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Primaire de la gauche : ce qu'ils proposent en matière de Santé

Quels sont les enjeux en matière de santé ? La Fondation iFRAP en soulève 3 principaux : baisser les dépenses, ouvrir l'assurance maladie au premier euro à la concurrence et rendre les hôpitaux publics autonomes en alignant leur statut sur celui des hôpitaux privés (fondations, mutualistes). Ce sont les principales réformes que la prochaine majorité devra mettre en place pour refonder notre système de santé : des enjeux que peu des candidats de la primaire de la gauche abordent, qui se penchent plutôt sur la question de la rémunération des médecins, des remboursements et des déserts médicaux.  

Jean-Luc Bennahmias  

  • Le candidat propose des dispensaires, ouverts 24 heures sur 24, pour traiter les problèmes courants de la vie qui ne sont pas des urgences vitales, notamment les poussées de fièvres infantiles, qui doivent être ouverts de façon systématique dans les grandes agglomérations ;
  • Une revalorisation des revenus des professions médicales, spécialement à l’hôpital public : « Orthophonistes, infirmiers, aides-soignants, sont aujourd’hui maintenus dans des revenus qui ne sont pas à la hauteur de leurs qualifications, ni du service rendu » ;
  • La reconnaissance des médecines différentes, comme la médecine chinoise ou les ostéopathes, par exemple, permettra de répondre plus efficacement aux demandes de soins de nos concitoyens, tout en encadrant de façon plus efficace leur pratique.

Benoit Hamon 

  • Lutte contre les déserts médicaux en retirant le conventionnement aux médecins qui s’installent en zone surdotée ;
  • Ouvrir des centres d’accueil du Planning Familial dans toute la France pour donner à chaque femme le droit effectif de s’informer et de disposer de son corps ;
  • Encourager le développement de maisons de santé pluridisciplinaires rassemblant des médecins libéraux, appuyés par une société de services pour les fonctions support.

Arnaud Montebourg    

 

  • Lutte contre les déserts médicaux, avec notamment l'instalation d'un "oasis médical" dans chaque désert médical : « Je propose que l’on salarie des médecins et que la Sécurité sociale crée des dispensaires publics en complément des maisons de santé déjà existantes lorsque les délais de prise en charge des patients sont trop longs. »  Mais aussi par la création de maisons de santé, centres de santé et nouveaux dispensaires et aussi en accélérant les transferts de compétence vers les autres professionnels bien formés pour le faire. Pour cela il s’agira d’être plus volontaire sur l’intégration dans le processus de Bologne « Licence Master Doctorat ». Pour un coût de 500 millions d'euros ;
  • Etablir un plafonnement légal des tarifs des actes prothétiques et des soins les plus courants ;
  • Création de 5.000 postes dans la fonction publique hospitalière par an (pour 300 millions d'euros par an) ;
  • Après les premières avancées de la loi d’adaptation de la société au vieillissement, il nous faudra aller plus loin avec des dispositifs plus simples : "je créerai une allocation unique, une super APA, qui permettra de diminuer le reste-à-charge, en maison de retraite comme à domicile, en fonction de la situation financière de la personne âgée".

 

Vincent Peillon              

  • Pour lutter contre les déserts médicaux liés à la diminution du nombre de médecins généralistes, il conviendra de poursuivre l’installation des maisons de santé, d’inciter les 20.000 médecins remplaçants à exercer dans ces zones par des exonérations de cotisations et d’impôts, et de permettre le développement de la télémédecine par un financement adéquat ;
  • Pour rendre à l’hôpital public ses capacités, « nous ferons évoluer la part des dépenses allouées à l’hôpital et l’indexerons sur l’augmentation naturelle des dépenses de santé » ;
  • Consolider et étendre le tiers payant.

Sylvia Pinel       

  • Renforcer les mécanismes incitatifs pour l'implantation de médecins dans les territoires sous-dotés ;
  • Imposer des stages obligatoires dans les déserts médicaux au titre du cursus d'études médicales.

François de Rugy            

  • Afin d’assurer une présence de professionnels de santé dans les zones souffrant d’absence de médecins, un master médical ouvert aux professionnels de santé ayant au moins dix ans d'expérience sera créé. En contrepartie de la prise en charge financière des études par l’Etat, obligation sera faite aux diplômés de s’installer sur des territoires où des départs à la retraite de médecins non-remplacés sont enregistrés ;
  • Sur la base du volontariat, les Français pourront signer un contrat de santé avec leur médecin généraliste et leur mutuelle, qui leur garantira un suivi régulier et personnalisé pour améliorer la prévention et une limitation des coûts des soins. Les mutuelles verront leur rôle et leurs capacités d'intervention renforcés pour l'offre de soins.

Manuel Valls   

  • Un grand plan de la médecine de proximité avec les soignants et les patients, et formation de plus de médecins, c’est-à-dire en revenant sur le numerus clausus dans les études médicales ;
  • Renforcer et faciliter l’accès aux soins primaires, accompagner plus encore le virage ambulatoire et  limiter au maximum l’hôpital aux cas les plus complexes. Cette proposition vise à simplifier la charge administrative des acteurs de la santé et permettra de garantir leur indépendance vis-à-vis des complémentaires santé ;
  • En finir avec les dépassements d’honoraires en secteur II conventionné, en proposant une convergence tarifaire progressive vers un tarif unique et opposable ;
  • Rembourser à 100%, c’est-à-dire sans ticket modérateur, un ensemble de soins de ville ;
  • Faire de la qualité de vie au travail un des chantiers prioritaires de l’hôpital public pendant le prochain quinquennat.

Que peut-on en conclure ?

La lutte contre les « déserts médicaux » est une problématique développée par 5 des candidats à la primaire de la gauche. Ces « déserts médicaux » existent dans des campagnes isolées même si peu d'endroits en France sont à plus de 30 minutes d'une agglomération, mais aussi dans des banlieues difficiles, et aussi sous forme de délais d’attente pour certaines spécialités.

Parmi les propositions, la contrainte d’installation est à proscrire, et les maisons de santé ne seront efficaces que s’il s’agit d'un projet entrepreneurial, pas d'une administration. 

Le médecin de famille mythique, omniscient et disponible 24/24, 7/7, appartient au passé. Il est donc regrettable que les candidats ne proposent rien sur la télémédecine, à l’exception de François de Rugy ou sur un nouveau partage des tâches entre professions médicales, rien non plus sur le dossier médical électronique indispensable entre professionnels, ni sur la réforme des études médicales et surtout, rien pour supprimer les obstacles qui poussent les jeunes médecins à attendre 34,1 ans pour s’installer. Alors que les candidats à la présidentielle se sont (un peu plus) penchés sur ces questions, le vainqueur de la primaire de la gauche devrait, lui aussi, plancher sur une réforme réaliste de notre système de santé.