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Grève RATP : des conducteurs déjà mieux payés que leurs homologues

Face à l’inflation qui bondit, les traditionnelles grèves dans les transports pointent à nouveau le bout de leur nez. Ainsi les syndicats de la Régie autonome des transports parisiens appellent très officiellement à une grève pour réclamer une hausse des salaires. A la clé, la fermeture de 8 lignes de métro (2, 3bis, 5, 7bis, 8, 10, 11 et 12), tandis que 5 autres ne seront ouvertes qu’aux heures de pointes (3,4, 6, 7, 9 et 13). Seules les deux lignes automatisées fonctionneront normalement (la 1 et la 14). En jeu, une revalorisation de 2,7% en moyenne en 2022 proposée par la direction contre une inflation prévue à 3% pour le 1er semestre 2022. Mais les salariés de la RATP sont-ils si mal lotis ?

Une proposition de revalorisation de 2,7% ou de 0,4% ?

Premier point de discorde, l’évaluation de la revalorisation proposée. La direction avance une proposition à 2,7%, soit un niveau proche de l’inflation prévisionnelle aujourd’hui connue. Un niveau que contestent les syndicats : « Le vrai chiffre, c’est 0,4% d’augmentation pour tous. » avance Arole Lamasse, secrétaire général de l’UNSA-RATP. Or d’après la direction, la rémunération moyenne des salariés a progressé de 23,8% entre 2012 et 2021, alors que l’inflation augmentaient de +7,8%...

Des salaires globalement plus attractifs à la RATP que dans l’ensemble du secteur comparable (hors SNCF), surtout en fin de carrière

Le mécontentement des salariés est-il légitime ? Pour mieux comprendre de quoi il retourne il peut être intéressant de se plonger sur les derniers chiffres disponibles en matière de rémunération fournies par le Bilan social de la RATP pour 2020[1]. Les données sont les suivantes :

Ces rémunérations sont-elles confortables ? Pour le savoir, il faut comparer avec les salaires dans les transports de voyageur de la branche équivalente, ce qui est disponible via la publication du bilan social des transports urbains 2020 par l’UTP (l’Union des transports publics et ferroviaires) qui n’incluent pas les rémunérations de la RATP et de la SNCF[2].

 UTP - Rémunérations

A l'embauche

Après 13 mois d'ancienneté

Après 10 ans d'ancienneté

Après 25 ans d'ancienneté

Moyenne pondérée

2018

2019

2020

2018

2019

2020

2018

2019

2020

2018

2019

2020

Conducteur receveur

2 416

2 451

2 474

2 585

2 622

2 648

2 781

2 823

2 850

3 078

3 125

3 157

Ouvrier professionnel

Hautement qualifié

2 424

2 460

2 480

2 593

2 632

2 654

2 808

2 850

2 879

3 111

3 156

3 191

Secrétaire

2 322

2 355

2 375

2 485

2 520

2 541

2 697

2 737

2 768

2 992

3 032

3 062

Chef de ligne

2 928

2 967

3 000

3 133

3 174

3 210

3 374

3 420

3 459

3 762

3 813

3 856

  Note : Les rémunérations comprennent le salaire brut mensuel et les primes proratisées sur le mois.

Ces rémunérations sont constituées du salaire brut mensuel et des primes proratisées sur le mois. Pour la RATP on dispose uniquement des rémunérations brutes réelles. Les données sont les suivantes réparties en minima et maxima par type d’empoi :

 

Mini (RATP)

Maxi (Maxi RATP)

 

2018

2019

2020

2018

2019

2020

Conducteur

2 337

2 364

2 186

4 613

4 594

4 367

Opérateur Maintenance

2 076

2 063

2 094

3 626

3 690

3 516

Opérateur Tertiaire

2 486

2 520

2 104

3 322

3 343

3 144

Opérateur exploitation

2 168

2 093

2 335

3 800

3 771

3 713

Machiniste Receveur

2 266

2 195

2 203

3 950

3 967

3 943

Technicien

1 872

2 259

2 423

3 833

3 872

3 743

Maîtrise

2 767

2 758

2 774

5 025

5 028

5 036

Cadre

3 233

2 776

2 964

6 670

6 736

6 832

Encadrement supérieur

9 553

9 509

9 664

14 801

14 967

15 234

Source : Bilan social de la RATP 2020, p.36

On peut vérifier que le salaire moyen pondéré d’un conducteur/receveur de transport urbain de l’UTP représente à l’embauche 2.474 euros bruts/mois en moyenne en 2020 tandis qu’à la RATP ce salaire brut est inférieur : 2.186 euros bruts/mois (soit -11,6%). Cependant en fin de carrière, après 25 ans de service, un conducteur/receveur de l’UTP a une rémunération moyenne pondérée de 3.157 euros/mois, quand le conducteur de la RATP aura un salaire maximal de 4.367 euros (soit +38%).

Il apparaît donc que globalement, les salariés de la RATP sont nettement mieux rémunérés en fin de carrière mais relativement moins en début par rapport à celles pratiquées dans la branche d’activité comparable.

Si maintenant on consulte le site INDEED pour juger du niveau salarial des emplois proposés à la RATP, les résultats sont les suivants :

 

Brut annuel

Par rapport à la moyenne nationale

Responsable Bureau

48 280

12%

Gérant

36 917

0%

Médecin du Travail

60 343

-38%

Chef d'équipe Maintenance

32 404

-6%

Chef d'équipe

42 512

44%

Machiniste

29 027

0%

Pilote de ligne de production

48 788

81%

Responsable Atelier

49 029

43%

Responsable système d'information

48 307

16%

Spécialiste en sécurité informatique

49 029

15%

Chef de projet technique

49 611

12%

Consultant BI

49 029

20%

Chef de projet informatique

48 307

0%

Administrateur de bases de données

49 029

21%

Chef de projet Infrastructure

49 029

8%

Ingénieur Système et Réseaux

48 334

12%

Ingénieur

49 029

22%

Ingénieur Sûreté de fonctionnement

48 486

19%

Ingénieur procédés

49 029

28%

Ingénieur Sécurité

50 305

11%

Responsable Qualté

41 473

10%

Ingénieur électronique

49 752

22%

Source : INDEED, consulté le 17/02/2022 à 14h29.

Il apparaît là encore que les agents de la RATP ne sont pas à plaindre. Les postes offerts étant généralement très au-dessus des salaires du marché, hors maintenance et médecine du travail.


[1] https://www.ratp.fr/groupe-ratp/presentation-du-groupe/documents-de-reference

[2] https://www.utp.fr/system/files/Dpt_social/2021_UTP_SOC_BILAN_SOCIAL_TU_2020_EDITION_2021.pdf