques publiques pilotées par l’administration. À cela s'ajoute la question du "timing" puisque ce plan a été déclenché après le premier confinement mais en pleine deuxième vague. Ce plan n’en constitue pas moins un pari pour relancer l’économie française. Pari focalisé sur l’offre contrairement aux relances le plus souvent conçues par un soutien à la demande. L’offre qui doit permettre de développer la croissance potentielle de l’économie française avec pour objectif +1 point à horizon 2030 et donc un effet à long terme sur l’emploi. Un pari sur la dette, puisque le gouvernement ne veut être jugé que sur sa capacité à effacer une partie de la crise en retrouvant les fondamentaux de l’économie française de 2019 en 2022 et en effaçant la dette Covid à compter de 2025. Après avoir détaillé les mesures prévues par ce plan et le financement de cet effort, nous présentons les effets et les enseignements qu’il nous paraît nécessaire d’en tirer.
  • Les 160 000 emplois chiffrés par le Gouvernement dès 2021 ne sont pas réellement au rendez-vous et dès 2023, les créations d’emplois grâce au plan de relance faiblissent rapidement ;
  • La mesure qui crée le plus d’emplois est la baisse de la fiscalité de production avec 143 000 emplois attendus puis la mesure de soutien à la recherche et à la technologie (52 000 emplois à l’horizon 2027). Deux mesures de soutien à l’offre dont les effets se déploient progressivement mais qui assurent à long terme un supplément de PIB et d’emplois (effet sur la croissance potentielle) ;
  • Les 10 milliards d’euros annuels pour la baisse de la fiscalité de production et les 15 milliards d’euros pour la recherche et la technologie, aboutissent à la création de davantage d’emplois que les 50 milliards d’euros répartis sur les autres mesures de soutien à la demande ;
  • La croissance potentielle qui désigne la croissance économique de long terme, liée aux facteurs fondamentaux de l’économie, est durablement effondrée (chutant à 0,8%). Les effets des mesures d’offre du plan de relance permettent de la renforcer de 0,1 à 0,2 point à l’horizon 2027. Elle atteindrait alors 1% ;
  • Si les conséquences en matière de finances publiques du plan de relance sont marginales, les effets des mesures restent limités et ne parviennent pas à effacer la dette Covid.