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Relations entre employeurs et salariés : Vive les entreprises privées !

Le récent sondage TNS Sofres pour Altedia, qui a fait la une des Echos de lundi, est généralement interprété comme la preuve d'un divorce grandissant entre les entreprises et leurs dirigeants d'une part, et les salariés d'autre part. A y regarder de près, ce n'est pas l'enseignement le plus important que nous en retiendrions.

Bizarre d'abord la représentativité du panel : à peine 1.000 personnes pour un sondage national toutes professions, dont 33% sont des fonctionnaires ou assimilés, et dont 59% se déclarent politiquement à gauche ou dans l'opposition…

Amusant ou attristant, c'est selon, les réponses sur la connotation positive ou négative de certains mots présentés aux sondés. L' « entreprise privée » est plébiscitée (72%), comme l' « argent » (71%). En même temps, le mot « capitalisme », avec celui de « mondialisation », suscite le même pourcentage de réponses cette fois négatives, et les mots « libéralisme » et « profit » ne font guère mieux (respectivement 53% et 56% d'opinions négatives). On sait bien que la forme de la question est choisie pour appeler des réponses sans cohérence entre elles et quasi-pavloviennes, et qu'elles reflètent un certain matraquage médiatique, mais quand même !

Très intéressants en revanche les scores véritablement exécrables que recueille l'administration à tous propos : les mots « administration » et « nationalisation » sont connotés négativement (51% et 52%), la confiance dans les dirigeants plafonne à 30% dans l'administration contre 43% dans le privé, la Fonction Publique d'Etat ne recueille qu'un très petit 12% de sentiment de confiance, et les agents de cette même FPE ne sont que 62% à juger leur employeur solide (76% dans le privé), 43% à estimer qu'il sait s'adapter (68% dans le privé), et 26% à estimer qu'il se soucie de leur avenir (45% dans le privé). Enfin, 34% seulement des agents de la FPE estiment que l'on reconnaît leurs efforts (48% dans le privé, et 63% dans les TPE), et 63% seulement qu'ils jouissent… de la sécurité de l'emploi ! (57% globalement).

Il paraît hasardeux, comme le font certains commentaires, de corréler le malaise dans la fonction publique aux réformes engagées et à la RGPP ou la LOLF, réformes qui n'ont pas fait l'objet de questions posées aux sondés. Par ailleurs, il est intéressant de relever que ni le stress dans l'entreprise ni la sécurité de l'emploi ne paraissent constituer un souci particulier des sondés. Certains sujets ne seraient-ils pas surmédiatisés, ou encore instrumentalisés ?

Ce qui intéresse le plus, c'est de voir que ni l'administration, ni l'Etat, et notamment pas les nationalisations, ne font recette, c'est le moins qu'on puisse en dire, et ce contrairement à l'entreprise privée. A en croire le sondage par conséquent, la solution pour les Français ne consiste pas dans l'étatisation. A vrai dire, ce qui est plébiscité, c'est, comme Laurence Parisot l'a remarqué, la petite entreprise. Le succès confirmé du statut d'auto-entrepreneur va dans le même sens. Il est vrai aussi que la France est spécialisée dans les gros « machins », que ce soit par le développement de l'emploi public ou par celui des très grandes entreprises de niveau mondial dont le pays est champion en proportion de son PIB. Le regret, et ce à quoi il faut remédier, c'est l'insuffisance française en moyennes entreprises qui se développent mal. C'est aussi le sens du combat de l'iFRAP.