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Livre : l'avenir c’est demain

Quelles ruptures sont nécessaires ?

Dans la période actuelle, le temps court a une forte tendance à prendre le dessus sur le temps long, avec cette impression constante que tout s’accélère. Le temps médiatique nous ramène même sur du temps ultracourt : l’immédiateté. Un phénomène amplifié alors que nous entrons dans une année d’élection présidentielle. Face à ce constat, une association de chefs d’entreprise, le CERA, a profité de l’occasion de son 15e anniversaire pour solliciter un certain nombre de personnalités connues et reconnues pour réfléchir sur le temps long dans son dernier ouvrage, L’avenir c’est demain.

 

L'objectif de cet ouvrage est de ramener du "temps long", afin d’envisager avec recul les mutations ou ruptures nécessaires pour l'avenir de notre pays et de la planète. Sur plus d’une cinquantaine d’experts sollicités, il s’en est trouvé 27 pour répondre favorablement à l’appel dont Laurent Joffrin, directeur de la rédaction du journal Libération, qui signe la préface et invite à ne pas donner tout pouvoir à ceux qui ont une vision pessimiste des réalités, d’autant plus que la France a de nombreux atouts : "dépassons nos peurs et mettons-nous en mode projet", nous dit-il en substance. Une dizaine de dessins « clins d’œil » de Xavier Gorce ponctuent également l’ouvrage.

  • Dans la partie « Apprendre, éduquer, se former », plusieurs auteurs imaginent un système éducatif au service de la société et de l’épanouissement des jeunes, un système pacifié et remarqué sur le plan international. Certains auteurs proposent des solutions très concrètes, comme par exemple une révision du statut des enseignants et des établissements, pour remettre au cœur du système de l’humain, du travail collectif, de la pédagogie, de la créativité... L’un des contributeurs, Hervé Serieyx, pense que les nécessaires changements ne pourront être envisagés que suite à un évènement traumatisant qui nous obligera à regarder en face la nécessité des changements à faire ! Un autre contributeur, Idriss J. Aberkane, nous propose le concept d’"éducation ergonomique", pour faire face à « la croissance exponentielle de la connaissance mondiale » qui double tous les 7 à 9 ans !
  • Dans la partie « Être citoyen, entreprendre », plusieurs auteurs proposent des solutions concrètes pour que la France en 2035 ne soit plus endettée et que l’Etat pèse moins sur l’économie. : des solutions parfois proches, parfois différentes, permettant d’alimenter le débat. Agnès Verdier-Molinié, directeur de la Fondation iFRAP, apporte sa contribution dans un article dont le titre résume son ambition : « 2035 : la France enfin au service des Français ? » La contribution de Gaëlle Bohé sur la nécessité de ramener de la bienveillance et de l’altérité à tous les niveaux de la vie sociale est une belle respiration dans ce livre.
  • Dans la partie « Se nourrir », parmi les contributeurs, on trouve l’ancien président de la FAO Luc Guyau qui présente une vision originale de la planète en 2035, sur des sujets tels que l’eau, le climat, la terre, le gaspillage, la gouvernance mondiale… Dans sa contribution, il n’oublie pas de faire aussi des propositions directement opérationnelles telles que nous inviter à formaliser un « statut de l’élu mettant tout le monde au même rang : les fonctionnaires doivent démissionner de leur poste quand ils sont élus et le statut permet à des chefs d’entreprise d’avoir une assurance de remplacement pour retourner dans leur entreprise (…) Obliger tous les candidats aux élections nationales et européennes d’avoir exercé une activité professionnelle "hors des cabinets" aura un impact réel sur la représentation de la "vraie vie" assurant un rapprochement entre les élus et les citoyens. » Une bonne manière d’amener du renouvellement dans la vie politique de notre pays !
  • Dans la partie « Vivre ensemble », on trouve entre autres des propositions radicales pour revoir la formation de nos magistrats (article du juge Éric de Montgolfier sur la nécessité d’une formation professionnalisante de nos juges), une réflexion philosophique d’Emmanuel Jaffelin sur la prison, qui pour lui n’est pas une punition (il nous invite à réfléchir comment punir autrement, ce qui résoudrait de fait l’engorgement de nos prisons), des propositions opérationnelles sur la sécurité (une des propositions de Philippe Le Gorjus, ancien commandant du GIGN, est actuellement en train d’être mise en place en partie par le gouvernement), etc.
  • Dans la partie « Se connecter », Pascal Perri, entre autres, nous parle de l’ « homme augmenté », Hervé Pillaud évoque la révolution actuelle et à venir du fait de la place grandissante de l’informatique dans le monde agricole ;
  • Enfin, dans la partie «S'ouvrir au monde », on trouve en particulier un article d’Alexandre Adler sur la « ré-urbanisation du monde » et un article passionnant de Max-Jean Zins : à partir de sa vision de l’Inde, dont il est un expert incontournable, il nous amène à faire un tour géopolitique de toute la planète.

Robert STAHL, co-directeur de l’ouvrage et contributeur