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Investissements étrangers : en 2022, la France a créé moitié moins d'emplois par projet que l'Allemagne et le Royaume-Uni

Business France et le gouvernement ont communiqué les statistiques sur l’investissement étranger en France pour l’année 2022. Ils se félicitent des 1 725 projets d’investissement conclus sur cette année, tandis que le cabinet de conseil EY parle, ce mois-ci, de 1 259 projets pour la même année.

Depuis quelques années, la France, en particulier sous la communication du gouvernement “Choose France”, dont le sommet avait lieu cette semaine à Versailles, affiche un ciel bleu au niveau de l’attractivité du pays. Le pays est de plus en plus attractif, avec une hausse continue depuis presque dix ans, si l’on excepte l’année 2020 marquée par la pandémie. L’année 2021 était déjà un record, 2022 l’aura dépassée... néanmoins, avec 33 emplois créés en moyenne par projet, la France reste loin derrière l'Allemagne (53 emplois), le Royaume-Uni (58 emplois) et surtout l'Espagne (120 emplois).

Un certain nombre d’indicateurs placent la France en tête de l’attractivité en Europe. Le sommet de mai 2023 Choose France est l’occasion de faire le point sur les raisons de cette attractivité, mais aussi de se pencher sur certaines failles, qui concernent surtout l’emploi.

Des investissements plutôt dans le tertiaire, souvent d’origine américaine

Selon Business France, près de la moitié des nouveaux projets concernent le secteur tertiaire, ce qui représente 56% des emplois créés ou maintenus. Les créations d'établissements représentent environ la moitié des projets mais 29% des emplois créés ou maintenus seulement. 23% des projets concernent les sièges sociaux français ou européens. Cependant, ce ne sont que 11% des nouveaux emplois. A l’inverse, 26% des investissements sont dirigés vers les activités de production, ce qui permet de créer ou de préserver proportionnellement plus d’emplois (30%). Nos emplois industriels sont particulièrement  concernés : les extensions de sites de production déjà existants représentent 46% des projets mais les deux tiers des emplois. La politique industrielle est donc indissociable de l’attractivité internationale de la France.

Cette attractivité touche surtout les partenaires historiques : à nouveau en première position, les Américains ont lancé 280 projets en France, les Allemands 256, et les Britanniques 172. Au niveau du nombre d’emplois, le pays investisseur est une variable non négligeable : 29% des emplois recensés pour 16% des projets créés par les investisseurs des Etats-Unis, tandis que les investisseurs d’outre-Rhin sont à l’origine de 12% des emplois pour 15% des projets. Enfin, mention spéciale aux Pays-Bas, qui, avec 10% des emplois créés ou maintenus en France, sont sur le podium des créateurs étrangers d’emplois en France.

Les secteurs industriels les plus attractifs sont l’énergie/recyclage, les équipements électriques et électroniques et l’agroalimentaire, qui représentent chacun 5% des projets. A noter que le secteur de l’énergie a été très dynamique (+87%!) sur l’année 2022. Les conseils et services aux entreprises constituent 10% des projets (et quasiment un tiers des emplois), le commerce et la distribution 13%.

En tout, sur les 58 810 emplois créés ou maintenus, on a 12 057 CDI intérimaires. Tous les secteurs n’embauchent pas autant, donc le nombre d’emplois est assez important. De plus, lorsqu'on regarde les sommes investies, on a aussi des grandes disparités selon les projets d’investissement.

La question des relocalisations industrielles en France

Selon l’observatoire de l’emploi et de l’investissement Trendeo, 2022 était une année positive pour l’emploi industriel en France : 150 sites industriels ont été ouverts, pour 70 fermetures, pour des usines de plus de dix salariés (soit un solde de +80). La hausse inédite des prix de l’énergie ne conduit pas à des fermetures d’usines, mais plutôt à une réduction de la production ou des reports d’investissements. Néanmoins, 2021 était une meilleure année : 182 ouvertures, contre 59 fermetures seulement (soit un solde de +123). L’année 2021 avait également été meilleure au niveau des relocalisations (90, contre 49 en 2022). Au niveau des délocalisations, la France est à son plus bas depuis plus de dix ans (10). Si l’on prend en compte les deux dernières années, la France a plus de 200 ouvertures de sites en net.

Le gouvernement se félicite également du fait que les projets se répartissent sur le territoire national. 43% des projets d’investissements seraient réalisés dans des communes de 20 000 habitants, pour 39% des emplois. Dans l’industrie, cette tendance est encore plus nette : 74% des projets industriels seront dans ces communes, ce qui représente 71% des emplois associés.

Mais le pays peine à attirer de nouveaux projets, tandis que les extensions de sites représentent les deux tiers des décisions d'investissement. Par conséquent, les investissements étrangers génèrent moins d'emplois que dans d'autres pays. En 2022, seuls 38 100 emplois ont été créés par des entreprises étrangères, ce qui représente une baisse de 15 % par rapport à 2021, selon EY.

Il y a quelques jours, Bruno Le Maire avançait que, depuis 2021, 200 usines avaient ouvert et que 80 000 emplois avaient été créés dans l’industrie (et même 300 usines et 90 000 depuis 2017).  Il est vrai que sur les années 2021 et 2022, on arrive à un solde de cet ordre de grandeur (+203 sites industriels). Mais d’autres chiffres démontrent que la désindustrialisation continue malgré tout : entre avril 2022 et 2023, on a +60% de défaillances d’entreprises dans l’industrie (3 439 défaillances), selon la Banque de France. C’est le deuxième secteur le plus à la peine après l’hébergement et la restauration, qui culminent à 83%. Alors oui, il y a eu le Covid et la guerre en Ukraine, mais si l’on regarde l’évolution depuis 2019, on est à un chiffre qui stagne (+0,1% de défaillances). Donc la réindustrialisation promue par Choose France est certes nécessaire, mais jusqu’ici, elle est surtout là pour encaisser les chocs récents, subis par les entreprises françaises. D’ailleurs, la sortie du Covid et les prix de l’énergie se font encore ressentir : le mois le plus sanglant au niveau du cumul des défaillances sur 12 mois depuis fin 2019 est mars 2023.

Malgré tout, sur le sujet des emplois industriels, le ministre de l’Economie et des Finances a raison. Selon l’Insee, depuis la première élection d’Emmanuel Macron (T3 2017), la France a créé 89 700 emplois industriels salariés nets, et 79 000 depuis début 2021. En revanche, sur une période plus longue, on peut dire que la réindustrialisation n’en est encore qu’à l’état embryonnaire, au moins au niveau des emplois.

Nombre de défaillances d’entreprises dans l’industrie

Source : Banque de France

EY : nombre de projets et d'emplois annoncés par les investisseurs étrangers en Europe entre 2010 et 2022

Le rapport d’EY, baromètre de l’attractivité en Europe

Le récent rapport d’EY est un peu plus modeste que Business France pour l’attractivité de la France. En effet, le cabinet ne recense “que” 1 259 nouveaux projets sur l’année 2022, ce qui représente une hausse de 3% par rapport à 2021. Grâce à ces projets, la France se maintient, aussi pour EY, en tête des pays les plus attractifs en Europe. Les Allemands sont à 832 projets, les Britanniques à 929, et tous deux subissent un recul en 2022 (respectivement -1 et -6%). Et la France est également en tête concernant l’attractivité dans l’industrie manufacturière, avec 547 projets. Notons la présence de la Turquie à la deuxième place, avec 256 projets, tandis que le podium est complété par le Royaume-Uni (175).

Ensuite, on peut comparer les places fortes de l’attractivité en Europe. Ici, Paris se démarque : 326 projets en Île-de-France, contre 299 dans le Grand Londres et 277 dans le Bundesland de Rhénanie du Nord-Westphalie, qui est le poumon industriel de l’Allemagne.

Un autre indicateur permet de mesurer l’attractivité d’un pays : les IDE, investissement direct étrangers, ou IDI (pour internationaux), tel que les appelle l’OCDE. Ici, on voit que la France passé en tête du classement des pays les plus attractifs en montant des investissements, avec 42 milliards de dollars entrants en 2022, contre 34 milliards pour l’Espagne, 20 milliards pour l’Italie, 14 milliards pour le Royaume-Uni et seulement 11 milliards pour l’Allemagne, qui était pourtant première en 2021. Les IDE se divisent en quatre catégories : les IDE de création de filiale (greenfield investments), les IDE d’acquisition d’une filiale existante (brownfield investments), les IDE d’extension des capacités de production et les IDE de restructuration financière. Mais les IDE qui mettent le plus en avant l’attractivité sont souvent les greenfield investments, et la France est particulièrement en retard sur ses voisins sur ce critère, et ce pour de nombreuses raisons.

Flux d’IDE, entrant, millions de dollars US, 2018 – 2022

Source : OCDE. France (rouge), Espagne (orange), Italie (vert), Royaume-Uni (violet), Allemagne (bleu).

L’attractivité française fait face à des problèmes structurels

Derrière ces chiffres qui placent la France en tête d’à peu près tous les classements, se cache un défaut structurel de l’attractivité française, qui semble se définir par la quantité plutôt que par la qualité de ses projets. Tandis que l’attractivité française se constitue à près de deux tiers d’extensions d’anciens projets, celle de nos voisins allemand et anglais en est un parfait miroir, car chez eux, c’est l’inverse : deux tiers de nouveaux projets. Résultat, sur les projets greenfield, la France est derrière ses deux concurrents : environ 440 projets, contre 540 outre-Rhin et 650 outre-Manche.

De même, cette tendance différenciant la France de ses voisins s’illustre dans le nombre d’emplois par projet en moyenne : 33 en France, 53 en Allemagne et 58 au Royaume-Uni. Quant à l’Espagne, elle est à 120 emplois en moyenne ! EY détaille les causes de cette différence : “structure de coût élevée” et “climat social volatile”. Ce coût élevé est celui du travail : 41,8€/heure en France dans l’industrie et les services marchands, contre 39,8€ en Allemagne et 34,2€ dans le reste de la zone euro. Le cabinet de conseil incite le gouvernement à accélérer  sur des réformes d’allègement fiscaux pour les entreprises, sur le droit du travail.

La souveraineté énergétique, facteur d’attractivité n°1 dans l’industrie

EY essaie également d’anticiper l’attractivité de la France dans les années à venir. Et si l’on en croit leur sondage auprès de dirigeants d’entreprises internationaux, la volonté de s’implanter dans l'Hexagone continuera de croître. 61% d’entre eux interrogés en 2022 envisageaient de s’y installer en 2023. En 2021, ils étaient 56% à penser à s’installer en 2022 ; en 2020, ils étaient 44% à penser s’installer en France en 2021.

Quand on demande aux dirigeants ce qui rend l’industrie française attractive, la réponse la plus fréquente est sa disponibilité en énergie décarbonée, donc le nucléaire. La relance du nucléaire est donc un signal plus que positif pour nous, et surtout qui nous différencie de nos voisins qui tournent au gaz ou au charbon, et nécessaire pour compenser le déficit d’attractivité lié au coût du travail et la fiscalité.. C’est d’ailleurs ce qu’a affirmé le ministre du Commerce extérieur et de l'Attractivité Olivier Becht lors du sommet Choose France. Lors de cette rencontre entre l’exécutif français et des investisseurs étrangers, le chef de l’Etat a fait des annonces chocs : 13 milliards d’investissements après la session 2023, soit 3 milliards de plus que pour 2022. Parmi ces 28 investissements, on trouve le fabricant taïwanais de batteries ProLogium, qui va ouvrir une gigafactory à Dunkerque (5,2 milliards d’euros et 3 000 emplois), l’installateur portugais de bornes électriques Powerdot (140 millions), le recycleur chinois de batteries XTC (1,5 milliard), le spécialiste des panneaux photovoltaïques Holosolis (710 millions, 1 700 emplois près de Sarreguemines), et bien sûr la start-up italienne spécialisée dans la construction de réacteurs nucléaires modulaires Newcleo (3 milliards entre 2025 et 2030). Ces projets, qui misent sur l’ambition en termes d’industrie verte, représentent la moitié des 13 milliards annoncés. Certains grands noms de divers secteurs sont également concernés par ces annonces (Pfizer, Ikea, Mars, Continental, Nokia…). Ces 28 projets devraient créer au total, selon le gouvernement, près de 8 000 emplois. En soi, ce n’est pas énorme, mais c’est un minimum. En revanche, tous les investisseurs n’ont pas annoncé le montant investi, ni la période précise de l’implantation.

Liste des 28 investisseurs de Choose France et leurs annonces, selon le dossier de presse du sommet :

Entreprise

Domaine

Pays

Site choisi

Montant (en millions d’euros)

Nombre d’emplois

Période

ProLogium

Batteries

Taïwan

Dunkerque (62)

5 200

3 000

2025-2030

XTC

Batteries

Chine

Dunkerque (62)

1 500

1 700

2023-2026

Newcleo

Réacteurs

Royaume-Uni

Vallée du Rhône

3 000

100

2025-2030

Holosolis

Photovoltaïque

UE

Hambach (57)

710

1 700

2025-2027

Marvel Fusion

Fusion par laser

Allemagne

Paris-Saclay (91)

140

15

2023-2025

Prysmian

Câbles électriques

Italie

Gron (89)

66

60+

2023-2030

Skyborn

Eolien en mer

Allemagne

Paris et côtes atlantique, méditerranéenne et manche

nc

15-45

2023- ?

Powerdot

Bornes de recharge

Portugal

Paris

140

66

2023-2025

Iveco

Automobile (hydrogène et électrique)

Italie

Annonay (07) et Bourbon-Lancy (71)

115

nc

2023- ?

Continental

Pneus et pièces auto

Allemagne

Toulouse (31), Rambouillet (78) et 15 sites industriels

nc

500

2023-2026

Mars

Agroalimentaire

Etats-Unis

Usines (Alsace, Centre Val-de-Loire)

130

nc

2023- ?

Cargill

Agroalimentaire

Etats-Unis

Saint-Cyr-en-Val (45)

50

nc

2023- ?

Sias

Plats préparés

Corée du Sud

Wisches (67)

nc

70

2023- ?

Ingka-Ikea

Mobilier

Suède

Toulouse (31), Limay (78) et Langeron (58)

906

nc

2023-2026

Knauf

Matériel de construction

Allemagne

Illange (57)

100

50

2023- ?

Heidelberg Materials

Ciment

Allemagne

Bussac-Forêt (17)

65

nc

2023- ?

Velux

Entrées de lumière

Danemark

Marnay (70)

40 

70

2023- ?

Pfizer

Pharmaceutique

Etats-Unis

France

500-1 000

nc

2023-2026

GSK

Pharmaceutique

Royaume-Uni

Evreux (27), Mayenne (53) et Saint-Amand-les-Eaux (59)

400

100+

2023- ?

Chiesi

Pharmaceutique

Italie

La Chaussée-Saint-Victor (41)

60

40

2023- ?

Roche

Pharmaceutique

Suisse

France

12

nc

2023- ?

Sapio

Gaz industriels et médicaux

Italie

France

200

100

2023- ?

Nokia

Télécoms

Finlande

Paris-Saclay (91) et Lannion (22)

nc

500

2023-2031

Palantir

Big data

Etats-Unis

Paris

nc

30

2023- ?

Accenture

Conseil en tech

Irlande

Brest (29)

nc

500

2023-2026

Morgan Stanley

Banque

Etats-Unis

Paris

nc

200

2023-2025

Sivop

Cosmétique

Côte d’Ivoire

Honfleur (14)

3

22

2023- ?

Manpower

Intérim

Etats-Unis

France

nc

*

 

TOTAL

 

 

 

13 337 (minimum)

8 308 (minimum)

 

*Selon le communiqué de Choose France, “Manpower prévoit de recruter cette année en France 15 000 CDI intérimaires, 500 emplois francs pour favoriser l’employabilité des personnes issues des quartiers prioritaires, ainsi que 3 000 alternants”. Néanmoins, ces 18 500 postes ne sont pas comptabilisés dans les emplois créés à l’issue du sommet 2023.

Vers une croissance sans emploi ? La question du modèle industriel

On s’orienterait donc vers une industrialisation pauvre en emplois. Au profit de la robotisation ? Parmi les pays développés à économie de marché, on trouve quatre grands schémas :

  • Les pays industrialisés en voie de robotisation, qui se tournent vers de la production à forte valeur ajoutée (pays du nord de l’Europe, d’Amérique du Nord, d’Asie de l’Est…) ;
  • Les pays industrialisés reposant sur une main d'œuvre nombreuse, avec une automatisation relativement faible (Europe de l’Est, Asie du Sud-Est…) ;
  • Les pays dont la production est spécialisée et reposant sur l’exportation de matières premières (Norvège, Islande, Australie…) ;
  • Les pays post-industriels qui assument la forte tertiarisation de l’économie (Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande, Israël...).

Au vu de la part de l'industrie manufacturière dans notre PIB (6,7% en 2021), la France se rangerait plutôt dans la dernière catégorie. Mais justement, il semblerait qu’on cherche à sortir de cette situation. Mais pour quel modèle ?

Visiblement, l’industrie française est encore loin d’une industrie à la pointe de l’automatisation. La France a un taux de robotisation assez proche de la moyenne mondiale, 163 robots dans l’industrie manufacturière pour 10 000 employés (141 dans le monde) en 2021, alors que les Allemands sont à 397, les Américains à 274, les Suisses à 240 et les Italiens à 217, sans même parler des pays d’Asie de l’Est (la Corée du Sud est à 1 000). Et la France a une économie trop diversifiée pour suivre le modèle norvégien.

Il semblerait que l’industrie française ait du mal à se positionner, à trouver son modèle industriel pour se démarquer de ses voisins. C’est pourquoi un grand nombre d’investisseurs se tourne vers la France plutôt pour sa compétitivité hors-coût et ses savoirs, donc principalement en recherche et développement (R&D) : selon EY, la France est leader dans ce secteur, avec 144 projets, contre 127 outre-Manche et seulement 52 outre-Rhin. Choose France avance même une hausse de 23% de ces projets en 2022 par rapport à 2021 (et de 53% pour les emplois créés associés), tandis que EY est bien plus prudent, avec 8% sur la même période. En outre, chez les entreprises séduites par Choose France, plus d’un tiers a d’ores et déjà annoncé vouloir augmenter ses capacités de R&D dans l’Hexagone.

En bref, les entreprises présentes au sommet Choose France 2023 espère créer plus de 8 000 emplois, à l’aide des plus de 13 milliards qui devraient être injectés dans l’économie française. A plus long terme, ces chiffres pourraient être encore supérieurs, car beaucoup de groupes n’ont pas communiqué sur le nombre d’emplois ni sur la somme de leurs investissements dans l’Hexagone. Néanmoins, pour une bonne partie d’entre eux, les emplois créés seront surtout ceux d’ingénieurs, quand on sait qu’ils cherchent surtout à produire de manière plus “propre” en s’installant en France. Cela illustre parfaitement l’analyse d’EY : la France est attractive pour certains groupes industriels principalement pour son énergie décarbonée et ses ambitions dans l’industrie verte, et beaucoup moins pour la main-d'œuvre. Or, la réindustrialisation est attendue par les Français aussi pour la création d’emplois qu’elle devrait entraîner. En février 2022, l’Ifop et l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) avaient publié un sondage : 93% des interrogés pensent que la réindustrialisation devrait aller de pair avec “une augmentation de l’activité économique, de concert avec l’idée de créations d’emplois, notamment pour les jeunes, entraînant une baisse du chômage”.