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Elus locaux : le coût de la communication

Les élus locaux multiplient les dépenses de communication. Le phénomène n'est pas nouveau et les abus sont connus mais pour l'instant le législateur n'a rien fait pour limiter ces dérives.

Dans une tribune publiée le 3 novembre 2010 dans le Figaro, Franck Louvrier, conseiller en communication du Président de la République, dénonce l'explosion des dépenses de communication des régions. Il pointe la multiplication « de magazines, tracts, affiches, encarts dans la presse ». La comparaison qu'il fait est impressionnante : « Le budget de communication d'une région de quelques millions d'habitants est bien souvent supérieur aux sommes consacrées par le Service de communication du gouvernement qui s'adresse pourtant à plus de 63 millions de Français ».

Cette question de l'augmentation des frais de communication n'est pas nouvelle : dès 2005 Hervé Mariton relevait dans un rapport « une évolution impressionnante des dépenses de communication, de réception et de représentation des régions avec une hausse s'échelonnant de + 2% dans le Limousin à + 176% en Bourgogne ». Le député dénonçait notamment le manque de clarté des budgets régionaux quant aux sommes consacrées à la communication. « Communiquer, certes, mais pas sur la communication » disait-il justement. Et pour cause, les dépenses de communication sont ventilées dans plusieurs rubriques du budget : « action économique », « service généraux des administrations », « interventions sociales », « santé », « social »…

Deux propositions ont donc été avancées : en 2008, Pierre Morel-A-L'Huissier proposait intelligemment de limiter les dépenses annuelles de communication des collectivités territoriales à 0,3% du budget global. En 2009, un rapport parlementaire avançait l'idée de taxer les dépenses de communication des collectivités locales, le rendement d'une telle taxe étant affecté à la CADES et à la réduction de la dette sociale. Le renforcement des pouvoirs des chambres régionales des comptes est également une idée avancée. Ces différentes propositions sont restées lettre morte. Elles n'ont donc pas pu brider les dépenses notamment en Île-de-France : son président, Jean-Paul Huchon s'est révélé un formidable rédacteur-en-chef en éditant à plus de 4 millions d'exemplaires son superbe magazine tout en couleur ventant l'action du conseil régional. En 2010, ce sont près de 15 millions d'euros que la région Île-de-France consacre à sa communication. Une limitation des dépenses de communication aurait pu également éviter à la région Provence-Alpes-Côte d'Azur de supporter les 219.576 euros de la « lettre ouverte » au chef de l'État de Michel Vauzelle (PS) publiée en pleine page, le 28 mars 2008, dans les quotidiens La Provence, le Figaro, le Monde, Libération, La Marseillaise, Nice et Var Matin, Le Dauphiné Libéré [1]… Plus récemment, à l'approche des élections cantonales, c'est le département du Val d'Oise qui diffusait une affiche publicitaire dénonçant la réforme territoriale

Dans la majorité ou l'opposition, les exemples de dérives sont légion. « La proposition de taxation des dépenses de communication, au plan technique comme en opportunité, pourra utilement être débattue lors de l'examen du projet de loi de réforme territoriale » affirmait en juin le ministre de l'Intérieur. Cela n'a pas encore été évoqué et le sujet ne semble plus d'actualité. Mais il pourrait le redevenir avec les prochaines échéances électorales.

[1] Cf. L'Observatoire des subventions.