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Punir les plus riches ne réduit pas la pauvreté

Le modèle anti-social français

Alain Mathieu, président de l'association Contribuables Associés, publie aux éditions du Cri un petit livre d'apparence modeste, mais qui est en fait un brûlot : Le modèle anti-social français ; avec pour sous-titre « Ceux qui paient, ceux qui touchent ».

Alain Mathieu est bien connu des abonnés de Société Civile pour avoir été non seulement pendant dix ans vice-président de l'iFRAP mais aussi l'auteur ou le coauteur des dossiers de l'iFRAP les plus mémorables : celui sur la Banque de France.

C'est la même précision quasi chirurgicale qu'Alain met au service d'une analyse beaucoup plus large de notre système social pour en démonter toutes les faiblesses et les faux-semblants. Cette analyse est d'autant plus pénétrante que son auteur connaît à fond la plupart des astuces fiscales qui permettent aux riches de payer moins d'impôts… et dont la divulgation risque de ne pas lui faire que des amis. Mais les conséquences de l'effet Matthieu rappelé en exergue – « Car à tout homme qui a, l'on donnera et il aura du surplus ; mais à celui qui n'a pas, on enlèvera ce qu'il a », Matthieu 25 – s'étendent à toute une catégorie de nouveaux riches que nous avions épinglés dans Les Profiteurs de l'État (Plon 2001), les privilégiés de la fonction publique et des services publics ; les « gentils organisateurs » ont su profiter de leur position au cœur de l'État pour se servir eux-mêmes les premiers.

Il faut rappeler qu'une des chimères françaises est de croire que parce que quelqu'un est fonctionnaire (ou même syndicaliste), les positions qu'il prend sont forcément désintéressées et dictées par le sens de l'intérêt général ; les économistes du « public choice » ont montré depuis près d'un demi-siècle que c'était complètement faux et que ces populations se comportent comme toute collectivité humaine en cherchant d'abord leur intérêt propre.

Taxer les riches n'a pas diminué la pauvreté

Le lecteur intéressé trouvera dans l'ouvrage d'Alain Mathieu une synthèse assez complète et précise des différents avantages que les gentils organisateurs se sont arrogés. Le tableau de la société française est ainsi bouclé sur un constat irréfutable : à vouloir aider les pauvres, on finit par les appauvrir davantage en favorisant ceux qui se servent de la redistribution pour se servir.

Le chapitre 4 n'est pas le moins intéressant : c'est celui qui aborde les solutions. En tête, une idée simple : on n'enrichit pas les pauvres en cherchant à réduire les inégalités, c'est-à-dire en surtaxant les riches. L'auteur rappelle très justement que la commission Attali a écrit : « L'enrichissement n'est pas un scandale, seule l'est la pauvreté. » Changement d'état d'esprit qui nécessite une volonté politique plus forte, faire plus appel au bénévolat et à la générosité privée qu'à l'État, réduire bien sûr la dépense publique et pour cela reprendre une campagne chère à l'iFRAP et menée avec constance depuis 1999, celle consistant à donner à notre Parlement les moyens de pouvoir enfin contrôler la dépense publique avec un office type National Audit Office (NAO) britannique.

Tels sont les principaux axes d'une conclusion qui assure que le travail entrepris en 1990 par Contribuables Associés n'est pas près de se terminer… ni celui de l'iFRAP.