Actualité

Emploi aux Etats-Unis : l'amende honorable de Barack Obama

Il ne fait pas de doute que l'élection de la mi-mandat aux États-Unis, qui s'est traduite par une déroute démocrate, le parti de Barack Obama, a été perdue essentiellement sur le front de l'emploi.

Juste avant l'élection, le 2 novembre, Les Echos ont fait paraître deux interviews dont les conclusions se rejoignaient sur le diagnostic. Pour Mark Zandy, chef économiste de l'organisme de recherche Moody's Economy.com, « le Président a fait une erreur en voulant s'appuyer sur la fureur populaire contre les banques et le monde du business. Il voulait sans doute faire passer la réforme des services financiers mais cela a vraiment mis les entreprises contre lui…et c'est une des raisons pour lesquelles elles n'embauchent pas ».
Pour Laurence D. Finck, patron de BlackRock, numéro un mondial de la gestion d'actifs avec 3.500 milliards de dollars d'encours, « le taux de chômage est à un niveau inacceptable. Mais je crois que les choses pourraient rapidement s'améliorer. Les entreprises américaines n'ont jamais eu autant de cash. Plus de 2.000 milliards de dollars. Il suffirait donc qu'elles l'investissent pour que l'activité reparte. Mais pour cela, il faudrait rompre avec le pessimisme ambiant, qui s'alimente notamment de la déconnexion entre l'administration Obama et le monde de l'entreprise ».

En écho à ces interviews, et dans sa conférence de presse suivant les résultats de l'élection, Barack Obama était interrogé par un journaliste lui demandant s'il allait réappuyer sur le bouton du contact avec les entreprises, afin de les pousser à investir le cash considérable dont elles disposent et à embaucher de nouveau. Le Président répondit que depuis deux ans l'administration américaine n'a pas trouvé l'équilibre entre la nécessité d'établir des règles et celle d'être «  absolument clair sur le fait quele seul chemin du succès pour l'Amérique est le succès de ses entreprises ». « Il n'y a pas de doute qu'après avoir connu la crise financière de Wall Street, les controverses autour des bonus, la bataille de la Santé, la bataille de la réforme financière, et enfin BP- vous avez eu une succession de sujets au bout desquels les entreprises ont reçu le message que, eh bien, il semble que nous n'ayons peut-être toujours fait que montrer le méchant du doigt ». Les choses allaient donc changer et le Président soulignait que la priorité dorénavant était d'encourager le développement des entreprises et de s'assurer qu'elles embauchent.

Elu il y a deux ans comme, entre autres, justicier de « Mainstreet » contre Wall Street, Obama a rencontré la malédiction de gouverner contre l'intérêt de ses électeurs en suivant leurs souhaits. Cruel retour au « business as usual » ? Pas nécessairement, et les réformes se mettent en place, forcément lentement parce que la recherche d'un consensus mondial est en cause. Mais un juste rappel de ce que ce sont les entreprises qui font l'emploi par l'investissement. En France aussi nous avons besoin de réduire le chômage. Cessons la croisade contre le système financier et bancaire, d'autant que ce ne sont pas les banques françaises qui ont entraîné le pays dans la crise.