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Obama consacre le rôle des Business Angels dans la création d'emplois

L'Amérique étant confrontée à l'un des pires chômages de son histoire, il est remarquable de voir le Président Obama signer une nouvelle loi fédérale, le « Small Business Jobs Act » exemptant les Business Angels de toute imposition sur les plus-values pour les investissements dans les entreprises de moins de 50 millions de $ de capital, effectués dans les prochains mois. C'est ce que vient de rapporter une note de l'Ambassade de France à Washington [1].

Encore plus remarquables sont les attendus de ce texte de loi qui mettent en pleine clarté un certain nombre de faits dont nous n'arrivons pas à prendre conscience en France.

Le premier est que sous l'influence des travaux accomplis par les chercheurs du Census Bureau et autres organismes qui travaillent sur la démographie des entreprises, l'opinion publique et le Président américain sont maintenant convaincus que l'emploi se crée non dans les entreprises existantes mais dans celles qui naissent.

Ainsi, les créations d'entreprises (on ne compte que celles naissant avec au moins 1 salarié) auraient fait naître chaque année, dans les années antérieures à la crise, des emplois représentant environ 3% de l'emploi marchand existant soit 3,6 millions d'emplois alors que les entreprises nées antérieurement perdent simultanément 1,2% des emplois, laissant un solde net annuel de 1,8% soit environ 2,2 millions d'emplois supplémentaires.

Ce nouveau paradigme conduit à considérer que seules les créations d'entreprises sont créatrices d'emploi. Déjà, nous savions que les grandes entreprises et même toutes les entreprises au-dessus d'une cinquantaine de salariés perdent en moyenne des emplois (ce qui est le cas des entreprises françaises comme les ETI). Cette donnée économique était connue depuis la fin des années 70 après les travaux de David Birch du MIT. Mais cette découverte va un pas plus loin en montrant que quelle que soit la taille des entreprises, elles perdent toutes en moyenne des emplois et que seules les créations d'entreprises peuvent remédier à cette attrition.

L'autre remarquable reconnaissance par le Président Obama est l'importance, dans ces créations d'entreprises, de leur financement par les Business Angels, lesquels interviendraient dans 97% des entreprises en phase précoce, pour un montant total légèrement supérieur à celui du capital-risque.

Ceci devrait nous faire réfléchir car les premiers résultats des recherches effectuées par l'IRDEME [2] semblent montrer qu'en France comme aux USA, les entreprises déjà créées perdent en moyenne des emplois et que les créations d'entreprises qui seraient seules à nous permettre d'augmenter les emplois marchands sont deux fois moins nombreuses que chez les 3 A (Allemagne, Angleterre, Amérique-USA) avec un nombre d'emplois par entreprise créée deux fois plus faible, soit 125.000 emplois créés au lieu de 500.000.

Si ces chiffres se confirment, ce sont toutes les incitations fiscales au financement de nos créations d'entreprise par les contribuables, personnes physiques, qu'il faut revoir et particulièrement les financements au-delà de 100.000€ puisque plus de la moitié des investissements par les Business Angels américains s'opère déjà par paquets de plus de 100.000$ alors que nous sommes très loin derrière et que la nouvelle loi ne fait qu'ajouter à notre retard.

[1] BE Etats Unis 224 du 29/10/2010

[2] Institut de Recherche sur la Démographie des Entreprises créé par l'iFRAP en 2005.